Comment Moscou marginalise l’opposition

janvier 2011

Tout commence par des manifestations et des violences racistes qui ont éclaté à Moscou à la suite d’un match du Spartak, un club de football local, et du meurtre de l’un de ses supporters.

Les violences continuant, le pouvoir a fait procéder à l’arrestation « préventive » de 2000 jeunes, dont des écoliers, le 18 décembre. Une question se pose néanmoins : la police dit avoir saisi 13 armes non mortelles et 21 couteaux, en incluant sans doute les canifs de poche. Un peu léger pour des émeutiers décrits comme très violents.

Étrangement, néanmoins, on sait les violences le fait de groupes comme Russky Obraz, organisation ultranationaliste violente manipulée par le Kremlin. C’est pourtant à un autre groupe que les autorités s’en prennent : l’Alliance Démocratique Nationale ou NDA.

Or, quand la presse russe présente le NDA comme une organisation dangereuse à tendance fasciste, celui-ci se dit en faveur de la création « d’un état russe démocratique (...) d’une identité culturelle et civilisationnelle européenne ». Il propose aussi la division du pays en sept Républiques russes fédérées et réclame la séparation de l’Église et de l’État. Enfin, il demande la condamnation des crimes commis par le régime soviétique et une convergence avec l’Union européenne. On ne voit pas là les caractéristiques d’une idéologie fasciste.

Du reste, l’un de ses leaders et porte-parole, le professeur Valery Solovey, est un ancien expert de la Fondation Gorbatchev. Or si l’on peut faire des reproches à Gorbatchev, il est une chose certaine, on ne peut lui reprocher des tendances fascistes. Du reste, résumant sa pensée dans un livre coécrit avec sa soeur, Tatyana Solovey, il a écrit qu’en Russie « le nationalisme ne triomphera qu’en harmonie avec les idées de démocratie ».

Du reste, Vladimir Priybilovsky, président du centre de réflexion Panorama, situé dans l’opposition, admet lui-même que le NDA pourrait représenter un danger, parce qu’à l’opposé de groupes comme Russky Obraz, ses responsables échappent totalement à l’influence du Kremlin.

En d’autres termes, le pouvoir moscovite cherche à se débarrasser du NDA, non en raison d’affiliations fascistes, mais parce qu’il représente un rival.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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