LA TERREUR MARXISTE AU NÉPAL

Mars 2005

On parle du terrorisme d'inspiration islamiste. On a raison. Mais cette méthode de guerre, oublie-t-on trop souvent, n'est pas le propre d'une frange de musulmans extrémistes. Avant eux, pendant longtemps manipulés par le KGB, les marxistes y ont eu recours. " Carlos, " prétendant défendre les Palestiniens, travaillait en fait pour la centrale moscovite et ses sous-traitants de Bulgarie ou d'Allemagne de l'Est. Aujourd'hui encore, de la Colombie aux Philippines, des mouvements armés d'idéologie marxiste continuent de menacer les populations. Dernier exemple, le Népal, pays aux prises avec la violence terroriste. 

 Le 1er février, le roi Gyanendra, monarque du Népal, licencie son gouvernement, instaure l'état d'urgence et suspend les droits fondamentaux. Il déclare agir ainsi en raison de l'impuissance de son Premier ministre à amener la rébellion maoïste à négocier.

Le " Parti communiste népalais " (PCN) est né en 1949 d'une scission du mouvement marxiste. En 1991, grâce aux élections, il parvient à prendre pied dans les districts de Rolpa et de Rukum. Il en découle une véritable guerre entre le parti du Congrès, majoritaire, et les militants maoïstes du PCN.

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Gyanendra lors de la cérémonie de son intronisation

 En 1995, le pouvoir, pour mettre fin aux affrontements, ordonne l'opération " Roméo. " Elle se solde par des milliers d'arrestations mais, dopés par la répression, les maoïstes partent en campagne et, pendant la deuxième quinzaine de février 1996, lancent plus de 5000 attaques dans tout le Népal. Banques, postes de police et propriétaires terriens en sont les cibles. C'est le déclenchement du soulèvement armé.

Le mouvement couvre l'ouest du pays, mais aussi, à l'Est, quelques secteurs comme celui de Janakpur. Les élections de 1997 font la démonstration de la force des maoïstes. En dépit du déploiement de 20 000 policiers, par la force ils empêchent la tenue du scrutin dans plus de 70 villages.
Malgré de nouvelles opérations répressives, les maoïstes contrôlent 32 districts dans lesquels ils installent une administration parallèle, comme celle mise sur pied par le Vietminh pendant les guerres d'Indochine.

 Au niveau mondial, ils sont affiliés au " Mouvement révolutionnaire international, " fondé à Londres en 1984. Sur le terrain, dans les districts de Rolpa et Rukum, zones dites " libérées " transformées en sanctuaires, les maoïstes recrutent dans la tribu des Kham-Magar. Ils maintiendraient sur le pied de guerre 1500 combattants organisés en petits groupes d'une dizaine d'hommes. La plupart de leurs cadres sont d'anciens enseignants.
 

 Sur le plan idéologique, ils veulent abattre la monarchie pour installer " une vraie démocratie. " Ils prônent " l'encerclement des villes par les campagnes. " Depuis 1996, ils ont causé la mort de plus de 11 000 personnes.

Un événement va leur apporter un soutien inespéré. En juin 2001, une demi douzaine de membres de la famille royale sont massacrés. D'après l'enquête, le fils de l'ancien roi serait l'auteur de l'effusion de sang et se serait suicidé ensuite.

Gyanendra, frère du roi défunt, reçoit alors le pouvoir. Mais, s'il n'était pas présent au massacre, entretenu par les maoïstes, le soupçon populaire pèse sur lui. Le jour du couronnement, du jamais vu dans ce petit royaume himalayen, de la foule sont montés des slogans hostiles à la monarchie.

Le 1er février dernier, pour faire face à l'érosion de l'autorité de la monarchie, on l'a vu, le roi prend directement les affaires en main. En réponse, le 15 février, les maoïstes décrètent le blocus de la capitale, Katmandou, la privant ainsi de nourriture. Craignant que leurs véhicules ne soient incendiés par les rebelles, les chauffeurs ne prennent pas la route.

Puis, les 24 et 25 février 2005, alors que le blocus de la capitale se poursuit, une trentaine de maoïstes sont tués lors de l'attaque d'une station de télévision. Le 28, 70 rebelles meurent au cours de nouveaux affrontements.

En clair, les maoïstes menacent de s'emparer du Népal et l'Occident, avec la Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale, soutenue par l'Europe et l'Amérique, exige du roi le " rétablissement immédiat de la démocratie. " C'est refaire les peintures dans une maison qui brûle.

Centre de Recherches sur le Terrorisme Depuis le 11 septembre 2001

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