LE KGB AU COEUR
DE L'OTAN

mars 2008

Il s'appelle Sandor Laborc. Il est hongrois et a 49 ans. Durant six ans, de 1983 à 1989, il a été formé dans les écoles supérieures du KGB. En décembre 2007, le Premier ministre Ferenc Gyurcsany l'avait nommé directeur du contre-espionnage à l'Office hongrois de sécurité nationale, malgré l'opposition du parti de la droite, le Fidesz.

Gyorgy Szilvasy, chargé du renseignement auprès du Premier ministre, a soutenu la nomination ces jours derniers de Laborc au poste de directeur du Comité du Renseignement de l'Otan.

Pourquoi être surpris ? Les membres de l'Otan avaient déjà admis sans sourciller que Ferenc Gyurcsany, même s'il fut président des Jeunesses communistes et surtout informateur du KGB à Budapest, devienne Premier ministre d'un pays désormais membre du Conseil de l'Europe et, de ce fait, membre de l'Otan.

La commission parlementaire hongroise, chargée des affaires de renseignement, avait rejeté la promotion de Laborc en décembre dernier, mais Gyurcsany avait passé outre, arguant que cette commission n'avait pas le pouvoir d'annuler sa décision. A Judith Dempsey, journaliste au " Herald Tribune ", le ministre Szilvasy a fait savoir que, selon son enquête, Laborc " avait toutes les qualités professionnelles requises pour assumer ses fonctions nouvelles " !

Tel est le résultat d'une décommunisation qui n'a jamais été effectuée en Hongrie, pas plus du reste que dans les autres pays autrefois satellites de l'URSS.

J'ai vécu en Pologne, en Roumanie et en Tchécoslovaquie ce moment où l'Histoire a basculé à Moscou et dans l'Est européen. Les États-Unis, de Bush père à Clinton, ont assuré Moscou et ses agents dans les pays concernés, qu'en échange de la " modération " des communistes encore en place dans cette période de transition, les purges qui les menaçaient seraient évitées. Ils pourraient quitter leurs fonctions sans trop de bruit, revendiquer leur retraite, voire partir pour un exil doré, comme Honecker, le numéro un d'Allemagne de l'Est.

Les libéraux américains veillent à la réalisation de leur rêve, l'arrivée d'un " communisme non-stalinien ", comme ils l'ont exprimé dans une circulaire confidentielle de 1948, entérinée par le " Conseil national de Sécurité de Washington "*.

Les initiés des partis communistes ont alors pu goûter aux délices du capitalisme. Les privatisations permettaient alors de faire fortune, plus ou moins légalement. Mais, après une décennie, dans un second temps, s'ils n'avaient pas trouvé de débouchés dans " les affaires ", les ex-cadres du renseignement et du contre-espionnage ont repris leur ancien métier.

Sandor Laborc est de ceux-là. Avec quel aplomb tout de même, alors que ses six années à l'Académie Djerzinsky ne pouvaient être ignorées des spécialistes occidentaux du renseignement. Laborc a profité du système des rotations par pays, au sein des responsabilités de l'Otan, pour parvenir à la direction du Comité du renseignement, comme s'il s'agissait d'un mouvement naturel.

Un porte-parole de l'Otan a déclaré à Judith Dempsey : " Nous n'avons pas l'habitude de commenter les mouvements de notre personnel. " Cependant plusieurs officiers et diplomates ont réagi... sous le sceau de l'anonymat. Un d'entre eux, approché par nous, a déclaré : " On pouvait déjà savoir que pour la Bulgarie, tout ce que ses délégués apprennent chez nous s'en va directement à Moscou, sans délais. Maintenant, les Hongrois comme Laborc en feront autant ! Et aussi les Roumains. Il est incroyable que le Comité civil qui coiffe l'Otan ferme les yeux sur cette affaire et toutes celles du genre ! "

A Budapest, nombre d'intellectuels et d'universitaires assurent que " beaucoup de choses ont changé depuis les années 1980 lorsque Laborc suivait des cours à l'école du KGB ". Sauf que Poutine sait lire les rapports qui aboutissent sur son bureau, donc ceux de Gyurcsany, désormais relais de Laborc vers le Kremlin.

Le communisme sans Staline a de beaux jours devant lui pour servir le national-communisme d'une Russie enfin debout, non seulement fière de son passé, mais fidèle à celui-ci.

Pierre de Villemarest

Note

*Voir le Tome III de " Faits et Chroniques interdits au public " de Pierre et Danièle de Villemarest.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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