SUR L’EXTERMINATION DES JUIFS PENDANT LA GUERRE

avril 2009

Le sujet est encore remonté en première ligne de l’actualité avec l’intervention, à ce propos, de Jean-Marie Le Pen, face aux députés du Parlement européen.

Nous avons une position très claire à propos de l’extermination des Juifs pendant la guerre. Il existe suffisamment de témoignages pour ne pas pouvoir la mettre en doute et chercher à en réduire l’importance nous apparaît même manquer de décence, tant à l’égard des survivants que des familles des victimes.

En revanche, que l’on soit choqué par le harcèlement médiatique et la récupération politique, faits au nom de cet événement, nous semble compréhensible. Comme nous apparaît compréhensible la frustration suscitée par la quasi indifférence réservée à la souffrance des autres victimes de la furie nazie.

Certains, à la vue des excès commis par Israël, ou simplement parce qu’ils rendent tous les Juifs responsables des fautes commises par une partie d’entre eux, en viennent, pour les blesser, à nier le plan d’extermination mis sur pied et exécuté par les nazis.

Nous croyons qu’il convient d’être juste. D’abord au nom de nos valeurs. Ensuite pour donner plus de force à notre voix. Car à nier ce que l’on appelle la Shoah, on affaiblit les critiques émises contre Israël, quand ce pays le mérite, et l’on se retire toute légitimité pour dénoncer la dérive communautariste, au regard de nos usages, d’un nombre grandissant de Juifs.

Enfin, aux yeux de la majorité, refusant de reconnaître les crimes nazis perpétrés contre les Juifs, on place ces derniers dans le rôle de « victimes perpétuelles », leur souffrance étant revivifiée jour après jour par ce refus. On leur accorde ainsi un privilège exorbitant, par rapport aux droits du reste de l’Humanité, et le moyen d’échapper, au nom de ce privilège, aux condamnations méritées individuellement. Ironie du sort, on voit ainsi la « cause » d’un certain identitarisme juif, servie par ses plus féroces détracteurs.

Il convient aussi d’ajouter une réflexion. La loi Gayssot, du 13 juillet 1990, en pénalisant la négation de l’extermination des Juifs par les nazis, produit un effet similaire à celui dont les négationnistes sont la cause. Car, traitant de manière exceptionnelle le génocide des Juifs, la législation accorde aux Israélites un droit supérieur aux autres catégories humaines victimes de drames comparables, comme les Arméniens de Turquie, les Indiens d’Amérique ou les Ukrainiens sous Staline, pour n’en citer que quelques-unes.

Nous avons le même sentiment d’assister à l’installation d’une mesure inéquitable, quand nous pensons à la manière dont cette loi handicape la recherche historique. Pour résumer ces deux dernières positions, nous ne trouvons rien de mieux que les mots de Jacques Toubon, prononcés en séance de l’Assemblée nationale le 21 juin 1991 : « Je suis contre le délit de révisionnisme, a-t-il dit, parce que je suis pour le droit et pour l’Histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l’Histoire ».

Pour conclure, sans doute Le Pen croit-il bien agir en répétant une fois encore que le crime commis contre des Juifs par Hitler n’est qu’ « un détail de l’Histoire ». Nous croyons pour notre part, qu’à ce jeu, il blesse inutilement la sensibilité de trop de gens. Et, qu’en outre, il porte préjudice à la cause qu’il affirme défendre.

Alain Chevalérias

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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