LE BALOUTCHISTAN :
UN FOYER INSURRECTIONNEL

juin 2009

Le 23 mai 2009, un touriste français était kidnappé par des irréguliers armés à Dalbadin, au Pakistan. Le 28 mai 2009, une explosion terroriste faisait vingt mort dans une mosquée chiite de Zahedan, en Iran.
Point commun de ces deux événements, ils se déroulent au Baloutchistan, entité régionale se situant à la convergence des territoires iraniens, pakistanais et afghan.

Les Baloutches forment une population d’origine nomade et parlant une langue de la branche iranienne. Peuple d’éleveurs et guerriers, refoulés des steppes asiatiques par les invasions turco-mongoles, ils ne s’installent qu’au Moyen-Âge dans ce qui deviendra le Baloutchistan, asservissant les autres populations.
La région connaîtra une brève existence étatique au XVIIIème siècle sous un khan, qui installera le centre de son pouvoir à Kalat. Au XIXème siècle, l’avancée britannique scellera son destin, le coupant principalement entre l’empire indien, au sud, et l’Iran, au nord. La partie sud suivra le destin du sous-continent, s’intégrant au Pakistan au lendemain de l’indépendance, en 1948.

Depuis, le Baloutchistan est secoué par des soubresauts séparatistes, parfois instrumentalisés par les voisins. Ainsi, pendant l’occupation soviétique en Afghanistan, Moscou soutenait une organisation indépendantiste baloutche d’orientation marxiste dans ce pays. Cette dernière s’était renforcée avec des Baloutches du Pakistan en conflit avec l’autorité de leur pays.

Dans les années 80, le général Zia, Président du Pakistan, était parvenu à calmer le jeu. Sous Moucharraf, cependant, une offensive était lancée au Baloutchistan au printemps 2006,pour donner un coup d’arrêt à l’irrédentisme. Le 26 août, au cours d’une offensive, l’armée pakistanaise tuait Nawab Akbar Bugti, chef charismatique de la guérilla baloutche, dans la grotte où il était embusqué avec ses hommes. Cette mort ne changea rien, au contraire, elle dopa le nationalisme baloutche.

Le soulèvement est plus récent en Iran. Le premier attentat, qui remonte à octobre 2000, éclata devant une mosquée chiite de Zahedan. Le second, le 14 décembre 2006, a été revendiqué par un mouvement baptisé Jondollah.

Détail important, dans un Iran où le pouvoir s’identifie au chiisme, les Baloutches sont sunnites. Le prosélytisme des ayatollahs, ajouté à la préférence dont bénéficient les chiites pour accéder aux postes de responsabilité, a doublé le conflit politique d’un affrontement religieux. Ce n’est pas un hasard si le dernier attentat a eu lieu, lui aussi, dans une mosquée chiite et entraîné, pendant plusieurs jours, de violents affrontements interconfessionnels entraînant la mort de cinq personnes.

Zahedan est devenu un sujet d’inquiétude pour le gouvernement. D’autant plus que cette ville est aussi une base arrière pour des Afghans liés aux Taliban et un lieu de transit pour les trafics, dont celui de la drogue, avec l’Afghanistan et le Pakistan voisins.

Signes de la préoccupation du pouvoir, depuis plusieurs années, l’accès à Zahedan est restreint pour les étrangers, mais aussi pour les Iraniens, et les Pasdaran sont omniprésents dans les rues. Du 19 au 21 mai dernier, dans sa base d’Abouzar, la police de la ville faisait même un exercice de reprise de contrôle de l’aéroport, se préparant à l’éventualité de sa capture par une force inamicale.

La crise du Baloutchistan s’ajoute à la talibanisation de la région pour en accroître l’instabilité.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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