POURQUOI LES FAILLITES
D’ÉTATS EUROPÉENS?

FANTASMES, DOGMATISME ET
ABUS DE CONFIANCE

octobre 2011

Le 19 septembre 2011, « Standard & Poor’s », agence de notation financière (voir ci-contre), rétrogradait l’Italie de la cotation « A+ » à « A » en l’assortissant d’une perspective négative annonçant une rétrogradation à venir. Tout ce jargon pour dire l’Italie en situation de fragilité économique et représentant un danger potentiel pour ceux qui lui prêteraient de l’argent pour
l’aider à boucler son budget.

O
n constate les États européens désignés à risque, par les agences de cotation et les médias financiers, appartenant tous à la catégorie des pays de l’Union à faibles revenus et ayant largement bénéficié des aides de celle-ci : l’Italie dans une certaine mesure, mais surtout la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Irlande.

Tout remonte à l’esprit de la création de la Communauté puis de l’Union européenne. A l’initiative de Jacques Delors, alors à la tête de la Commission, l’Acte unique de 1986 (1) décréta : « La Communauté vise à réduire l’écart entre les diverses régions et le retard des régions les moins favorisées ».

A cette fin, l’entité européenne créera les Fonds structurels, comme le FEDER et le FSE (2) qui distribuent de l’argent afin d’aider au développement des régions les moins développés de l’Union. Baptisés JASPERS, JÉRÉMIE, JESSICA et autres, les programmes des Fonds structurels deviennent des machines à déverser 140 milliards d’euros par an au gré des fantasmes de la Commission.

L’Irlande est un bel exemple de ce gâchis. Dans les années 90, elle a bien profité du système et affichait alors une croissance de 6% l’an. On présentait ce pays comme le paradis du libéralisme. Les investisseurs s’y précipitaient, les impôts sur les sociétés étant dérisoires, car l’État vivait des subventions européennes et non du travail des habitants.

Certes, les salaires explosèrent, mais le prix des habitations aussi. Une maison qui valait 75 000 € en 1995 se vendait 390 000 € en 2006. Pris en outre d’une fringale de consommation, pour faire face, les ménages s’endettaient.

Ce n’était pas assez pour la finance internationale. Les banques de Wall Street, comme Goldman Sachs, démarchèrent l’État pour l’inviter lui aussi à emprunter.

Les ressources semblaient alors inépuisables. Tout le monde croyait au miracle. L’argent appelait l’argent et il suffisait, semblait-il, d’en dépenser pour en gagner.

Quelques années plus tard, avec la crise financière de 2008, précédée par celle des « subprimes » un an plus tôt, brusquement les économies ralentissaient. Les États européens, pour ne parler que d’eux, commencèrent à éprouver des difficultés pour rembourser les dettes accumulées. Ils auraient pu réduire leur train de vie. Ils firent le contraire, augmentant encore leur déficit et donc leurs emprunts, le comble, pour aider leurs banques.

Jusqu’au moment vérité, hier pour la Grèce, aujourd’hui pour l’Italie, quand les banques internationales, craignant de ne plus toucher les intérêts sur l’argent prêté, sonnent l’alerte avant qu’il ne soit trop tard... pour elles.

Cette histoire ressemble à une fable dans laquelle les hommes auraient joué le rôle des bêtes. Elle devrait nous apprendre : on ne construit pas sur la base de fantasmes, comme on a voulu bâtir l’Union européenne, et on ne doit pas croire au dogmatisme fait de recettes déconnectées de la réalité. Enfin, nous devons nous garder des aigrefins de la finance, quand ils viennent nous proposer de l’argent dont nous n’avons, en fait, pas besoin. Il faut apprendre à vivre avec ce que l’on gagne.

 

Notes


(1)
L’Acte unique est un traité créant un marché européen ouvert, pour la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes d’un pays à l’autre.
(2) FEDER : Fonds européen de développement régional. FSE : Fonds social européen.
Une autre escroquerie en route

Les agences de notation et la crise grecque
La crise grecque éclata, on s’en souvient, en décembre 2009, quand les agences de cotation financière dégradaient brusquement la cote de crédibilité d’Athènes *.

Il faut savoir les agences de notation financière chargées d’évaluer la solvabilité, par conséquent la capacité à s’endetter, des entreprises et des États souverains. Un bien dans des sociétés financiarisées comme les nôtres.
Déclarées indépendantes des banques et surtout des pouvoirs publics elles sont donc de droit privé. Mais les trois plus grandes de ces agences étant basées aux États-Unis, sont-elles vraiment indépendantes.
Il s’agit de « Standard & Poor’s », de « Moody’s » et de « Fitch Ratings ». À elles trois, elles détiennent 94% du marché, 40% pour les deux premières et 14% pour la troisième.
Incontournables à l’échelle mondiale, les avis de ces trois agences servent de références aux investisseurs, qui choisissent de placer leur argent en fonction des notes obtenues par les entreprises et les pays.
Pour étalonner le degré de crédibilité financières, Moody’s, la première, bientôt imitée par ses deux concurrentes, a établi une échelle de notation, allant de « AAA », le fameux « triple A », pour les structures les plus solides, à « C », pour les pays et les entreprises en situation de faillite.
Néanmoins, quand on connaît le manque de scrupules des Américains en matière financière, les doutes surgissent quant à la pureté des intentions des donneurs de cotations. Par exemple, on leur reproche tout à la fois, et de manière contradictoire, de provoquer des faillites et de ne pas anticiper suffisamment sur les crises prévisibles.
Ainsi, le 28 avril 2010, Jean Arthuis, ancien ministre d’Alain Juppé et sénateur de la Mayenne, déclarait à l’AFP : « Depuis 2004, on savait que les autorités grecques trichaient. Les agences (de notation) auraient pu se manifester plus précocement. Si elles avaient anticipé, peut-être que les autorités grecques auraient réagi plus tôt face à leurs difficultés ».
Oui, mais, la banque d’investissement Goldman Sachs déversait ses produits financiers pourris en Grèce depuis des années. Comment des institutions américaines auraient-elles pu porter préjudice aux juteuses affaires d’une banque de leur pays ?
À la lecture de ces lignes on comprendra mieux la nécessité de donner à la planète des agences de notation financière échappant à la sphère d’influence américaine.
*La « Fitch Ratings » intervenait la première le 8 décembre 2009, suivie le 16 décembre par la « Standard & Poor’s » et le 22 décembre par la « Moody’s ». 
Une autre escroquerie en route
L’Europe autorise un déficit public ne dépassant pas 3%. Tout le monde se dit que 3% du budget, cela est insignifiant.
En réalité, il ne s’agit pas de 3% du budget mais de 3% du PIB, autrement dit de la richesse produite par le pays dans l’année. À titre de comparaison, en France, en 2010, les recettes de l’État s’élevaient à 308 milliards d’euros. Le PIB à 1 946 milliards. Le déficit public de 3% correspondrait donc à 58 milliards d’euros, soit 19% du seul budget.
Question : L’Europe veut-elle vraiment nous sortir de l’endettement ?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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