CENTRAFRIQUE
HOLLANDE S’EN VA EN GUERRE

Depuis le 22 mars, plus de soixante personnes ont été tuées dans les violences en Centrafrique, a rapporté Cécile Pouilly, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme le 1er avril. Le 27 mars, des lancers de grenades dans un centre funéraire faisaient une vingtaine de morts à Bangui. Le même jour, selon l’officielle des Nations Unies, « les soldats tchadiens tiraient sans discrimination dans la foule », tuant 24 autres personnes.

A cela s’ajoute le drame des déplacés. 637 000 personnes ont du quitté leur domicile. 207 000 se sont réfugiées à Bangui et 319 600 dans les pays voisins. En clair, lancée les 5 et 6 décembre dernier pour rétablir la sécurité en République centrafricaine, l’opération Sangaris, menée par la France, n’a pas atteint son objectif.

A qui la faute ?

Quelques-uns font mine de croire que, nous Français, aurions pu abandonner ce pays à la violence. Ils se trompent : tant les liens forgés par l’Histoire avec les pays francophones d’Afrique que notre expertise exceptionnelle de cette région du monde nous interdisent la passivité.

Nous étions donc obligés d’agir. En Afrique comme dans le reste du monde, personne ne le conteste. Nos dirigeants ont cependant sous-estimé la situation. Certes, une milice musulmane s’appuyant sur une minorité de la population, la Séléka, s’était emparé du pouvoir par la violence. Mais, de l’autre côté, d’autres milices, représentant la majorité chrétienne et animiste, les Anti-Balakas, voulaient se venger.

Nous n’intervenions pas seulement dans le pays pour désarmer la Séléka, mais aussi pour empêcher un processus sanglant de revanche. Nos hommes se voyaient donc dans une position de force d’interposition. Or, tout le monde le sait, pour effectuer une telle mission, il faut des effectifs nombreux capables de quadriller le territoire.

Nous n’intervenions pas seulement dans le pays pour désarmer la Séléka, mais aussi pour empêcher un processus sanglant de revanche. Nos hommes se voyaient donc dans une position de force d’interposition. Or, tout le monde le sait, pour effectuer une telle mission, il faut des effectifs nombreux capables de quadriller le territoire.

Sans doute grisé par son relatif succès au Mali, où nous combattions un ennemi clairement identifié et peu nombreux, le gouvernement français a mal pris en compte la réalité de la situation en Centrafrique. Dans un pays un peu plus grand que la France métropolitaine, nous avons dépêché jusqu’à 2000 hommes soutenus par 6000 militaires africains envoyés par des pays amis. À cela une bonne raison : avec 100 000 hommes dans l’armée de terre, effectif le plus bas de toute notre histoire, nous manquons de soldats. La politique de réduction de nos forces pour des raisons budgétaires fait que l’armée n’est plus à même de remplir ses missions.

Nous ne sommes cependant pas les seuls à nous leurrer. Le 3 mars, les Nations Unies décrétaient le déploiement de 12 000 Casques bleus en Centrafrique... Mais à partir du 15 septembre. En attendant, les Centra-fricains peuvent se massacrer joyeusement. Quant à l’Union européenne, le 15 février, elle a promis 1000 soldats. Un effectif ridicule que, début avril, on attendait toujours à Bangui.

Or, la crise risque de prendre des proportions si l’on n’éteint pas le feu rapidement. En effet, les troupes tchadiennes, les meilleures des effectifs africains engagés, sont aussi dangereusement impliquées. Formées de musulmans, elles viennent d’un pays où le Centrafrique est considéré par beaucoup comme le prolongement de leur pays. En clair, comme on l’a vu plus haut le 27 mars, les Tchadiens pourraient nous déborder.

 La faille du dossier malien

Dans Le Figaro du 18 mars, on lisait: « Au Mali, les négociations avec les Touaregs piétinent ». Et c’est vrai ! La France ne parvient pas à régler le différend entre cette ethnie et l’État malien. Ce n’est pas une fatalité mais le résultat d’une erreur tactique.

Nous avons approuvé l’opération Serval, conduite par la France. Elle a permis de chasser les radicaux islamistes d’AQMI des agglomérations du nord du Mali. Nous avons aussi approuvé la collaboration avec les Touaregs du MNLA qui avaient eu une alliance fugace avec les gens d’AQMI. A la différence de ces derniers, les Touaregs ont en effet des droits légitimes au nord du Mali. D’un point de vue intéressé, ils sont aussi les seuls à jouir d’une bonne connaissance de la région et donc les seuls à pouvoir traquer efficacement les combattants d’AQMI et leurs alliés.

Tout, cependant, avait commencé avec le soulèvement des Touaregs, en janvier 2012, contre le pouvoir central. Avant de lancer l’opération militaire, nous fût-elle comme on le dit imposée par l’ennemi, il fallait selon nous à tout prix régler par la négociation le conflit entre les Touaregs et le pouvoir central. Aujourd’hui, nous payons le prix de cette négligence.

Car, d’une part, Bamako exerçant à nouveau sa souveraineté sur tout le territoire a retrouvé son orgueil d’État et cherche à faire oublier son humiliation en se faisant intransigeant. D’autre part, les Touaregs, ayant participé à l’éradication des islamistes radicaux en coopération avec les soldats français, s’estiment le droit de faire valoir leurs revendications.

Résultat, les deux camps se montrent aujourd’hui intransigeants quand, avant l’offensive menée par les Français, ils auraient été prêts à faire des concessions.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil