ÉVA JOLY
mûre pour les Verts

février 2012

Il est facile de brocarder Éva Joly, la candidate aux présidentielles d’ « Europe Ecologie les Verts » pour son accent, qui rappelle aux plus anciens le séjour de l’armée allemande sur notre sol, ou sa proposition, l’été dernier, de supprimer le défilé du 14 Juillet. Mais derrière cette façade, qui la rendrait sympathique à force de comique, se cache une autre femme autrement plus redoutable. Il y a chez elle du Saint-Just et du Robespierre, un brasier dévorant qui
s’alimente de sa haine contre les riches.

Éva est née à Oslo, capitale de la Norvège, en 1943. Elle passe son enfance au sein d’une famille modeste, vivant dans le quartier ouvrier de Grünerlokka.

Intelligente et travailleuse, elle a aussi soif de reconnaissance. A 18 ans, elle se présente au concours de Miss Norvège où elle décroche la troisième place. Mais un esprit rebelle l’anime. Elle quitte ses parents à 20 ans et se rend à Paris. Fille au pair dans la famille d’un ophtalmologiste, Jean-Paul Joly, contre la volonté de ce dernier, en 1967, elle épouse le fils aîné, Pascal, qui est étudiant en médecine. Elle ne garde que son second prénom et Farseth Eva Gro devient ainsi Éva Joly.

Mais la jeune fille a des ambitions. Même si le temps passe, elle s’acharne à poursuivre ses études de droit, travaillant en marge comme décoratrice d’intérieur. Elle finit par obtenir sa licence et un DEA en sciences politiques. Elle décroche alors son premier emploi en tant que juriste et devient conseillère juridique à l’hôpital psychiatrique d’Étampes, non loin du domicile où elle s’est établie avec son mari.

En 1980, aspirant à de plus hautes fonctions, elle passe le concours de la magistrature. Reçue à la 30ème place, en 1981, elle est nommée substitut du procureur de la République à Orléans. Elle a 38 ans. Mais elle n’est pas satisfaite. Elle se fait muter à Évry. Cette « petite » Justice, cependant, ne lui convient pas. Elle la dit trop proche du pouvoir, trop conciliante à l’égard des puissants. Au bout de six ans, elle quitte et, en 1989, se fait intégrer au CIRI, le « Comité interministériel de restructuration industrielle », organisme chargé d’aider les entreprises en difficulté dans les zones sensibles.

Si la « fibre sociale » l’animait, elle aurait là la chance de s’épanouir. Mais elle n’y trouve que l’occasion de flatter sa vanité, se targuant d’avoir obtenu le poste de secrétaire adjointe de l’organisme sans être passée, contrairement à son prédécesseur, par l’ENA (1).

L’année 1990 va lui apporter ce qu’elle attend si ardemment. Elle parvient à se faire nommer comme juge d’instruction au pôle financier du Palais de Justice. Enfin, à ses yeux, elle peut donner sa mesure. Elle instruit contre « les grands » : Bernard Tapie et Maurice Bidermann. Elle se montre sans pitié, inflexible, partant du principe, au cours de ses interrogatoires, qu’elle a affaire à des criminels endurcis. Il faut que les têtes tombent ! A ses côtés, travaille Laurence Vichnievsky. Les deux femmes se sont trouvées. Féministes et animées par les mêmes obsessions d’extrême gauche, elles se suivront jusque chez les Verts.

Le dossier Elf va finir par donner la notoriété à Éva. Le 5 juillet 1996, elle fait incarcérer l’ancien PDG de l’entreprise devenu patron de la SNCF, Loïk Le Flok-Prigent. En 1998, elle met Roland Dumas en examen. Président du Conseil constitutionnel, il est contraint à la démission. Peu importe qu’il ait été relaxé en appel cinq ans plus tard. Elle finira par avoir la peau d’Alfred Sirven, un voyou de haut vol, certes, mais néanmoins un gentleman dans son genre.

En 2002, après avoir mis le feu au système, elle déserte. Elle se met en disponibilité de la magistrature et se replie sur son pays natal. Elle prétexte qu’elle « ne veut donner à personne les moyens et le temps de se venger ». Courageuse mais pas téméraire.
Elle devient alors conseillère auprès du gouvernement norvégien pour la lutte contre « la corruption et la délinquance financière internationale ».

En 2003, Éva rédige la « Déclaration de Paris ». Cet appel contre la corruption apparaît aussi comme une demande de renforcement du pouvoir des juges au niveau international. Signant à ses côtés, figurent les noms des juges Baltazar Garzon, Antonio Di Pietro et Juan Guzman, proches de la franco-norvégienne.

Garzon, espagnol, est passé par l’extrême-gauche. Il s’est lancé dans une enquête sur les disparitions survenues pendant la Guerre d’Espagne du fait des Franquistes, oubliant au passage les victimes du camp dit républicain.

Di Pietro, italien, est lui aussi entré en politique après s’être illustré dans la lutte contre la corruption. Quant à Guzman, comme Garzon adversaire acharné de Pinochet, il a publiquement défendu le régime communiste de Cuba.

Entre 2004 et 2006, Éva sert comme conseillère du Président malgache, Marc Ravalomanana. Là, les pistes se brouillent. Certes, Ravalomanana a combattu la corruption, endémique dans son pays. Mais, d’une part, il a pris le pouvoir avec le soutien de la rue, s’autoproclamant Président, quand, en 2002, les résultats officiels lui donnaient moins de 50% des suffrages exprimés.

D’autre part, Éva étant à ses côtés, en 2005, il a fait expulser sans donner d’explications deux journalistes, dont le correspondant de RFI, et un religieux catholique qui travaillait au soutien des plus démunis. Enfin, dans le même temps, une dizaine de paysans ont été condamnés à mort (2) pour s’être opposés à la confiscation de terres par le pouvoir. Y aurait-il un petit Pol Pot qui sommeille chez Éva ou au moins cette conviction, bien ancrée à l’extrême gauche, que l’on doit faire le bonheur du peuple à tout prix, y compris contre sa volonté ?

À partir de 2007, Éva réapparaît en France. Elle approche François Bayrou. Elle veut figurer sur la liste du MoDem aux élections européennes. Ne recevant pas une investiture correspondant à ses ambitions, elle prend ses distances et accusera Bayrou de ne pas avoir de programme.

En 2010, elle déclare son intention de se présenter aux élections présidentielles sous l’étiquette écologiste. En juillet 2011, elle obtient l’investiture du parti avec l’aide de Cohn-Bendit qui, au passage, n’a pas volé son surnom de Dany le Rouge.

Décidément, Éva nous paraît mûre pour la consommation écologiste : à l’image des pastèques, verte à l’extérieur et rouge à l’intérieur, comme d’autres l’ont dit.

 

Notes

(1) D’après le témoignage de l’un de ses collaborateurs de l’époque.
(2) La peine ne sera néanmoins pas exécutée.

 

 

 

 Un prophète
aux côtés d’Éva Joly

Il lui fallait bien çà, la pauvre, pour refaire les tables de la loi. Stéphane Sitbon-Gomez a été élevé au rang de directeur de campagne de la candidate écologiste.

Âgé de 24 ans, il a obtenu son master en Sciences-Po en juin dernier. Il est le petit-fils du journaliste Guy Sitbon, né en Tunisie à Monastir en 1934. Ce dernier n’a pas que des qualités, il est communiste par exemple, mais s’est néanmoins toujours revendiqué juif-arabe. Ce qui ne plaît pas à tout le monde. Il a été jusqu’à soutenir le FLN contre la France en s’inscrivant à la fédération française de ce parti pendant la guerre. Néanmoins, fût-ce par gauchisme, il a dénoncé avec virulence les excès d’Israël contre les Palestiniens.
Stéphane, pour sa part, milite chez les Verts depuis l’âge de 14 ans. Il a épousé une jeune femme, dont le nom est celé, mais que l’on sait fille d’un activiste italien de Lotta Continua, formation communiste révolutionnaire, qui a fait de la prison. Quant à la mère de Stéphane, elle milite dans les milieux féministes.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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