Les rumeurs de guerre contre l’Iran affaiblissent les Américains en Irak

mai 2012

En retirant leurs troupes d’Irak, les Américains n’en avaient pas moins prévu de rester en force dans le pays. D’abord en maintenant sur place une ambassade surdimensionnée avec 16 000 employés, dont 2 000 diplomates, 9 000 personnels de service et 5 000 « contractors », plus clairement des mercenaires chargés de la sécurité.

Question « contractors », l’Irak n’en manque pas. Ils sont plusieurs dizaines de milliers et, quand les soldats américains stationnaient dans le pays, étaient même plus nombreux que ces derniers. Or la plupart des « agences » fournissant ce service sont des officines occidentales, le plus souvent américaines et britanniques. Les États-Unis espéraient bien garder la haute main sur le pays par ce biais.

Ils n’oubliaient qu’une chose. Profitant du départ de Saddam Hussein, l’Iran s’est implanté en Irak. Leurs services de renseignement sont partout. Un diplomate iranien nous a même dit : « En Irak, nous sommes chez nous ! » Pour ceux qui en douteraient, le Premier ministre Nouri Al-Maliki, un chiite, est proche d’eux. Déjà, dans les années 80, alors dans l’opposition, il dirigeait le réseau du djihad du parti chiite Ad-Dawa, soutenu par l’Iran et consacré aux activités contre le régime de Saddam Hussein.

Plus pragmatiques qu’on ne le croit, les ayatollahs de Téhéran auraient pu accepter un certain degré de cohabitation avec les Américains en Irak. Du reste, reprenant le rêve du Chah, ils voudraient Washington acceptant de les voir jouer le rôle de gendarmes de la région du Golfe. Les Américains ne le souhaitent pas et les Arabes non plus. On les comprend !

Aujourd’hui, quand la menace militaire contre l’Iran se précise, Téhéran joue son principal pion irakien, Al-Maliki, pour éviter, qu’à partir de l’Irak, les agents américains travaillant au sein des agences de mercenaires ne fomentent des opérations contre lui.

Les incidents se multiplient. Le fils d’Al-Maliki, Ahmed, étroitement associé au gouvernement de son père, a procédé fin décembre à l’expulsion de plusieurs sociétés de mercenaires de la Zone verte, secteur ultra sécurisé où se tient l’ambassade des États-Unis et les différents ministères irakiens. Quelques jours plus tôt, une patrouille de mercenaires de la société Triple Canopy a été détenue pendant 18 jours. Début janvier, c’était une centaine de mercenaires arrivant pour une relève qui étaient retenus dans des cellules à l’aéroport de Bagdad. Certains venaient assurer la sécurité de l’ambassade des États-Unis.

Plus inquiétant pour Washington : le ministère de l’Intérieur Irakien, dont Al-Maliki assure lui-même l’intérim, accuse désormais les sociétés militaires privées de « porter atteinte à la sécurité de l’État ».

Il faisait écho à l’arrestation, le 11 janvier, de quatre officiers américains patrouillant avec une voiture chargée d’armes. Ils se trouvaient alors à proximité de la résidence du gouverneur de Bagdad, Saleh Abdul Razzak, qui les a accusés de vouloir le tuer. Ahmed Al-Maliki exige que les agents de sécurité de l’ambassade américaine soient désormais escortés de policiers irakiens. Sinon, il menace de faire tirer sur eux sans sommation.

Le 1er février, Al-Manar, la télévision du Hezbollah libanais, assujettie comme on le sait à l’Iran, accusait le Mossad d’avoir infiltré des agents dans les sociétés de mercenaires travaillant en Irak. Ce qui, autant que nous le sachions, n’est pas dépourvu d’un fond de vérité. Le renversement de Saddam Hussein aura été un échec sur toute la ligne pour Washington.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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