Gaza :
le silence n'est pas une option
Le Rapporteur spécial
sur la situation des Droits de l'Homme dans les territoires palestiniens
occupés depuis 1967, Richard Falk, a publié le
communiqué suivant :
Genève : " Au cours des derniers jours l'état
désespéré de la population civile de Gaza
a été reconnu par des personnalités de niveau
international comme le Secrétaire général
des Nations Unies, le Président de l'Assemblée
générale et le haut Commissaire aux Nations Unies
pour les Droits de l'Homme.
La semaine dernière, Karen
Aby Zayd, qui dirige les opérations de secours des Nations
Unies à Gaza, a communiqué une confirmation de
première main à propos de l'urgence désespérée
et des conditions inacceptables auxquelles est confrontée
la population civile de Gaza. Quoique de nombreux responsables
politiques aient commenté la cruauté et l'illégalité
du blocus de Gaza par Israël, une telle avalanche de critiques,
par des officiels des Nations Unies habituellement circonspects,
ne s'est jamais produite d'une façon aussi généralisée
depuis l'apogée de l'apartheid sud-africain.
Et pourtant, tranquillement, Israël
poursuit le siège de Gaza dans toute sa violence, ne permettant
le passage que du strict minimum de combustible et de nourriture
pour éviter une famine massive et une épidémie.
Une telle politique de punition collective, mise sur pied
par Israël pour punir les habitants de Gaza des évolutions
politiques à l'intérieur du territoire, constitue
une violation flagrante, continue et massive, de la loi humanitaire
internationale telle que fixée dans l'Article 33 de la
4ème Convention de Genève.
Les mots ne suffisent plus. Comme
Abu Zayd l'a écrit, " l'abîme entre les
mots et les faits ", en matière de soutien des
Droits de l'Homme dans la Palestine occupée, engendre
une situation dans laquelle " le radicalisme et l'extrémisme
prennent aisément racines ". Dans ces conditions,
les Nations Unies sont obligées de réagir. Certains
gouvernements du monde sont complices en continuant de soutenir
politiquement et économiquement l'approche punitive d'Israël.
Des actions préservatrices
doivent être immédiatement prises pour s'opposer
à la persistance des violations à grande échelle
des Droits fondamentaux de l'Homme à la vie, au regard
de la situation d'urgence qui est en train de générer
une catastrophe humanitaire révélée jour
après jour. En dépit des difficultés d'ordre
politique, il est temps d'agir. Au plus strict minimum, un effort
urgent s'impose de la part des Nations Unies pour faire appliquer
les normes de responsabilité concernant la protection
d'une population punie collectivement par des procédés
qui équivalent à des Crimes Contre l'Humanité.
Dans un état d'esprit similaire,
il semblerait qu'il y ait lieu de lancer un mandat de la Cour
Criminelle Internationale pour enquêter sur la situation
et pour déterminer qui, des responsables politiques israéliens
ou des chefs militaires en charge du siège de Gaza, devraient
être poursuivis et traduits en Justice pour violations
de la loi criminelle internationale. Comme l'a déclaré
Abu Zayd, " C'est une crise humanitaire délibérément
imposée par des acteurs politiques ".
Il faut noter que la situation a
empiré au cours des derniers jours, en raison de la rupture
du cessez-le-feu entre Hamas et Israël, qui avait été
respecté par les deux parties pendant plusieurs mois.
Ce cessez-le-feu avait été accepté par Hamas
en dépit des manquements d'Israël à ses obligations,
auxquelles il avait souscrit selon l'accord, concernant l'amélioration
des conditions de vie de la population de Gaza.
La récente flambée
de violence a éclaté après une incursion
israélienne qui a tué plusieurs supposés
militants palestiniens à l'intérieur de Gaza. Les
éléments de Hamas, ou d'autres, violent la loi
internationale quand ils tirent des roquettes contre les villes
israéliennes, quelles que soient les provocations qu'ils
ont eu à subir, mais un tel comportement des Palestiniens
ne légitime en rien l'imposition par Israël d'une
punition collective aux dépens de la vie et de la santé
du peuple de Gaza. Et cela ne devrait pas faire oublier aux Nations
Unies et à la communauté internationale leur morale
fondamentale et l'obligation légale de protéger
le peuple palestinien ".
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