|  MESSAGE D'OUSSAMA BEN LADENDIFFUSE SUR AL-JAZEERA TV
 LE 27 OCTOBRE 2010
  " Pour commencer,
      je voudrais dire que vos experts au Niger, eux qui étaient
      sous la protection de vos mandataires, ont été
      enlevés en réponse à vos pratiques injustes
      envers notre peuple musulman. Comment en effet concilier votre volonté de vivre en paix
      et en sécurité avec votre participation à
      l'occupation de nos pays et votre soutien aux Américains
      qui tuent nos femmes et nos enfants ?
 Comment les concilier avec votre ingérence dans les affaires
      des musulmans dans le nord et l'ouest de l'Afrique, plus particulièrement,
      et avec le soutien de vos mandataires contre nous ?
 Vous accaparez beaucoup
      de nos richesses par des marchés douteux tandis que nos
      parents là-bas (NDT : on comprend en Afrique) souffrent
      de la pauvreté et de la misère ?Quand vous nous opprimez et considérez qu'il est de votre
      droit d'interdire aux femmes vertueuses de porter le hijab, n'est-il
      pas du nôtre de pourchasser vos hommes qui occupent (NDT
      : nos terres) et de les décapiter ?
 Bien sûr que si
      ! L'équation est simple et claire : comme vous tuez, vous
      serez tués, comme vous capturez, vous serez capturés,
      quand vous bafouez notre sécurité, la vôtre
      sera bafouée. Celui qui commence est le plus injuste ! Pour préserver
      votre sécurité il faut que vous cessiez vos injustices
      chargées de conséquences contre nous. La décision
      la plus importante serait votre retrait de la maudite guerre
      de Bush en Afghanistan. Il est temps de mettre fin à ce
      qui s'appelle une colonisation directe et indirecte. Vous devez réfléchir
      à la situation que connaît l'Amérique suite
      à cette guerre injuste : elle est sur le bord de la banqueroute,
      menacée dans tous les domaines vitaux. Demain, elle se
      repliera au-delà de l'Atlantique, avec la permission d'Allah.
Heureux celui qui tire les leçons des mésaventures
      de l'autre.
 Paix sur celui qui suit le droit chemin ".
 | À LA RECHERCHE
      DE BEN LADEN
 ET DES CHEFS TALIBAN
Dans l'organigramme militaire des forces d'occupation
      en Afghanistan, deux unités ont pour mission de capturer
      ou d'assassiner les chefs des Taliban enregistrés sur
      une liste dénommée JPEL, (Joint Priority Effects
      List). La fiche de chaque cible, ou individu visé, est
      accompagnée d'un code : " K " pour "
      kill " ou tuer, " C " pour capturer et "
      KoC " " kill or capture " pour tuer
      ou capturer. Oussama Ben Laden figure sur cette liste mais le
      code accompagnant son nom n'est pas connu. Les forces spéciales françaises
      ne participent pas à ce programme appelé "
      Kill or Capture ". Les deux unités chargées
      de cette mission, l'une américaine et l'autre britannique,
      sont de niveau " Task Force ", en abrégé
      TF. La Task Force 373 (TF 373) est composée quasi exclusivement
      de " Green Berets " (Bérets
      verts) du 3ème Bataillon du 7ème SFG de Fort Bragg
      en Caroline du Nord, commandé par le Colonel James Kraft.
      Au cours de ses missions, la TF 373 se déplace avec des
      hélicoptères MH-47G Chinook, MH-60L " DAP
      " et des Cobra du 3ème Bataillon du 160ème
      SOAR (160th Special Operations Aviation Regiment Airborne, le
      régiment de soutien aérien des opérations
      spéciales), basé à Hunter Army Airfield,
      en Georgie (USA).  La TF 373 utilise au moins
      quatre bases aériennes en Afghanistan : Kaboul,
      Kandahar, Khost et celle de la Bundeswehr (armée
      allemande) à Mazar-i-Charif, qui abrite les éléments
      spécialisés dans les " direct actions
      " sur des objectifs à haute valeur stratégique.
 Elle collabore aussi avec les forces
      spéciales de l'ANA (Armée nationale afghane)
      et les autres pays de la coalition. Les unités qui forment
      l'ossature de la TF 373, ont déjà fait campagne
      en dehors de l'Afghanistan, principalement en Amérique
      latine (Nicaragua, Colombie etc...). Elles ont
      été choisies en raison de leurs habitudes de coopération
      avec la CIA. Parallèlement à la TF
      373, a été mise en oeuvre la TF 500, une unité
      équivalente composée de forces spéciales
      britanniques. Son champ opérationnel se limite au sud
      de l'Afghanistan et plus particulièrement à la
      province du Helmand. La TF 500 est
      sous l'autorité directe du général Richard
      Damatt. Elle est spécialisée dans la capture
      de chefs des 1er et 2ème niveaux, c'est-à-dire
      l'encadrement supérieur du soulèvement. Elle s'est
      spécialisée dans les interrogatoires. La TF 373 et la TF 500 diffèrent
      dans l'approche tactique pour des raisons stratégiques. Les Américains cherchent
      à décapiter le commandement des insurgés
      pour démotiver les combattants les moins radicaux et isoler
      les chefs hors de portée des coups des forces d'occupation.
      Aussi la TF 373 a-t-elle pour mission d'abattre tous les cadres
      de l'insurrection, y compris les " modérés
      ". Les Britanniques, en revanche,
      veulent susciter le remplacement des cadres insurgés les
      moins radicaux par les " modérés "
      plus ouverts à la négociation. Pour ce faire, ils
      ciblent les décideurs et les éléments les
      plus violents ou les plus radicaux en termes religieux ou politiques. Des éléments des deux
      TF assurent le " debriefing " des cibles capturées
      qui sont regroupées à la prison de Btif, un groupe
      de hangars installés sur la base aérienne de Bagram,
      au nord de Kaboul. Les prisonniers sont ensuite ventilés
      vers d'autres prisons en fonction de leur importance. En décembre 2009, on comptait
      757 détenus des deux TF, enregistrés sous des codes
      et des numéros. Depuis le début de la mission,
      4588 individus seraient passés par leurs mains.  Les deux TF n'interviennent
      pas sur le territoire pakistanais, à l'exception de la
      zone des FATA, (Federally Administred Tribal Areas - les
      régions tribales pakistanaises). Au-delà des FATA,
      c'est la CIA qui opère.
 L'action de cette dernière étant
      par essence clandestine et donc les moyens mis en oeuvre moins
      importants, les bilans sont plus limités. Seuls les drones
      permettent en outre une action de type " K "
      (tuer) significative mais avec une probabilité importante
      de dégâts collatéraux. Résultat, ce
      type d'action se révèle d'autant plus difficile
      à conduire dans l'espace aérien pakistanais que
      l'ISI (service de renseignement pakistanais) exerce des
      pressions sur les politiques pakistanais pour y mettre un terme. Les opérations d'élimination
      engagées par les deux TF et la CIA nous apparaissent remises
      en cause sur le moyen terme dans le cadre conjoint de l'alliance.
      D'une part en raison des divergences tactiques et stratégiques
      entre Américains et Britanniques, mais également
      parce que l'existence de la TF 500 prendra fin probablement avec
      le désengagement annoncé des Britanniques. En effet, pour des raisons budgétaires
      et politiques, David Cameron ne sera pas enclin à
      continuer une coopération dans le nouveau secteur d'action
      que va constituer dans les prochains mois le Yémen
      où un nouveau front s'est ouvert contre Al-Qaïda. Pour ce qui est du théâtre
      afghan et des américains, les quelques progrès
      militaires dans le sud n'empêchent pas l'échec politique.
      La seule stratégie payante pour essayer d'éviter
      à terme une éviction de Karzaï et de
      ses autres alliés afghans, reste la neutralisation des
      chefs taliban et des leaders d'Al-Qaïda, en entraînant
      le fractionnement des groupes et des clans. En revanche, il semble que l'option
      choisie sera le passage des opérations sous autorité
      directe de la CIA, afin de rendre plus courte, plus rapide
      et plus fluide la chaîne de commandement. Cette méthode
      pourrait connaître un développement en étant
      mise en place assez rapidement au Yémen, contre l'AQAP,
      sigle de l'Al-Qaïda locale, par la constitution d'une TF
      uniquement yéménite avec un encadrement américain. La France et le Qatar
      pourraient être alors impliqués indirectement par
      l'utilisation de bases et de nos moyens logistiques à
      Djibouti dans l'accueil de drones Predator. Mais pour
      ce qui est de leur utilisation, il semble que les yéménites
      renâclent par crainte de dommages collatéraux qui
      pourraient alimenter la sympathie pour les insurgés. La traque de Ben Laden et Al Zawahiri
      n'est pas terminée au Pakistan. Celle des chefs d'AQAP
      se met en place et les américains rêvent déjà
      de l'étendre à la lutte contre l'AQMI dans la région
      sahélienne. Alain Duprat
 |