L'ARMÉE JUIVE
DE VLADIMIR POUTINE

juin 2007

Le SVR n'a plus besoin de Vladimir Jirinovsky pour espionner les communautés juives, comme il le fit durant l'ère Andropov. Poutine, depuis, quand il dirigeait l'appareil des services secrets de la Russie, puis quand il est devenu Président de la Fédération russe, a résolu le problème. Et cela grâce à un rival, Berel Lazar.

Berel Lazar s'opposait en 1996 à Vladimir Gouzinsky, alors créateur du Congrès des juifs de Russie. Gouzinsky, propriétaire à l'époque d'une grande partie des médias du pays, jouissait en outre d'excellentes relations dans la diaspora juive des États-Unis et de Grande-Bretagne.

Pendant la présidence de Boris Eltsine, il a lutté pour s'imposer sur une communauté d'alors près d'un million de juifs russes. Il se heurtait à un noyau puissant de cadres du FSB (le KGB de l'intérieur) et aux indicateurs placés dans ce milieu par le député " libéral " Jirinovsky, nom du second mari de sa mère, mais en réalité fils de son premier époux, Volf Isakovitch Edelstein.

A l'âge adulte, Edelstein abandonna ce patronyme pour prendre celui de Jirinovsky, et devint un agent d'Anatoli Lioukanov, alors second de Gorbatchev à la direction des Organes administratifs, camouflage au Secrétariat du parti de la section qui coiffait les services de sécurité de l'URSS.

Le 2 avril 1994, Edelstein-Jirinovski présidait le Congrès de son parti, c'est-à-dire de 334 délégués représentant 120.000 adhérents, dits libéraux-démocrates. Il avait à ses côtés le général du KGB Alexandre Sterligov, représentant en URSS de l'éditeur britannique et agent soviétique Robert Maxwell. Étaient également présents : Abdel Ghani Ghafour, délégué personnel de Saddam Hussein ; Gerhard Frey, président en Allemagne de l'Union Populaire ; la soeur orthodoxe Monarkhina Angelina, sorte d'ayatollah en jupon, déléguée par la Serbe Mariana Milosevic, épouse du chef des Serbes nationaux-soviétiques ... et Bruno Gollnisch, vice-président du Front national, pourtant informé, comme Le Pen, du rôle d'agent double de Jirinovski.

Ce dimanche 3 avril 1994, il était question de créer une Union des Peuples Slaves, projet retourné presque tout de suite dans les limbes. Mais Jirinovski n'en demeurait pas moins l'agent de pénétration du KGB dans le milieu juif.

La Lettre du Centre européen d'information le précisait dès 1994, et publiait en 1996 sa biographie détaillée, précisant qu'il avait pris le nom de Jirinovski afin de pouvoir s'inscrire en 1964 au Département de l'Institut des Langues orientales de Moscou. Cinq années plus tard, il commençait sa carrière d'agent double dans les aciéries turques d'Iskanderun, mais il fut assez vite démasqué par le contre-espionnage turc. Rentré en URSS, il devint un indicateur des services de sécurité contre ses coreligionnaires, en participant, entres autres activités, à la création de l'organisation " Shalom " qui réunissait des juifs antisionistes.

Aux élections présidentielles de 1991, son Parti libéral démocrate obtint 7,83% des voix. Il arrivait troisième sur la liste des prétendants, devancé par Boris Eltsine et Nikolaï Ryjkov, alors Premier ministre. Il poursuivit alors ses missions pour les " services ", notamment auprès de Saddam Hussein, et sera l'hôte aux États-Unis des plus hautes sommités du CFR en novembre 1994 à San Francisco, New York et Washington.

La promotion du rabbin Berel Lazar

A cette époque, l'attention de Vladimir Poutine fut attirée par la secte des Loubavitchs, laquelle végétait en Russie depuis 1990 autour d'un étrange jeune rabbin: Berel Lazar, né à Milan, et qui avait suivi aux États-Unis les séminaires réservés aux futurs rabbins. Lazar avait séjourné en 1990 en Russie muni d'un visa valable un an, mais finalement il avait choisi de s'y ancrer. Il s'entoura de 150 fidèles fort actifs, et se heurta à Vladimir Gouzinsky, dont les publications et la radio se montraient fort critiques à l'égard de Poutine.

Lazar prit à partir de là de l'importance, à la fois en Russie et sur le plan international, avec son organisation : la Fédération des Organisations juives de Russie dans laquelle le secondait un juif d'Ouzbékistan, Lev Leviev, spécialisé dans le commerce des diamants. En 2000, nous avions noté un geste étrange de Poutine qui avait ouvert les portes et les salles du Kremlin à la fête annuelle des Loubavitchs. Cela ne s'était jamais vu, ni du temps des tsars, ni sous Staline, ni encore moins du temps de Khrouchtchev ou de Brejnev.

Cette réception correspondit à l'arrestation de Gouzinsky. Il sera relâché par le KGB au bout de quatre jours, à condition de s'exiler, et de renoncer à ses journaux et à sa radio. En revanche, dès le mois de juillet 2000, Poutine invitait Berel Lazar à assister, accompagné d'autres potentats, à son discours à la Nation. Le successeur de Gouzinsky au Congrès des Juifs de Russie n'a pas été convié.

En septembre suivant, selon nos sources à Moscou, Poutine accorda dix millions de dollars de subventions à la Fédération animée par Lazar, sous prétexte d'aider à la création d'un centre de formation loubavitch. Ce geste amorça les dons de plusieurs richissimes juifs, dont celui du plus fortuné des oligarques : Roman Abramovitch. En mai 2007, ce dernier est devenu le roi mondial du vanadium, un minerai hautement stratégique, puisque utilisé dans les systèmes radars et autres technologies. Abramovitch, qui vit à Londres dix mois sur douze, finance à bout de bras le budget de la ville d'Omsk, en Sibérie. C'est un fidèle de Vladimir Poutine, de même que l'oligarque George Rohr, un des plus importants investisseurs en Russie, qui s'active depuis sa résidence américaine.

La revanche juive de l'espionnage russe

Ici l'observateur doit s'interroger. La Fédération présidée par Berel Lazar compte à ce jour 4.000 prosélytes, dont 150 seulement animent le secteur russe, mais 3.850 sont répartis dans 73 communautés d'autant de pays étrangers. Un vrai succès en moins de dix ans de l'activisme loubavitch, dont les missionnaires s'appellent eux-mêmes des " chabadniks ", terme formé des initiales de l'acronyme des mots hébreux : " Sagesse, savoir et compétence ".

Poutine ne cache pas ses relations personnelles avec Berel Lazar. En septembre 2005, il s'est laissé photographier lui serrant la main, lors d'un congrès annuel des Loubavitchs. Une sorte d'adoubement pour ce fils d'émigrés juifs de Milan, dont Guy Chazan, correspondant en URSS du " Wall Street Journal ", assure qu'il a douze enfants. Mais cette réussite ne s'assortit-elle pas de services rendus en échange par les recrues du SVR et du GRU dans le milieu loubavitch, implanté, répétons-le, dans soixante-treize pays ?

De tous temps, les services russes ont préconisé la supériorité de l'espionnage " humain " sur l'espionnage par des moyens technologiques, souvent privilégiés par la CIA ou d'autres services secrets. Importance donc, pour eux, de l'emploi, sinon d'espions proprement dits, du moins d'agents d'influence dans les milieux politiques, commerciaux et religieux. C'est un aspect à ne pas négliger, en observant les communautés implantées dans nos pays et en particulier en France. Les Européens, inconditionnels de Vladimir Poutine, devraient réfléchir lorsqu'ils se félicitent que leur " héros " ait su écarter des allées du pouvoir les oligarques d'origine juive. Or, sept sur dix sont issus de cette communauté.

Pierre de Villemarest

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com
 
 
 
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