LA MENACE
NORD CORÉENNE

 

Le 25 mai 2009, La Corée du Nord effectuait un second essai nucléaire. Le 8 juin, elle condamnait à 12 ans de réclusion en camp de travail deux journalistes américaines accusées, selon elle, de franchissement illégal de la frontière. Provocation ou déclaration d’hostilités inconsidérée ?

Quand Pyongyang, la capitale nord-coréenne, effectue cinq tirs d’essai de missiles dans le même temps et dénonce les accords d’armistice signés en 1953 avec la Corée du Sud, vu d’Occident, on peut croire en effet à une quasi déclaration de guerre.

L’Histoire n’est pas là pour nous rassurer. En 1945, le pays était libéré de la férule japonaise. Le Nord, sous contrôle soviétique, cherchant à annexer le Sud, le 25 juin 1950, ses troupes attaquaient.

Les États-Unis intervenaient avec l’aide de plusieurs pays, dont la France. L’Union Soviétique et la Chine soutenaient pour leur part l’effort de guerre de l’agresseur. L’armistice du 27 juillet 1953 mettait un terme aux affrontements au cours desquels les États-Unis avaient perdu plus de 24 000 hommes. Le Nord instituait l’une des dictatures communistes les plus répressives du monde pendant que le Sud, sous le parapluie américain, devenait l’un des pays les plus riches de la région.

Mais nous ne sommes plus dans les années 50. Déclenchant un conflit armé, la Corée du Nord de 2009 se retrouverait bien seule. Ni la Chine, ni la Russie n’ont envie d’une nouvelle guerre de Corée.

Moscou, par l’intermédiaire de l’agence de presse étatique, Novosti, a fait passer le message. « Pyongyang, dit-elle dans une dépêche datée du 9 juin, joue un jeu dangereux, mais bien réfléchi ». Pour les Russes, la Corée du Nord veut obtenir des aides américaines, en échange de l’arrêt de son programme nucléaire militaire car, comme elle le fait remarquer, jusqu’ici elle « n’a reçu que des promesses creuses ». Moscou, expert en la matière, a bien compris qu’il ne s’agissait de rien d’autre que d’un chantage.

En coulisse, néanmoins, nous décryptons des intentions non déclarées. Au Conseil de sécurité des Nations Unies, la Chine, membre permanent, bloque les sanctions envisagées contre Pyongyang sur trois points : l’inspection en haute mer des cargos en provenance ou à destination de la Corée du Nord, l’extension de l’embargo sur les armes et des sanctions financières. On peut néanmoins la soupçonner d’agir ainsi plus pour se protéger des mêmes risques pesant sur elle, pour l’affaire du Tibet par exemple, que par solidarité avec son remuant voisin. Pékin, du reste, craint au plus haut point que le Japon ne se saisisse du précédent nord coréen, pour se donner à son tour une capacité nucléaire militaire.

L’argument est avancé par la droite à Tokyo, où on s’interroge ouvertement sur la fiabilité de la protection américaine, quand Washington apparaît de plus en plus en difficulté dans le reste du monde.

Barack Obama, en la matière, semble avoir pris la dimension du péril. Dans son discours du 4 juin à l’université du Caire, il a déclaré : « Je réaffirme fermement l’engagement de l’Amérique à vouloir un monde dans lequel aucun pays ne possède d’armes nucléaires ». Solution idéale, voire idéaliste, mais qui mettrait un terme à une prolifération que rien ne parvient à endiguer. Reste à se demander si la neutralisation de son arsenal nucléaire est de l’intérêt d’une puissance moyenne comme la France.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 

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