Le danger des cigarettes de contrebande

novembre 2009

D’après le rapport annuel 2009 de « l'Office européen de lutte antifraude » (OLAF), 600 millions de paquets de cigarettes entrent illégalement en France chaque année. Au mois de septembre, 14 tonnes ont été saisies dans le port de Roscoff (Finistère).

Le trafic est en plein expansion : en 2008, les douanes européennes ont saisi 179 millions de paquets contre 85 en 2002. Le tabac représente 23 % des marchandises illégales saisies dans l’Union européenne.

Le marché est fort lucratif. En Ukraine, la cartouche de cigarette coûte de 3 à 5 €, contre 50 en France. Elle est revendue 30 € en moyenne, sur notre territoire. Un réseau moyen peut écouler jusqu’à 60 millions de paquets par an, pour un coût total de 75 millions d’euros, frais de corruption compris. Les profits des têtes de réseaux sont estimés à 78 millions d’euros par an.

Les cigarettes de contrebande sont fabriquées principalement aux Émirats arabes unis (56 %) et en Chine (29 %), selon les saisies de 2008. Elles sont centralisées en Ukraine et en Afrique de l’Ouest, plaques tournantes du trafic à destination de l’espace Schengen.

A l’ampleur du trafic, on comprend la prétention de nos dirigeants quand ils prétendent réduire la consommation de tabac en augmentant les prix. Procédant ainsi, c’est le trafic qu’ils renforcent.

Certes, on pourrait se réjouir de voir nos gabelous abusés. Il existe néanmoins un problème grave : la toxicité bien plus grande d’une partie des produits de la contrebande de cigarettes fabriquée par des industriels véreux.

En France, selon les estimations des douanes, plus de 20% des cigarettes saisies sont contrefaites. Les feuilles utilisées sont celles du bas du plant de tabac, normalement interdites à la consommation car très polluées par les pesticides. On trouve trois fois plus d’arsenic, 160 fois plus de goudrons et des métaux lourds dans les cigarettes fabriquées avec ce choix de matière première. En outre, des trafiquants « dopent » leurs cigarettes en les coupant avec du cannabis, des amphétamines ou en les saupoudrant de cristaux de cocaïne. Ils comptent ainsi « fidéliser » leur clientèle…

En l’état des lois européennes, le trafic de cigarettes est difficile à réprimer. En France, la revente illicite de marchandises non prohibées, d’une valeur de moins de 770 €, n’est punie que d’une amende équivalente à la valeur de la marchandise saisie. Ce n’est pas très dissuasif.

Le criminologue Xavier Raufer propose de condamner les trafiquants pour empoisonnement, au titre des articles 221-5 et 221-5-3 du Code pénal. Au lieu d’une amende, ils écoperaient ainsi de vingt ans de prison. Bien, mais l’État français, en tant que fabriquant et vendeur, serait lui-même condamnable.

En attendant, les trafiquants s’amu-sent. En mars 2009, un douanier polonais est monté dans le wagon d’un train, assurant la liaison Kiev-Berlin, sans procéder à aucun contrôle. Rejoint par une équipe d’ouvriers à un arrêt, il a prié les voyageurs de bien vouloir libérer la place... pour des raisons techniques. En experts, les ouvriers ont démonté l’intérieur du wagon, libérant des centaines de cartouches de cigarettes cachées. Puis ils se sont évanouis dans la nature avec leur butin... histoire de s’en griller une.


Patrick Cousteau

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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