Questions à Abou Daredare, secrétaire à la communication d’Ansar Eddine

Carte du Mali
carte du Mali

De nationalité Tunisienne, Abou Daredare est le secrétaire à la communication d’Ansar Eddine. Il nous a accordé cette interview le 4 août 2012 à Gao.

 

 

Baba Traoré : Quelle est votre revendication ?

Abou Daredare : Nous voulons l’application de la charia sur tout le territoire du Mali. Nous ne sommes pas pour la création d’un nouvel état ni d’un état ethnique. Ne dit-on pas que « la diversité des couleurs fait la beauté d’un tapis ». C’est l’ensemble des communautés qui forment un État (1).

B. T. : Approuvez-vous la destruction des mausolées à Tombouctou ?

A. D. : Le coran nous recommande de faire une butte de terre de 25 cm de hauteur au-dessus d’une tombe. Si la tombe dépasse le sol de plus de 25 cm, c’est contraire à l’islam (2). Il n y a pas d’ordres qui ont été donnés mais un croyant se doit d’appliquer la religion.

B. T. : Existe-t-il une structure de commandement rassemblant l’AQMI, le MUJOA et Ansar Eddine ?

A. D. : Nous n’avons pas une structure de commandement. Dans la communauté musulmane tous les hommes sont égaux. La seule différence c’est la connaissance. Celui qui en sait le plus devient le guide du groupe. Aujourd’hui, Ansar Eddine est présent dans les trois régions du nord, Kidal, Gao et Tombouctou (3).

B. T. : Pouvez-vous envisager un rapprochement avec le MNLA ?

A. D. : Quel rapprochement ? Nous n’avons même pas les mêmes objectifs! Pour nous l’espace que nous occupons sur cette terre est sans frontière. Tous les hommes sont les mêmes et égaux devant Allah le Seigneur plein de clémence.

B. T. : Est-ce que des négociations sont en cours avec les autorités maliennes?

A.D.: Le Haut conseil islamique (4) et nous échangeons régulièrement. La preuve, une délégation nationale du bureau de Bamako se rendra à Gao très prochainement. Le président du Haut conseil, El hadj Mahmoud Dicko sera à la tête de cette délégation.

B. T. : Quel rapport entretenez-vous avec le Qatar ?

A. D. : Les mêmes rapports que ceux que nous entretenons avec les pays musulmans, sur la base de la solidarité, de l’entre aide et de la promotion de la religion musulmane (5).

B. T. : Des pays occidentaux ont-ils pris contact avec vous ?

A. D. : Les contacts concernent les otages. Vous avez vu récemment les échanges de prisonniers. Cela prouve des contacts fructueux entre nous.

B. T. : Que comptez-vous faire des otages retenus par AQMI ?

A. D. : Posez la question à l’AQMI.

B. T. : Acceptez-vous rencontrer des journalistes Européens ?

A. D. : Pourquoi pas? Qu’ils soient les bienvenus. Régulièrement nous prenons leurs appels pour passer nos messages et donner notre point de vue sur des questions d’actualité.

B. T. : Reconnaissez-vous dans les prises d’otages occidentaux un moyen de guerre ?

A. D. : C’est de bonne guerre car les mêmes Occidentaux capturent nos combattants.


Notes

(1) C’est une réponse au MNLA formé de Touaregs dans une région où ils sont minoritaires.
(2) C’est une règle salafiste en opposition avec la coutume de construire des tombeaux monumentaux aux chefs religieux prestigieux.
(3) Une manière très islamiste d’admettre que pour Ansar Eddine, c’est Iyad Ag Ghali, son chef, le patron.
(4) Le Haut conseil islamique est une structu-re malienne créée à Bamako, la capitale. Elle sert d’intermédiaire entre le nord et le sud.
(5) Le Qatar a fourni des aides dans la région aux mains d’Ansar Eddine.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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