LA GRÈCE SACRIFIÉE
par le FMI et l’Europe

juillet 2013

L’Europe aurait pu être la chance des Européens. Elle est devenue une administration tyrannique et tatillonne. Pire, l’une des causes de la crise aujourd’hui traversée par les « 28 », 28 depuis l’entrée de l’innocente Croatie dans cette machine à broyer les peuples. Les Grecs ont perdu cette innocence. Les richesses du pays ont été mises aux enchères, nombre de salariés et de retraités réduits à la survie. Dernier épisode, le 11 juin, la fermeture de l’ERT, la télévision grecque. Des milliers de gens se retrouvent au chômage et la Grèce privée de son principal moyen d’affirmation de sa spécificité culturelle. Ceci se passe alors que, dans un rapport publié le 6 juin (1) par ses services, le FMI (2) dresse un bilan consternant des erreurs commises dans le plan de secours imposé à la Grèce en 2010 pour l’aider, disait-on, à sortir d’un surendettement proche de la faillite. (Le rapport « Country report N° 13/156 »)

Le rapport compte 50 pages et analyse les effets des décisions prises par la « Troïka » formée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI.

Après quelques pages clamant les bonnes intentions de ces vénérables institutions, au paragraphe 21 on lit : « Le ralentissement économique s’est révélé considérablement plus important que prévu (...) En 2012, le PIB (3) a été 17% plus bas qu’en 2009, ceci comparé au 5,5% de baisse escompté » dans le programme de soutien.

La Troïka prévoyait un retour à la croissance avant 2014, lit-on. On en est loin. En 2012, et restant sur la même ligne en 2013, « le taux de chômage a été de 25% alors que le programme prévoyait un plafond de 15% ».

Au paragraphe 24, les auteurs notent l’excessive croissance fiscale. « La politique des taxes additionnelles mise en oeuvre pendant le programme , écrivent-ils, a accru les taux des impôts indirects, incluant un plus haut taux de TVA, une nouvelle taxe sur les propriétés et, d’une certaine manière, un accroissement des impôts sur le revenu. Des efforts ont aussi été faits pour renforcer l’administration fiscale et augmenter sa capacité de collecte des impôts ». La machine à tondre s’est mise brutalement en marche, brisant les ressorts de l’économie, constate-t-on.

Au paragraphe 29, le rapport admet que les résultats attendus des profits des privatisations, les ventes des biens de l’État, ont été bien moindres que prévus. Et pour cause, quand la faillite est annoncée les repreneurs, peu nombreux, n’offrent que des montants dérisoires. Ce qui vaut pour les entreprises vaut pour les États.

Au paragraphe 32, l’équipe du FMI constate que « l’absence d’actions pour réduire les salaires du privé pourrait avoir aggravé la perte d’emplois provoquée par le ralentissement économique ». Eh oui ! Messieurs, quand il y a moins de commandes, ou bien les entreprises réduisent les salaires pour garder tout le personnel, ou bien elles licencient. Sinon, c’est la faillite.

Au paragraphe 35, toujours dans le domaine des évidences que ces grands savants ignorent, on lit : « Comme la récession s’intensifiait et que les liquidités s’asséchaient, le secteur financier a crû en vulnérabilité ».

Nos « supermen » de l’économie en arrivent à la conclusion qu’en Grèce, sous le programme de la Troïka, « alors que des ajustements fiscaux significatifs ont été mis en oeuvre, des objectifs vitaux tel que le retour de la confiance et la restauration de la croissance n’ont pas été atteints ». Et d’ajouter : « Cela soulève d’importantes questions concernant la conception du programme » par la Troïka.

Dans le paragraphe 53, le rapport admet que « le programme était basé sur nombre d’ambitieuses présomptions », en d’autres termes, basé sur des objectifs inatteignables.

La conclusion du paragraphe 57 laisse sans voix : « D’un point de vue positif, lancer le programme grec a donné le temps à la zone euro de bâtir sa défense pour protéger d’autres pays vulnérables et prévenir des retombées néfastes sur l’économie globale. ». Cependant, « si une restructuration plus nette de la dette aurait été meilleure pour la Grèce, cela n’était néanmoins pas acceptable pour ses partenaires européens ».

Et d’estimer que le retard pris pour restructurer la dette a permis aux débiteurs de la Grèce de faire glisser celle-ci dans des mains institutionnelles laissant les citoyens grecs et leur administration au milieu du gué. En d’autres termes, l’Europe, en tant qu’administration, a sacrifié la Grèce pour sauver ses intérêts.

Notes

(1) Publié le 6 juin mais daté du 20 mai.
(2) Fonds monétaire international.
(3) Produit intérieur brut, richesse produite sur un an dans un pays.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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