Montée de la pression entre islamistes sunnites et chiites au Liban

28 avril 2007

A partir du 15 avril, débutait une série d'arrestations dans le nord du Liban, à Tripoli et à Denniyeh. Les premières informations disaient les personnes interpellées membres d'Al-Qaïda. Une rumeur parlait même d'une menace dirigée contre la FINUL (1).

En réalité, il s'agit de salafistes (2), des fondamentalistes sunnites, dont la principale préoccupation est actuellement la montée en puissance des chiites soutenus par l'Iran.

L'affaire a commencé il y a quelques mois, quand le cheikh Abou Bakr Bassam Hammmoud (3) s'est rendu en Arabie Saoudite. Il a pris contact avec les personnalités saoudiennes. Il a alors évoqué avec elles la nécessité d'armer la rue sunnite libanaise pour faire face aux chiites et au Hezbollah. Bientôt concrétisé, le projet d'acheter des armes a alors été mis sur pied.

L'opération a néanmoins été éventée et, au cours du mois d'octobre, Bassam Hammoud a été intercepté par les autorités saoudiennes à l'aéroport de Djedda. La police était venue avec un salafiste saoudien qui a servi d'appât.

Bassam Hamoud aurait reconnu qu'il voulait créer des cellules armées afin de faire face " à l'expansion irano-persane et pour s'opposer au Hezbollah en cas de conflit communautaire ".

A la fin du mois de mars, deux cheikhs salafistes ont passé la frontière syro-libanaise au poste de Masnaa. L'un était Saoudien, l'autre Syrien. Informés, les services de renseignement de l'armée (le 2ème Bureau) les ont interceptés. Dès leur entrée sur le territoire libanais, ils avaient envoyé plus d'une trentaine d'appels téléphoniques au cheikh Nabil Rahim (4) de Tripoli.

Le nom de Rahim a été cité au cours de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri. Interrogé par la police, il a nié connaître les deux cheikhs arrivés par la Syrie. Un délais " de réflexion " de 24 heures lui a été accordé.

Ayant été laissé en liberté, il a préféré prendre le large et disparaître. Les autorités libanaises ont alors lancé une vague d'arrestations touchant des élèves de Rahim et des personnes assistant à ses prêches.

Plus grave. La plupart des arrestations se sont déroulées dans la mosquée Hamza de Tripoli, dirigée par le cheikh Zaccaria Al-Masri.

Al Masri soutient ouvertement Ben Laden. Or, le Mouvement du Futur, dirigé par Saad Hariri s'est rapproché de lui. Les dirigeants du mouvement comptent ainsi faire face au Hezbollah. Ils jouent avec le feu !

En outre, cette affaire suscite des tensions entre les services de renseignement de l'armée et les services proches de Hariri. Cette polarisation communautaire est très inquiétante.

Mira Farès


Notes


(1) La FINUL est la force d'interposition de l'ONU positionnée entre le Liban et Israël.

(2) Du mot " salaf ", terme désignant les compagnons de Mahomet. Les " salafistes " sont les fondamentalistes sunnites idéalisant la vie du prophète et de ses compagnons.

(3) Abou Bakr Bassam Hammmoud est un responsable salafiste libanais.

(4) Nabil Rahim est un idéologue salafiste, diplômé de l'institut islamique d'Al Hedaya. Cet institut est dirigé par le cheikh Daï Al-Islam Chahhal, le fondateur du courant salafiste libanais. Nabil Rahim a fondé pour sa part l'institut Dar Al-Hadith, réservé aux femmes pour l'étude de la religion. Son nom a été mentionné dans le premier rapport rédigé par Mehlis sur l'assassinat de Rafic Hariri.

 
 
 
Poste de la FINUL au Sud-Liban
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le cheikh Daï al Islam Chahhal, fondateur du courant salafiste libanais.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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