Hani Ramadan et nous

septembre 2015

Hani Ramadan a eu ce qu’il voulait : faire parler de lui.
Fin août, il publiait sur son blog une étrange mise en perspective de la tentative d’attentat du Thalys. « Avant toute enquête, écrivait-il, voilà que toute la presse et les médias reprennent en choeur le scénario qui célèbre les héros du Thalys, ce groupe d’hommes qui aurait réussi à neutraliser un terroriste avéré avant même qu’on songe à le taxer de terroriste présumé ».

Pour être basse, l’attaque n’en est pas moins intelligente. Intelligente parce qu’elle s’appuie sur un principe de droit : « la présomption d’innocence ». Mais néanmoins basse, parce que les hommes qui sont intervenus risquaient leur vie.

D’autant plus basse que le « terroriste », osons le mot n’en déplaise à Ramadan, n’avait certainement pas sorti de son sac un Kalachnikov pour se contenter d’en admirer la ligne.

La présomption d’innocence perd en force, face à l’évidence en situation de flagrant délit. Ne pas l’admettre revient à faire preuve de mauvaise foi. Ramadan est trop intelligent pour ne pas le savoir. Comme il sait ses propos ayant d’autant plus d’impact sur les esprits de jeunes musulmans qu’il se sert de sa posture de petits-fils d’Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans.

Voilà pourquoi, plus que les propos eux-mêmes, nous sommes étonnés par l’inaction des autorités. Car à dose homéopathique, Ramadan distille le même poison que la propagande jihadiste.
Dans le fond, cependant, nous comprenons la passivité de nos États face à Ramadan : le contrer reviendrait à mettre en évidence les erreurs et les injustices commises par nos pays.

Ramadan l’a bien compris ! Répondant à ses détracteurs outrés par sa position sur l’affaire du Thalys, il a lancé un autre billet pour, en guise de justification, dénoncer « le soutien de l’alliance américano-sioniste euro-compatible au putschiste Al-Sissi, tout comme la passivité de la communauté internationale... »

Nos faiblesses et nos roueries servent d’arguments à Ramadan, aussi sur ce terrain sommes-nous fragiles. En revanche, il fait le silence sur les excès de ses amis islamistes, à commencer par ceux du Président égyptien déchu, Mohamed Morsi.

En définitive, nos fautes font le lit des extrémistes de tous bords.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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