LE SUICIDE POLITIQUE
DE RENZI

janvier 2017

Matteo Renzi
L
e 4 décembre 2016, le ciel tombait sur la tête de Matteo Renzi : président du Conseil italien depuis février 2014, il perdait le referendum qu’il avait convoqué pour faire passer sa réforme constitutionnelle. Avec
59,11% de non, l’arrêt est sans appel.


Matteo Renzi

Les sondages étaient mauvais mais, jouant un coup de poker, Renzi prévenait qu’en cas de victoire du non il quitterait ses fonctions à la tête du gouvernement. Il comptait sur son bilan de président du Conseil, pourtant très mitigé, pour peser en faveur du oui.

Il ne prenait pas garde que tout se retournait contre lui : ses changements inconsistants, aux yeux de l’opinion, comme ses résultats économiques peu convaincants ou l’évolution d’une opinion qui remet en question le rôle des notables, quand ils servent de courroie de transmission à l’autoritarisme de Bruxelles.

Quelques chiffres suffisent pour comprendre. Le taux de chômage atteint les 11,7%, contre une moyenne européenne de 10%, et le taux de croissance économique stagne loin en dessous de 1% quand il devrait atteindre 1,4% en France et 3% en Espagne.

Quant aux réformes, elles manquent de visibilité, quand elles ne sont pas critiquées par tout le monde. Ainsi, prônant la flexibilité de l’emploi prônée par Bruxelles, une nouvelle loi adoptée sous la pression de Renzi en décembre 2014 était supposée améliorer la condition des salariés. Pourtant, d’un côté, protégeant des licenciements abusifs, elle est considérée comme un frein à l’embauche par les employeurs, de l’autre, comme favorable aux patrons par les employés.

Dans ces conditions, faire d’un referendum sur la Constitution un plébiscite avait des aspects suicidaires. Ce d’autant plus que, pour les électeurs plus avertis, la réforme constitutionnelle promettait de boucler le système électoral rendant Renzi quasi inamovible.

En effet, d’une part, un oui au referendum aurait réduit les pouvoirs du Sénat italien qui, seul cas en Europe, a les facultés de faire tomber le gouvernement. D’autre part, il aurait donné la possibilité à un parti politique ne disposant que de 40% des suffrages exprimés, de détenir une majorité de 340 sièges de députés sur 630 à la Chambre. Or le Parti démocrate, dirigé par Renzi, a été élu comme par hasard à 40,8% des voix aux élections européennes de 2014. En clair, la Constitution proposée pouvait permettre à Renzi de gouverner sans constituer une coalition. Qu’on le veuille ou non, cela le renforçait à la tête du pouvoir.

 

Pour le reste, que l’on compare. Dans sa campagne électorale, un François Fillon a eu l’habileté, en France, de camoufler ses pulsions européistes en offrant de satisfaire les aspirations profondes de ses compatriotes. Renzi, lui, a mal évalué la puissance du raz-de-marée nationaliste qui monte du monde occidental. L’élection de Donald Trump aux États-Unis, le Brexit en Grande-Bretagne et la défaite, à moins de 1%, du FPÖ d’extrême droite, le 4 décembre 2016 en Autriche, sont pourtant autant de signaux.

20 milliards d’euros pour
aider les banques italiennes
Le Parlement italien a voté un crédit de 20 milliards pour éviter un effondrement du système bancaire. Les créances des PME-PMI non recouvrées par les banques sont en effet passées de 10% en 2009 à 28% en décembre. Ces dettes représentent 18% du PIB italien. Certes, une nouvelle règle européenne appelle les actionnaires et les clients dont les comptes dépassent 100 000 € à renflouer leur banque. Mais en Italie, il y a loin des lois à leur application !

Beppe Grillo

Mieux, aux élections municipales italiennes de juin dernier, on a vu Virginia Raggi l’emporter à Rome avec 67,2% des suffrages exprimés contre le candidat du parti du président du Conseil. À Turin, Chiara Appendino gagnait avec un score très respectable de 54,6%. Or, les deux jeunes femmes se battaient sous les couleurs du M5S, le mouvement de Beppe Grillo, qualifié de populiste mais qui essaie une forme de démocratie directe en s’appuyant sur les réseaux sociaux d’Internet.

Conforté par les résultats du referendum, Grillo réclame des élections législatives. Mais, craignant la sanction du peuple, la caste au pouvoir en Italie les refuse. Vous avez bien dit démocratie M. Renzi ?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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