AFGHANISTAN :

UNE BAVURE POLITIQUE
AUX DÉPENS DE NOS SOLDATS

août 2008

Le 18 août, dix soldats français tombaient au combat en Afghanistan. Quelques soient les raisons de leur mort, nous saluons leur volonté de servir la France au risque de leur vie. Pris en embuscade au nord-est de Saroubi, ils effectuaient une patrouille pour assurer la sécurité de la route de Kaboul, ville située à une cinquantaine de kilomètres.

" Le Figaro " s'est attribué " une reconstitution de la chronologie " des combats. Cette dernière, en réalité, a été " pompée" auprès d'éléments militaires. Nous reprenons en partie les paragraphes que s'est attribués le journal. Leur analyse suffit à mettre en évidence des fautes commises.

Soldat français blessé en Afghanistan

 

 

 

 

 

Soldat blessé hélitreillé avec sa civière au cours de l'évacuation sanitaire.

 

La patrouille était formée de quatre sections de combat : une du 8ème RPIMA, une du Régiment de marche du Tchad, toutes deux françaises, et deux sections d'Afghans. La formation était complétée par des éléments des forces spéciales américaines. Si les unités citées plus haut étaient à leur plein effectif, la colonne devait compter 160 à 180 hommes. Détail important, car les attaquants n'étaient qu'une centaine.

Montée sur des engins blindés, la patrouille progresse sur une piste de terre.

CHRONOLOGIE : " 13 h 30 : Les fantassins du 8ème RPIMA partent reconnaître à pied un col qui culmine à 2000 mètres, sur une route en lacet s'étirant sur 4 à 5 km. L'ambiance est suffocante, il fait plus de 30 degrés. Les fantassins sont ralentis par la poussière orange qui s'infiltre partout et par la lourdeur de leurs gilets pare-balles ".

COMMENTAIRE : L'obsession de la sécurité maximum pousse nos armées à des excès. Le port de gilets pare-balles et de casque lourds pour la moindre opération gêne les mouvements des combattants, leur impose un effort physique inutile et réduit leur vigilance. Ces équipements devraient être réservés à des missions ponctuelles. Dans ces conditions, sauf nécessité, le choix du moment le plus chaud de la journée pour reconnaître un col sensible, à pied, nous semble incongru.

CHRONOLOGIE : " 15 h 30 : La section à pied est attaquée à l'arme légère et au lance-roquettes par des insurgés. Plusieurs militaires sont blessés (...) 15 h 52 : La patrouille alerte la base ".

COMMENTAIRE : Entre les premiers coups de feu et l'appel de la base, il se passe 22 minutes. Le retard de l'alerte serait dû à la mise hors d'état de combat du radio de l'élément à pied. Pourtant, le reste de la colonne disposait aussi de moyens radios, sur les véhicules blindés. L'alerte a donc été donnée avec retard.

CHRONOLOGIE : " 15 h 55 : La section de réaction rapide est envoyée en renfort. Elle arrive sur place une heure plus tard ".

COMMENTAIRE : La section de réaction rapide est envoyée par la route, d'où le délai. Un transport de troupe par hélicoptère aurait été plus approprié parce que plus vite sur site.

CHRONOLOGIE : " 16 h 30 : Une nouvelle section est envoyée en renfort de la base de Tora. Elle est équipée de mortiers de 81 mm "

COMMENTAIRE : A nouveau, des renforts sont envoyés par la route et non par hélicoptère. Au passage, on découvre que la patrouille n'avait pas de mortiers de 81 mm, arme parfaitement adaptée à la contre guérilla en montagne.

CHRONOLOGIE : " 16 h 50 : Des avions de combat, guidés par les soldats américains au sol, arrivent ".

COMMENTAIRE : Les premiers avions de combat n'arrivent qu'une heure après l'alerte. Le délai n'est pas tolérable.

CHRONOLOGIE : " 17 h 50 : 2 hélicoptères américains tentent d'évacuer les blessés, mais ne peuvent pas se poser (...) 18 h 15 : Les hélicoptères (français) déposent un médecin et dix commandos (10 hommes). Le bataillon français de Kaboul engage trois sections d'infanterie, dont l'une est héliportée à proximité... "

COMMENTAIRE : Les premiers hélicoptères ne sont sur place que deux heures après l'alerte, pour évacuer les blessés. Ceux qui interviendront avec une mission de combat mettront encore 25 minutes avant d'apparaître.

CHRONOLOGIE : " 18 h 25 : Les mortiers de 81 mm arrivés en renfort ouvrent le feu ".

COMMENTAIRE : Alors qu'au moins deux groupes de mortiers auraient dû accompagner la patrouille, ceux-ci ne sont en batterie que deux heures et demi après l'alerte.

CHRONOLOGIE : " 21 h 30 : Le feu se calme (...) A partir de 23h00, des munitions sont acheminées sur les lieux pour aider les forces françaises à répliquer aux insurgés ".

COMMENTAIRE : En clair, les munitions arrivent après la bataille.

 

CONCLUSION : Si toutes ces informations sont exactes, la preuve est faite des carences de la force française en Afghanistan. Les effectifs engagés semblent victimes d'une mauvaise préparation tactique et d'une sous utilisation des hélicoptères et des mortiers, armes indispensables en contre guérilla. A moins que, par souci d'économie, les décideurs politiques n'aient réduit ces dotations sur le terrain.

 

Alain Chevalérias donnera des informations sur la région de l'embuscade dans un prochain article.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

Lire aussi: Faut-il rester en Afghanistan?

 

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