LE HEZBOLLAH ACCULÉ

mars 2011

Le 12 janvier, les dix ministres membres du Hezbollah ou alliés de ce parti se retiraient du gouvernement libanais. Téléguidé, un onzième ministre les suivait. Le gouvernement tombait.

Il faut savoir le fonctionnement politique du Liban un paradoxe permanent. Les trois plus grandes communautés, sunnites, chiites et chrétiens maronites, respectant un pacte national, se partagent les portefeuilles de ministres. Bien qu’appartenant à une alliance qui a perdu les élections, le Hezbollah s’est réclamé de ce pacte, pour siéger au gouvernement au nom des chiites.

Ce n’est pas la seule bizarrerie. Toutes les milices qui occupaient le terrain pendant la guerre civile (de 1975 à 1990) ont été dissoutes. Sauf le Hezbollah qui, sur décision de la Syrie quand elle contrôlait encore le Liban, s’est vu élevé au rang de « Résistance », en l’occurrence contre Israël. Du jamais vu, dans un pays qui dispose d’une armée nationale pour défendre son territoire.

Ainsi voit-on le Parti de Dieu capable de déstabiliser le Liban à la fois par le jeu politique et par celui des armes. Cette fois, il a eu recours à la politique. Mais on le sait fourbissant ses armes. La question est, pourquoi menace-t-il de saborder le bateau sur lequel il est embarqué avec les autres Libanais ?

On se souvient qu’au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, en février 2005, les Nations Unies ont mis sur pied le TSL ou Tribunal spécial pour le Liban. Sa mission consiste à mener une enquête, pour traduire en justice les auteurs de l’attentat.

Le Hezbollah n’aurait pas réagi si en mai 2009, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel n’avait publié un article affirmant que, pour le TSL, il était un organisateur possible de l’assassinat de Rafic Hariri et de ses compagnons. Le parti chiite fit d’abord le gros dos, mais, prenant la mesure de la menace, le 16 juillet 2010, au cours d’un discours public, son chef, Hassan Nasrallah, attaquait le Tribunal des Nations Unies et le déclarait illégitime.

Puis commençait une campagne médiatique, orchestrée par le Hezbollah et ses alliés pour discréditer les témoins, certains il est vrai douteux, et attribuer la responsabilité de l’attentat à Israël. Les prétendues preuves laissent circonspects, présentées cinq ans après les faits. Cette fois, l’État hébreu ne semble pas impliqué. Du reste, Nasrallah a refusé de livrer les soi-disant pièces à conviction au TSL, se contentant de lui livrer le film de propagande réalisé à l’intention de la presse.

Cependant, le 29 juillet, décidément acculé, par la voix de Hussein Hajj Hassan, « son » ministre de l’Agriculture, le Hezbollah éructait : « Si l’acte d’accusation, dans l’affaire Hariri, pointe du doigt des membres du Hezbollah ou insinue même qu’ils pourraient être impliqués dans l’attentat du 14 février (2005), le pays sera entraîné sur la voie de troubles et vers une situation difficile ». C’était la menace de la reprise de la guerre civile si Saad Hariri, Premier ministre et fils du défunt Rafic, ne dénonçait pas la prétendue « illégalité du TSL ».

Les partisans du Hezbollah savent son existence menacée. Les autres, ceux qui voudraient un retour à un semblant de légalité au Liban, comprennent l’épreuve de force inévitable. Les deux camps ont engagé la partie de bras de fer. Le Hezbollah en ayant provoqué la chute du gouvernement le 12 janvier 2011 et la majorité élue, en recevant l’acte d’accusation du TSL le 17.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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