Un attentat contre les soldats français au Liban

août 2011

Le 26 juillet 2011, une charge explosive posée en bordure de route blessait six soldats français de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban). Quasiment occultée dans nos médias, en tout cas peu évoqué, cette attaque est pourtant un signal alarmant. D’autant plus que, le 27 mai, un autre attentat avait blessé six soldats italiens de la même FINUL.

La FINUL est positionnée au Sud-Liban, comme force d’interposition entre Israël et le Pays du Cèdre, depuis l’attaque massive de l’État hébreu, en juillet 2006, suite à la prise en otages par le Hezbollah de deux soldats israéliens.

À forte composante française, cette formation multinationale est acceptée par les deux pays et par le Hezbollah. Afin de s’assurer un environnement favorable au déroulement de leur mission, les responsables de la force des Nations Unies ont toujours cherché à entretenir une bonne relation avec le parti chiite. Ainsi, de nombreuses rencontres officieuses ont eu lieu entre des officiers français et des représentants du Hezbollah, au Liban mais aussi en France, dont une dans un restaurant du XVème arrondissement de Paris.

Cette précaution n’était pas inutile. En effet, le Hezbollah exerce un contrôle serré sur la population en majorité chiite du Sud-Liban. Du reste, à plusieurs reprises, des manifestations prétendues spontanées, de villageois de cette région, ont été montées par le « Parti de Dieu » pour exercer des pressions sur nos troupes. Cela fait partie du jeu ambigu auquel nous sommes forcés au Proche-Orient.

Il existe néanmoins une autre raison à ces contacts avec le Hezbollah. À plusieurs reprises, les chefs d’Al-Qaïda ont dénoncé la présence de la FINUL au Liban, la présentant comme une force d’occupation de « la patrie islamique ». Des menaces d’attaques ont alors été proférées.

Or, on sait Al-Qaïda recrutant dans les milieux sunnites et nourrissant une animosité partagée avec le Hezbollah. Dans un environnement chiite, qui lui est inféodé, le Parti de Dieu apparaît donc comme la meilleure protection des soldats de la FINUL, en termes de renseignement, pour détecter des présences suspectes.

Le danger apparaît d’autant plus réel que des éléments palestiniens, présents dans les camps de réfugiés du Liban, se réclament d’Al-Qaïda.

Le modus vivendi régnant entre le Hezbollah et la FINUL se voit remis en question, depuis mars dernier, époque du déclenchement des manifestations en Syrie et de la répression sanglante opposée par le pouvoir à sa population en colère.

Il faut savoir la Syrie l’un des seuls États arabes alliés de l’Iran et ce dernier pays parrain et financier du Hezbollah. En outre, ce parti assure ses liaisons et reçoit la plus grosse partie de ses armes à travers la frontière syrienne. En clair, la chute du régime des Assad à Damas provoquerait l’affaiblissement de Téhéran et l’isolement du Hezbollah.

Dès lors, on comprend le soutien déclaré du Hezbollah à l’autorité syrienne, au détriment des aspirations du peuple syrien. Or, la France (comme les Nations Unies), parmi d’autres et bien qu’avec prudence, a pris position contre les excès sanglants du régime des Assad.

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre : les attaques, lancées contre les Italiens et les Français de la FINUL, sont un message, adressé par le Hezbollah, pour alléger la pression sur la Syrie.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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