HISTOIRE
LE KOSOVO ARRACHÉ

 

 A la fin du mois d'avril 2007, le Conseil de sécurité des Nations unies va envoyer une mission au Kosovo pour décider de son avenir. Martti Ahtisaari, le médiateur de l'organisation internationale, a recommandé " une indépendance surveillée " du Kosovo. Ahtisaari, ancien Président de Finlande (1994 à 2000), est aussi l'organisateur de l'indépendance de la Namibie pour les Nations unies, en liaison avec l'organisation marxiste de la SWAPO. Ce dernier dépeçage de la Serbie pourrait se faire quand trois anciens commandants de la KLA (acronyme anglais pour Armée de Libération du Kosovo) sont en jugement devant la Cour internationale de La Haye pour "participation à une entreprise criminelle" et mauvais traitements infligés à des civils.

 

Retour sur l'Histoire.

Le Kosovo est, en droit, une région autonome de la Serbie, qui s'étend au sud du pays sur à peine 11000km2. Elle se trouve au carrefour de deux mouvements de populations. D'une part celui des Indo-européens qui, venues des steppes asiatiques, ont transité pendant des millénaires par la vallée du Danube, certaines pour s'établir dans les Balkans. D'autre part les Albanais, anciens Illyriens, vivant sur la côte méditerranéenne et se rendant sur le haut plateau du Kosovo pour y faire pâturer leurs troupeaux en été.

Dernière migration indo-européenne avant la naissance de l'État russe*, les Serbes pénètrent dans le nord des Balkans au VIIème siècle. L'Empire byzantin leur donne les terres où ils sont arrivés. En échange, les Serbes doivent protéger Constantinople de nouvelles migrations.

Organisés en petites principautés, ils s'installent au Kosovo d'autant plus facilement que les Albanais n'y sont que faiblement implantés et, pour la plupart, seulement pendant l'estivage.

La Serbie commence à s'affirmer au Xème siècle, avec le prince Raska. Il faut néanmoins attendre 1170 pour assister à l'émergence d'un État serbe digne de ce nom, avec Étienne Nemanja, fondateur de la dynastie des Nemanjic.

Des édits du pouvoir de l'époque qualifient les Albanais de " Valaques ", terme désignent alors des populations de bergers. L'autorité recommande d'en limiter la migration. Cela signifie qu'il existait déjà un mouvement migratoire venant d'Albanie, sans doute soumise à une trop forte poussée démographique.

Cependant, en 1389, les Ottomans défaisaient le prince serbe Lazar Hrebeljanovic à la bataille du " Champ des merles ", sur le plateau du Kosovo.

Soumis par les Turcs, les Serbes subirent la dure loi de ce peuple à l'égard des chrétiens : injustices, vexations et impôts écrasants, y compris en enfants prélevés sur leur progéniture pour servir comme janissaires dans l'armée ottomane.

Haut lieu de l'orthodoxie serbe, le Kosovo, dans ses monastères et ses églises, joua le rôle de conservateur de la culture et des traditions du pays.

Sur la côte, les Albanais se donnèrent un autre destin. Se convertissant en masse à l'islam, ils devinrent les zélés serviteurs de l'envahisseur. Puis, avec l'aide de celui-ci, chassèrent des milliers de Serbes du Kosovo pour s'y installer à leur place
Cependant, à partir du XIXème siècle, les soulèvements serbes se multiplièrent et, affaiblis, les Ottomans perdirent pied. En 1878, le Congrès de Berlin salua l'indépendance de la Serbie. Puis, en 1912, enfin, le Kosovo retrouva sa place en Serbie.

Commença alors la reconquête de l'espace par les Serbes qui, à leur tour, chassèrent une partie des Albanais, usant des méthodes qu'eux-mêmes avaient endurées sous les Ottomans.

Mais, en 1939, l'Albanie passait sous le contrôle italien et Mussolini occupa le Kosovo. Les Albanais en profitèrent pour se venger, provoquant le départ de 10000 Serbes. A la fin des hostilités, on aurait pu attendre un renversement de situation, mais Tito, un Croate, interdit le retour des Serbes expulsés de leurs terres pendant la guerre. Pire, il laissa des Albanais continuer d'immigrer au Kosovo.

Résultat, quand en 1929 les Kosovars de souche albanaise représentaient moins de 40% de la population, ils étaient environ 74% en 1974. Aujourd'hui, ils seraient 90% des habitants du Kosovo.

Cette purification ethnique n'émeut personne. Disloquer une nation, détruire son berceau, c'est aussi provoquer le terrorisme.

Jean Isnard

 

Note

* La Russie, en tant qu'État, n'apparaît qu'à la fin du IXème siècle sous les princes de Kiev. Alors, les populations se fixent.

 

 

Carte de la SerbieCarte de la Serbie avec le Kosovo

 

La Cour internationale de Justice, dite de La Haye, a exonéré la Serbie de la responsabilité du massacre de Srebrenica. La décision de la Cour a été rendue le 26 février dernier (2007) et avait échappé à notre vigilance. Elle méritait pourtant d'être notée. " Selon la Cour, a-t-il été déclaré, le Plaignant n'a pas prouvé que des ordres ont été donnés par l'autorité fédérale de Belgrade (NDR : la Serbie), ou par une autre composante de la République fédérale de Yougoslavie, pour perpétrer les massacres... " Et d'ajouter : " ... la décision de tuer la population mâle adulte de la communauté musulmane de Srebrenica a été prise par des membres de l'état-major de la VRS (NDR : Armée de l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine), mais sans les instructions et le contrôle effectif de la Fédération des Républiques de Yougoslavie. "

Il faut comprendre la portée de ces mots. En 1999, l'OTAN a attaqué la Serbie sous prétexte d'un génocide des Albanais du Kosovo qui n'avait pas lieu*. Restait la réputation "criminelle" des responsables de Belgrade pendant la guerre civile en Bosnie pour justifier le déclenchement des hostilités par l'OTAN. Voilà cette raison s'effondrant à son tour.

 

RAPPEL

* Alain Chevalérias était sur les lieux en Yougoslavie pendant l'attaque de l'OTAN au printemps 1999.

Antoine Garapon de la revue " Esprit " parlait de " centaines de milliers de Kosovars massacrés ". Le 17 juin 1999, le " Foreign Office " britannique n'évoquait plus que " 10 000 personnes " tuées dans plus de 100 massacres. Le 2 août, Bernard Kouchner avançait le nombre de 11 000 Kosovars exhumés. Il était démenti dans la journée par le Tribunal de la Haye.

En septembre 2004, Amnesty International donnait le chiffre de 3272 disparus pendant ou après la guerre du Kosovo. En incluant les victimes serbes des Albanais et celles des bombardements de l'OTAN.

 

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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