SOUVENIR DE LA GUERRE FROIDE

mai 2011

A l’époque de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, ceux qui dénonçaient les dangers de l’URSS passaient souvent pour des hallucinés, voire des agents de la CIA. Quand les archives des anciens services des pays d’Europe de l’Est sont révélées, on voit aujourd’hui à quel point les accusations portées contre l’URSS et ses satellites ne relevaient pas de la paranoïa.

Les premiers signes de l’épidémie du SIDA apparurent à la fin des années 70. On l’estima d’abord une maladie ne concernant que les homosexuels jusqu’à l’appeler « Gay-Related Immune Deficiency » (Déficience immunitaire liée à l’homosexualité), aux Etats-Unis, avant de la baptiser AIDS, et SIDA, en France, ou Syndrome d’immunodéficience acquise. Ses origines allaient susciter des controverses parfois teintées de racisme. On se souvient aussi que certains courants politiques de gauche allèrent jusqu’à accuser les Américains d’en être les propagateurs. Les documents trouvés dans les archives de la police secrète bulgare expliquent aujourd’hui comment cette désinformation a pris corps.

Nous avons obtenu ce document de sources bulgares. Il est tiré des archives de la police secrète de Sofia, dont nous reproduisons ci contre les trois feuillets. La traduction du matériel se trouve ci-dessous.

Ce document prouve que dès septembre 1985, les services secrets bulgares, en liaison avec le KGB, avait organisé une opération de désinformation pour attribuer la responsabilité de la pandémie du SIDA à leurs adversaires américains et les discréditer ainsi auprès de l’opinion des pays occidentaux.

On remarque la manoeuvre tenant compte d’une part des moyens de pénétration de la propagande communiste en Occident, d'autre part de la crédibilité des affirmations propagées et de la nature de nos pays. Des méthodes très professionnelles, qu’aujourd’hui certains groupes d'influence utilisent dans d’autres domaines pour servir leurs propres intérêts.

Ce matériel, convient-il de signaler, a été révélé grâce au travail d’anciens opposants au régime communiste de Bulgarie, dont certains vivaient en Europe de l’ouest. Nous étions alors en relation avec eux et avons même pu effectuer un reportage en immersion, dans la Bulgarie communiste, dans le courant des années 80, avec le soutien de leurs réseaux.

Alain Chevalérias

 

 

 

 

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Page 1589

 
Traduction des pages 1587, 1588 et 1589 du document N°245

M.V.R /Ministère de l’intérieur/ ................................................Ultra secret
Premier Directorat Principal - Sécurité de l’Etat .........................ex. N 1
...............Sofia
N. 16372 1 exemplaire
07.10.1985


NOTE d’information

Concernant : les opérations possibles en rapport avec la maladie SIDA

Sur la base des informations relatives à cette maladie à l’Ouest, nous avons nous aussi envisagé l’idée de réaliser des Opérations Actives afin d’impliquer les services spéciaux des USA en tant qu’origine du SIDA (voir : votre note du 7.9.85) . Conjointement à cette thèse, notre intention première était de désigner la Turquie (du fait des nombreuses bases américaines dans ce pays, et en rapport au caractère même de la maladie) comme étant un des centres potentiellement les plus dangereux pour la diffusion à partir des USA de cette maladie à d’autre pays.

Tout en n’abandonnant pas l’idée ci-dessus, et après avoir réfléchi sur les objectifs et les faits que vous exposez de même que sur nos possibilités concrètes à les mettre en oeuvre, nous avons échafaudé une variante qui prévoit de commencer par une opération à caractère anonyme (sous le couvert du nom d’un homosexuel non déclaré) en Grèce (sur l’île de Crête) que nous pourrions par la suite étendre, grâce à nos moyens opérationnels, à tout la Grèce ainsi qu’à l’Espagne et au Portugal.

(manuscrit en bas de page) : « communiqué à Moscou le 24.9.1985

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Les motifs concernant le choix de la Grèce – Crête – sont les suivants :

- La présence sur l’île de Crête d’une grande base américaine dont le personnel pourrait s’avérer le propagateur du SIDA.
- L’existence en Grèce d’une organisation légale des homosexuels qui s’est livrée à de nombreuses déclarations publiques au cours de ces deux dernières années.
- La présence d’un grand nombre d’homosexuels non déclarés, ce qui justifierait le désir de « l’auteur » de demeurer anonyme malgré l’existence de la susdite organisation et ses activités sociales. La Grèce ne connaît pas encore de tolérance à l’homosexualité analogue à celle habituelle dans d’autre pays de l’Ouest.
- La présence aux Etats Unis d’une importante colonie grecque qui maintient de constantes relations avec des parents, des proches, des connaissances en Grèce, ce qui rendrait plausible que la personne en question ( notre « auteur » ) ait reçu ses informations directement des Etat Unis.
- La possibilité grâce à un de nos réseaux d’agents d’orienter cette opération anonyme vers les mas média en Grèce.

Nos motifs concernant l’Espagne :

- L’existence de moyens opérationnels rendant possible une telle opération.
- Le fait que, dans le domaine du tourisme international, la Grèce est concurrente de l’Espagne, ce qui rendrait tout naturel que les milieux intéressés en Espagne diffusent des informations venues de Grèce qui, en pratique, pourraient faire refluer de Grèce les touristes étrangers.

Page 1588

- La possibilité, eu égard à ce qui a été rapporté plus haut, de créer dans l’opinion le sentiment que l’opération « anonyme » du départ, ainsi que les commentaires éventuellement suscités dans la presse grecque, seraient inspirés par les milieux du tourisme espagnol, concernés.

Au Portugal nous disposons de la possibilité de lancer des publications dans le sens que nous souhaitons, mais fondées sur des informations déjà parues dans la presse d’autre pays.

La mise en oeuvre de toutes ces opérations (avant tout en Espagne et au Portugal) serait grandement facilitée et accélérée, si nous pouvions disposer d’un matériel d’information déjà rendu public concernant ce thème.

Du fait que jusqu’à présent nous ne sommes pas tombés sur des informations adéquates nous vous prions, au cas où vous disposeriez des informations en provenance de la presse indienne dont il est question dans votre note d’information, de bien vouloir nous en adresser copie.

.....................................................................Chef de la division 08 du PDP - SE
.....................................................................Colonel: (signature)
......................................................................D/imo/. STANKOV

Imprimé en 2 exemplaires ........Certifié conforme par la Commission aux dossiers
1 et 2 dans le dossier.................................................................... le 22.06.2009
Expédié -08/8407
Imp.- TZ .R.-476
23.9.85

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Dans le document qui suit, dont nous reproduisons la traduction des passages les plus importants, la preuve apparaît que les opérations menées contre nos pays relevaient d’actions concertées des services communistes, cherchant à agir sur l’opinion publique pour affaiblir nos défenses. Dans les pièces originales de ces documents, figurent aussi les noms, noircis par courtoisie, de deux personnalités, dont un scientifique de l’ancienne RDA, qui, consciemment ou non, étaient manipulées dans l’opération de désinformation consistant à attribuer la responsabilité de la diffusion de la pandémie du SIDA aux services américains.

Enfin, quelques axes de la propagande soviétique sont dévoilés. Celui destiné à provoquer une réaction des soldats parce qu’ils ne peuvent pas « vendre des armes » comme le font leurs chefs, fait sourire.

 

 

 

 

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Page 1771

 

 

Page 1780

 Traduction des pages 1756, 1771 et 1780 du document N°267

Document- 267

..............M.V.R ........................................................................ULTRA SECRET
Premier Directorat Principal – S . E
..............Sofia
N-Re/gistre/ 20433, ex/emplaire/ N- 1
24 . 11. 1987

NOTE d’information

CONCERNANT : Nos conversations avec les représentants du service Operations Actives près le P.D.P –K.G.B concernant la situation dans certains pays, et les missions de nos services de renseignement dans le domaine des O.A.

Les camarades Privalov A. Pertrovitch et Antonov G. Pavlovitch du service O.A près le P.D.P – K.G.B ont séjourné du 12 au 16 octobre 1987 à Sofia pour mener des conversations avec la Division 08, P.D.P – S.E. Il a été fait un bilan estimatif du travail commun accompli jusqu’à présent et ont été défini, pour l’année à venir, les missions concernant les pays ciblés (...)

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En rapport avec la monographie que préparent les Soviétiques spécialistes concernant les services spéciaux français, les camarades ont eu l’intention d’éditer une brochure qui stigmatiserait leurs actions subversives extérieures, notamment contre l’URSS, la Bulgarie et les autres pays socialistes.

Ils nous ont proposé, à propos de cette monographie, de réfléchir d’un point de vue opérationnel, d’une part sur les possibilités d’édition d’une telle brochure à l’Ouest et, d’autre part, sur le matériel complémentaire qui peut y être inclus à propos de l’action de ces services, ainsi que la possibilité d’y adjoindre l’action des services d’autres pays.

XV. Les armes bactériologiques, chimiques et le SIDA

Les directions fondamentales sont la collaboration au soutien de la politique de l’URSS, la dénonciation du danger de guerre venant des USA et le l’OTAN.

Les camarades soviétiques nous demandent de diffuser et populariser à travers nos canaux des matériaux écrits dénonçant les dangers de guerre provenant des USA, de l’OTAN, de la Turquie relativement au développement des armes chimiques, à leur
stockage en Europe et plus spécialement en Turquie.

Depuis trois ans sont en cours des opérations relatives au problème du SIDA. A été, au début, lancée la version de l’origine artificielle du virus, selon laquelle seraient impliqués les militaires américains de Fort-Detrik. Cette version a été assez largement
propagée. Des journaux importants de toutes sortes ont commencé à confirmer cette version.
Dans ce domaine, le professeur XXXXXXXX de RDA s’est fait une réputation. Le combat a été porté dans les pays africains, qui réfutent avec vigueur les théories qui attribuent l’origine du virus aux singes verts d’Afrique.
Les camarades sont parvenus à tous ces résultats en attirant à eux même des scientifiques.
Cependant il y en a parmi eux certains qui, comme YYYYYYYY, sont contre la théorie de l’origine artificielle du virus, et en conséquence refusent d’accuser les Américains.
A présent le PDP –KGB est conduit à résoudre des problèmes d’un aspect pratique et politique plus important. En utilisant les données de laboratoire ils étendent les sentiments antiaméricains (...)

Page 1771

Ici nous pouvons utiliser l’argument suivant : comment ce fait-il que les hauts responsables de l’administration et l’armée américaine vendent des armes (voir les cas de l’Irangate et autres) dont ils tirent de gros profits, alors que les subalternes et les soldats du rang ne peuvent le faire.

3. Lorsqu’on parle de l’action des services de renseignement socialistes, nous devons montrer la manière dont ils savent récupérer leurs agents et collaborateurs en situation difficile, et que lorsqu’ils tombent, ils sont secourus.
4. Il faut montrer en exemple la manière dont vivent les agents Philby, Kruger et autres. Publier des livres et des brochures sur leurs vies, tourner également des films.
Cette manière de travailler n’est pas apparue par hasard, elle est provoquée par les contraintes de la réalité mondiale.
L’objectif est de populariser l’action du service de renseignement (...)

......................................................................Le chef en second du P.D.P –S.E, et
......................................................................Chef de la division 08, P.D.P – S.E
......................................................................Colonel : /signature/
......................................................................D/imo/. STANKOV

Imprimé en 1 exemplaire
Versé au dossier
Izp.-08 8231 Certifié conforme par la Commission aux
Imp.- TZ.R dossiers : le 22.06.2007
19.11.1987.......................................................................................... Page 1780

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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