Quand les États-Unis font chanter des étrangers égarés sur leur territoire

septembre 2013

Ces temps derniers, on a beaucoup parlé de la NSA, agence d’écoute américaine qui capte les conversations téléphoniques aussi bien que vos courriers électroniques (1). On sait mal dans le public jusqu’où peuvent aller les Américains dans l’exploitation des renseignements accumulés grâce à la NSA et ses autres services d’espionnage dont la CIA. Les Suisses en savent quelque chose.

On sait la Suisse l’un des coffres-forts préférés des grosses fortunes. Or le fisc américain, plus retors encore que le fisc français, ne craint pas d’user de méthodes ailleurs illégales pour obliger les banquiers suisses à coopérer.

En avril 2008, par exemple, Martin Miechti était arrêté par la police à l’aéroport de Miami. Chef du service « banque privé » chez UBS (2), il arrivait de Zurich et voulait changer d’avion pour se rendre aux Bahamas. Il n’en aura pas le loisir.

Son passeport est confisqué et il est assigné à résidence pendant trois mois, un bracelet électronique serti à la cheville. Compte tenu des informations amassées par leurs espions, dont ceux de la précieuse NSA, les Américains savent Miechti détenteur de beaucoup d’informations sur les fortunes cachées de leurs concitoyens.

Une vingtaine de banquiers suisses ont subi ce traitement après s’être rendus innocemment aux États-Unis, pays de la liberté comme chacun sait. Comme Miechti, ils ont été mis devant un choix cornélien : ou raconter tout ce qu’ils savaient sur leurs clients ou passer quelques années derrière les barreaux. La conscience professionnelle pèse rarement lourd et la plupart se couchent.

Certains vont plus loin : ils acceptent de coopérer sur le long terme y compris dans des affaires qui n’ont rien à voir avec le délit fiscal. Ainsi, toujours à Miami, mais en 2010, un autre banquier suisse était arrêté. Une nuit passée en cellule a suffi pour qu’il dise tout ce qu’il savait, mais de plus, il a offert sa collaboration totale. Traduit en justice, il a écopé d’une peine avec sursis mais a accepté de se rendre une fois par an aux États-Unis pour être débriefé sur ses clients...

On s’étonne presque de la liberté d’action des Américains à l’égard de ressortissants helvétiques. En fait, pour Bern, répondre reviendrait à ouvrir la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Les banquiers suisses arrêtés aux États-Unis n’ont apparemment pas été interrogés par les services suisses.

Interviewé par l’hebdomadaire « Le Matin Dimanche » le 16 juin 2013, le ministre de tutelle des Renseignements, Ueli Maurer, a juste admis « une recrudescence de l’activité des services étrangers en Suisse ». Il a semble-t-il aussi un peu lâché, « out of record », sur le chef de station de la CIA à Genève : R. D., une femme en place depuis le 3 juin qui était en poste au Pakistan en 2007 avant d’être mutée au Kenya, puis en Sierra Leone en 2010 et enfin au Zimbabwe en 2012.

Notes

(1) Voir : Le marché de l’écoute mondialisé
(2) Banque suisse

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil