Conséquences du renversement de Kadhafi

décembre 2011

Quelques éclairages sur les suites d’un conflit que l’on croyait régler en quinze jours.

Le 22 octobre 2011, un habitant de Syrte rentrait chez lui après avoir fui la ville, dernière à être tombée aux mains des rebelles après de durs combats. À la hauteur de l’hôtel Mahari, il tombait sur le spectacle de 53 corps allongés sur l’herbe. Tous, des hommes, ils étaient morts par balle, d’un coup dans la nuque ou dans la tempe. Certains avaient les mains liées dans le dos. D’autres portaient des plâtres ou des bandages signalant leur état de blessés. Tout cela indique l’exécution méthodique de prisonniers. Le CNT prétend qu’il s’agit d’assassinats perpétrés par Kadhafi avant de s’enfuir puis d’être capturé, sodomisé et lynché. Les propos du CNT sont peu crédibles et ses forces sont très certainement coupables de ces crimes.

Pour horribles que soient ces scènes, il y a plus inquiétant. Franklin Lamb, un journaliste américain dit avoir rencontré des partisans de Kadhafi se regroupant au Niger. Ils seraient déjà plus de 800. Au sein du Front le Libération de la Libye (FLL), ils se disent décidés à reprendre le combat. Le sang versé et les exactions commises par leurs ennemis leur servent de motivation.

Toujours au Niger, le 6 novembre 2011, dans le nord, l’armée tombait sur des Touaregs maliens armés. Ils arrivaient de Libye, où ils servaient, et tentaient de rejoindre leur pays à travers le désert. Ils se sont battus tuant un militaire nigérien. Treize Touaregs ont été tués, treize autres capturés.

Désormais, dans le Sahel, le danger des fuyards armés s’ajoute à celui de l’Aqmi, des trafiquants de drogue et des pro-Kadhafi.

La Libye sous la coupe des milices

Bernard Lugan a fait le tableau de la répartition des différentes milices se partageant le territoire libyen. Nous avons reçu confirmation par ailleurs.
Sous l’autorité du CNT (Conseil national de transition), à Benghazi, plusieurs groupes islamistes « plus ou moins autonomes » tiennent la rue.
A Tripoli, le TMC (Tripoli Military Council) est dirigé par Abdelhakim Belhaj, connu sous le nom de guerre d’Abou Abdallah Assadaq et ancien combattant d’Afghanistan aux côtés des hommes d’Oussama Ben Laden. Il a néanmoins des concurrents.
Depuis le 2 octobre est né le TRC (Tripoli Revolutionary Council) dirigé par Abdallah Ahmed Naker Al-Zentani, un homme originaire de Zenten, dans le Jebel Nafusa. Cette région est essentiellement peuplée de Berbères. Ces derniers ont aussi formé d’autres unités : la « Zenten Brigade » et la « Kekaa Brigade » qui se sont emparé du palais fortifié de Kadhafi, Al-Azizya, le 22 août dernier. Problème pour le CNT, les gens de Zenten n’acceptent pas son autorité et font flotter le drapeau berbère. Plus grave, quand le CNT leur a donné l’ordre de quitter Tripoli, ils ont refusé et le 3 octobre, paradant par défi dans les rues de la capitale, ils ont provoqué des réactions musclées des groupes islamistes.
A Misrata, ville portuaire qui a résisté aux assauts des rebelles pendant des mois, plusieurs dizaines de groupes sont fédérés sous l’autorité du MSR (Misrata Military Council). Eux aussi font preuve d’indépendance à l’égard du CNT et nourrissent de plus une méfiance régionaliste à l’égard de Benghazi, ville de l’est et point de départ de la « Révolution ».
Faute d’une armée véritable, le CNT dépend de dizaines de groupes ar-més hostiles entre eux. Menaçant de s’affronter, ils mettent le pays en danger.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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