IRAN, ISRAEL, ETATS-UNIS
La guerre des Trois aura-t-elle lieu ?

décembre 2007

Les Etats-Unis vont-ils attaquer l'Iran ? Dans les milieux politiques internationaux, cette question est sur toutes les lèvres.

Le 11 novembre 2007, Condoleezza Rice, la Secrétaire d'Etat américaine, déniait toute intention dans ce sens de George W. Bush. " Il est sur le sentier de la diplomatie " affirmait-elle devant les caméras de ABC. On sait pourtant l'option de la guerre avoir été évoquée à plusieurs reprises à la Maison Blanche, même si de nombreux officiers généraux s'y opposent.

Le 3 décembre, seize agences de renseignement américain publiaient un rapport commun. Confirmant la perte de crédit de Bush au sein de l'appareil de Défense de son pays, pour ce rapport, l'Iran ne cherche plus à se doter de l'arme nucléaire depuis 2003.

Bush répliquait le soir-même: "L'Iran était dangereux, l'Iran est dangereux et sera dangereux s'il dispose de la technologie pour fabriquer une arme nucléaire".

Il faut savoir: dans l'entourage du Président des Etats-Unis, il existe une coterie liée à Israël et à ses réseaux d'influence, qui pousse à la guerre contre l'Iran. Une raison à cela : Israël et l'Iran aspirent tous les deux à contrôler le Moyen-Orient. Le premier économiquement, le second par l'idéologie.

Pour y parvenir, Tel-Aviv voudrait voir Washington livrer la guerre à son concurrent pour le détruire. Quant à Téhéran, diabolisant Israël et se servant de la cause palestinienne, il cherche à faire basculer l'ensemble du monde musulman de son côté pour encercler l'Etat hébreu. On voit se dresser une offensive de diabolisation contre une autre.

Les nations d'Occident sont aveuglées par la peur de l'islamo-terrorisme. Les populations du Moyen-Orient, sont-elles aussi atteintes par la cécité, mais de colère sous l'effet de l'iniquité dont elles se sentent victimes en Palestine ou en Irak. Résultat, ni les uns, ni les autres ne voient à quel point Israël et l'Iran nourrissent des ambitions de domination comparables.

Les Israéliens se défendent de bâtir des projets hégémoniques. Pourtant, ils travaillent à étendre leur puissance, sous couvert d'activités économiques, au Kurdistan irakien, dans les pays du Golfe ou en Egypte, avec la même énergie que les Iraniens, sous des prétextes religieux, à travers le monde musulman.

Ils attribuent leur hargne contre l'Iran à la crainte de voir ce pays se doter de l'arme nucléaire. Etrange car, le 20 septembre dernier, ils n'ont pas saisi l'occasion qu'ils avaient d'y parvenir à moindres frais. Ce jour-là, une résolution était proposée par l'Egypte à l'AIEA*. Elle lançait un appel à " tous les pays de la région (moyen-orientale) pour établir une zone où des armes nucléaires ne seraient ni développées, ni fabriquées, ni essayées, ni acquises... "

Israël et les Etats-Unis, s'opposant à la résolution, ont mis en évidence que leur priorité n'était pas d'éviter la nucléarisation militaire de l'Iran mais de laisser à Tel-Aviv tous les moyens de dominer la région. A commencer par l'arme nucléaire, dans les mains de l'Etat hébreu depuis plusieurs dizaines d'années.

Plus grave à nos yeux, ni " Le Figaro ", ni " Libération " n'ont parlé de ce vote. Quant au " Monde ", il s'est contenté de traiter l'information en quelques lignes et uniquement dans sa publication électronique sur Internet. On le devine, ces journaux auraient été plus diserts sur le sujet si l'Iran avait voté non à la résolution et l'Etat juif oui. Cela en dit long sur une certaine maîtrise du contenu des médias à grand tirage.

Reste à s'interroger sur les conséquences qu'aurait une offensive contre l'Iran. On peut imaginer celle-ci se limitant à des bombardements. Provoqueraient-ils un soulèvement contre le pouvoir en place et l'effondrement du régime islamiste, comme certains l'affirment ? Souvenons-nous, l'autorité de Saddam Hussein sortit renforcée, en 1991, de la première Guerre du Golfe. En outre, nous le savons, l'Iran utiliserait la réponse du faible au fort en lançant des campagnes terroristes à travers le monde. Washington serait alors obligé, pris dans l'engrenage, d'envahir le pays.

Or l'Irak nous montre le coût d'une telle opération, surtout quand elle est menée par les Américains.

Dans un premier temps, leurs armées seraient obligées de conduire des opérations sur un territoire comprenant trois Etats disposant de frontières communes : l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan. Dans un second temps, Téhéran étendrait le conflit, en instrumentalisant les minorités chiites au Liban, au Pakistan, dans les pays du Golfe, en Inde, en Arabie Saoudite et même en Afrique.

En d'autres termes, les Etats-Unis seraient confrontés à une guerre mondiale dans laquelle tous les pays européens seraient précipités à leur tour. Le pétrole atteindrait des cours astronomiques, nos économies s'effondreraient, nos jeunes gens iraient se faire massacrer et le monde serait un enfer. Désolé pour Israël, il n'existe pas d'autre solution que la diplomatie. La guerre n'est qu'un ultime recours, quand notre sécurité est directement, et véritablement, menacée. Semble-t-il, au coeur de la Défense américaine, on commece à le comprendre.


Alain Chevalérias

 

* Agence Internationale de l'Energie Atomique, basée à Vienne.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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