L'OR NOIR DE LA GUERRE

Aout 2004

 

L'OR NOIR DE LA GUERRE

Aout 2004

 On assiste aux États-Unis, dans les allées du pouvoir du moins, à un étrange décalage entre la réalité et l’idée que l’on s’en fait. Deux ans après la tragédie du 11 septembre 2001, et après une guerre inutile en Irak mettant le monde en risque d’implosion, une commission ad-hoc préconise de réformer les services de renseignement quand il faudrait changer le pouvoir politique.

 

 Le 16 août 2004 encore, George Bush a bien involontairement mis en avant sa priorité: le pétrole et seulement le pétrole.

 « Dans la nouvelle décennie, a-t-il dit, nous allons déployer une force plus agile et plus souple, ce qui signifie que davantage de nos troupes seront stationnées et déployées depuis ici, chez nous… »

Et les responsables du Pentagone d’expliquer. 27 000 hommes seront dégagés d’Allemagne et 12 500 de Corée du Sud, soit un tiers des effectifs dans ce pays.

Les 40 000 militaires américains au Japon verront leur effectifs fondre dans les mêmes proportions.

Une partie de ces forces sera restructurée en éléments d’intervention rapide. Beaucoup rejoindront cependant l’Irak. Plusieurs milliers sont déjà partis du Japon, et 3600 ont quitté la Corée du Sud pour rejoindre Bagdad.

Les Américains vont profiter de ces mouvements de troupes pour renforcer leurs bases de Sigonella, en Sicile, et de Naples, où le quartier général des forces navales déménagera de Grande-Bretagne.

Ce renforcement au Nord de la Méditerranée est complémentaire d’une autre évolution, quand Washington s’installe en Libye et ouvre des bases militaires en AlgérieMers El Kebir, construit par la France, reçoit les sous-marins américains.

En clair, les États-Unis se dégagent de Corée du Sud, en dépit de la volonté affirmée par le Nord de se doter de l’arme nucléaire. Dans le même temps, ils s’installent dans les pays d’Afrique du Nord détenteurs de pétrole. Sous prétexte bien sûr d’anti-terrorisme. On comprend la sécurité mondiale un prétexte, pas leur raison d’agir.

 Les planificateurs d’Al Qaïda ont compris les plans américains d’abord économiques. En outre, ils savent les États-Unis fragiles sur ce terrain. Alors ils les attaquent là aussi.

-Le 11 septembre 2001, ils avaient spéculé sur l’effondrement de la bourse américaine.
-Aujourd’hui, à leur manière, ils utilisent l’arme du pétrole. Tous les jours, des oléoducs sont sabotés en Irak, les exportations vers la Turquie ou par le Golfe arabe-persique interrompues. En Arabie Saoudite, les attaques terroristes contre les étrangers tendent à les dissuader de rester. Or sans eux, le pays serait incapable d’exploiter son pétrole. L’attentat d’Al-Khobar, le 29 mai, en pleine zone pétrolière, est symptomatique.

Repérant chez eux des réseaux liés à Al Qaïda, les services de renseignement du monde entier, y compris des pays arabes, ont gagné une manche. Cela explique les difficultés rencontrées par les gens de Ben Laden pour lancer des attaques aussi destructrices que celles du 11 septembre.

Mais, Al Qaïda concentrant ses attaques sur l’Irak, dans une période de tension sur les marchés du pétrole, joue une carte redoutable. Le 24 août, le baril de brut a frôlé les 50 dollars. En quelques mois, il a doublé. Imaginons un carburant rare, dont le prix prendrait 50% à la pompe en plein hiver.

Nos économies tiendraient-elles le coup?

 

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