HISTOIRE
LA HONGRIE

L’histoire de la Hongrie repose sur trois grands axes : l’identification aux envahisseurs Magyars, un fort sentiment national et une volonté expansionniste. Si, aujourd’hui, ne domine plus que les deux premières caractéristiques, les Hongrois n’en restent pas moins un peuple blessé par le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920, qui l’amputa d’un tiers de sa population. Nul ne peut comprendre la politique de ce pays sans connaître les grandes lignes de son histoire.

La Hongrie actuelle s’inscrit dans une vaste plaine arrosée par le Danube, encadrée au nord et à l’est par le massif des Carpates, à l’ouest par les Alpes et au sud par les montagnes de la péninsule balkaniques.

En raison de la richesse de ses pâturages et de sa position au carrefour des routes d’invasion, très tôt son territoire devint zone de transit ou d’implantation. Il vit passer les Scythes, les Celtes, puis les Romains, qui lui donnèrent le nom de Pannonie. Puis vinrent les Goths, les Huns et les Avars. Au IXème siècle, enfin, chassés du sud de l’actuel Ukraine mais originaires d’Asie centrale, les Magyars s’installèrent.

Population appartenant au groupe linguistique dit finno-ougrien (1), les Magyars (2) sont alors formés de tribus. Ils occupent la plaine hongroise et s’en servent de base arrière pour lancer des raids vers l’Europe occidentale. Mais le 10 août 955, le futur empereur germanique Otton 1er remporte contre eux la bataille de Lechfeld. Processus sans doute déjà enclenché, les Magyars se retournent alors vers l’exploitation de leur pays d’adoption. Puis le prince Géza s’impose à la tête des tribus et se fait baptiser avec toute sa famille. En l’an 1000, enfin, Étienne 1er, devenant roi de Hongrie, reçoit sa couronne du Pape.

Le roi Étienne disloque le système tribal et renforce la noblesse naissante. Puis, au cours des siècles, la magyarisation de la population autochtone favorise son identification à l’envahisseur (3). Parallèlement, la Hongrie se construit sur deux tropismes : sa résistance aux tentatives de vassalisation des puissances germaniques et son expansion territoriale. Elle va annexer la Slavonie, la Croatie, la Dalmatie, au XIème siècle, la Bosnie au XIVème siècle, la Bohême, la Moravie et la Silésie, au XVème siècle.

Mais, après avoir repoussé l’avancée des Ottomans devant Belgrade en 1456, les Hongrois sont défaits par eux en 1526 à la bataille de Mohacs, et à partir de 1540, le pays se voit écartelé entre les empires autrichien et turc. Jusqu’à ce qu’en 1699 les armées autrichiennes conquièrent la plaine danubienne sur les Turcs.

En 1715, Charles VI d’Autriche décrète l’indivisibilité de la Hongrie et du territoire des Habsbourg. Néanmoins, Vienne va être forcée d’accorder une certaine autonomie à sa possession de plus en plus gagnée par les idées de la Révolution française. Aussi, quand poussée par l’Autriche, une armée croate envahit le Hongrie, la résistance s’organise, défait l’ennemi et proclame l’indépendance. Une répression sévère s’abat alors sur le pays jusqu’au compromis de 1867 et la naissance de l’Autriche-Hongrie.

En 1914, la Hongrie est emmenée par son tuteur dans la guerre contre la France et ses alliés. Ce choix forcé va lui coûter cher. Après la défaite austro-allemande, le traité de Trianon retire à la Hongrie toutes ses possessions. Mais, ce faisant, elle l’ampute aussi de territoires à majorité magyare. Un tiers des Hongrois se retrouvent à l’extérieur des frontières de leur pays.

Mais les Hongrois n’ont pas attendu pour s’organiser. Le 16 novembre 1918, ils ont proclamé la République. En 1919, elle tente, en vain, de reconquérir la Tchécoslovaquie et la Roumanie. L’amiral Miklos Horthy est alors élu régent du royaume, mais sans roi. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, la blessure toujours ouverte du traité de Trianon pousse la Hongrie dans les bras des Allemands. Elle participe à l’invasion de la Yougoslavie et combat sur le front de l’Est. En 1944, Horthy déclare la neutralité de son pays. Un peu tard ! En avril 1945, les Soviétiques entrent en Hongrie. Le régime communiste est proclamé le 20 août 1949.

Le 23 octobre 1956, à l’inspiration du Président Imre Nagy, les Hongrois, les premiers, se soulèvent contre l’URSS. Entre le 4 et le 11 novembre, la répression des troupes soviétiques fera 3 000 morts. Nagy et ses compagnons sont exécutés deux ans plus tard. Janos Kadar reçoit le pouvoir qu’il cède, malade, en 1988.

Le 23 octobre 1989, la nouvelle République de Hongrie est proclamée, deux ans avant la chute de l’URSS. Elle rejoint l’OTAN en 1999 et l’Union européenne le 1er mai 2004.

Jean Isnard

 

Notes

(1) Ce groupe se différencie autant de celui des langues dites indo-européennes (germain, latin, persan, celte etc...) que du groupe sémitique (arabe, araméen, hébreu etc...)
(2) Les mots Magyar et Hongrie ont semble-t-il pour origine des noms de tribus.
(3) Ce phénomène est courant. Du Maghreb à l’Irak, par exemple, les populations soumises par les envahisseurs musulmans s’identifient aux Arabes dont ils ont adopté la langue.

 

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