LE MEXIQUE FACE AUX RÉALITÉS

juillet 2012

Le 1er juillet, les Mexicains se donnaient un nouveau Président, Enrique Pena Nieto, le candidat du « Parti révolutionnaire institutionnel » ou PRI, élu avec 38% des suffrages.

Créé en 1929, le PRI avait réuni sous son aile plusieurs mouvements de gauche, dont les communistes et la CGT. Deux de ses présidents ont été honorés par l’URSS, l’un recevant le prix Staline pour la paix, en 1950, l’autre le prix Lénine, toujours pour la paix, en 1955.

Le PRI a gouverné le Mexique de 1929 à 2000 et, remplacé par les conservateurs, revient au pouvoir après douze ans d’absence. Il laisse le souvenir d’un parti autoritaire et gangrené par la corruption. On lui reproche aussi d’avoir négocié avec les mafias de la drogue, qui alimentent les États-Unis, pour acheter la tranquillité du pays. Plusieurs de ses responsables ont du reste été accusés de collusion avec les trafiquants.

Dans la presse française, on s’est régalé de l’engagement du nouveau Président promettant : « Il n’y aura pas de retour au passé ». Ces mots, bien vagues quand ils ne sont pas replacés dans leur contexte, signifient pour les Mexicains que le PRI ne conclura pas d’accords avec les mafias comme il l’a fait autrefois.

Mais, dans le même temps, Nieto s’est engagé à changer les méthodes de lutte. Avec le soutien de l’opinion, le gouvernement précédent avait lancé une véritable guerre contre les cartels de la drogue. Résultat, 60 000 personnes ont été tuées et l’insécurité n’a fait que croître suscitant le mécontentement de la population. On mesure l’étroitesse de la marge de manoeuvre de Nieto entre ses deux prises de position.

Mais qui est-il ? Né en 1966, il a travaillé dans plusieurs cabinets d’élus et dans l’administration du Mexique tout en militant au sein du PRI.

Élu à son tour gouverneur de l’État de Mexico en 2005, il s’engagea dans un vaste programme social auquel il doit sa popularité. En l’espace de sept ans, dans sa juridiction, il a fait construire 196 hôpitaux et centres médicaux et triplé la longueur des routes principales, facilitant les déplacements quotidiens des salariés se rendant dans la capitale.

Point révélateur, certes il n’a pas augmenté la dette de l’État de Mexico, mais il a doublé les impôts locaux en l’espace de six ans. En d’autres termes, il fait payer cher ses solutions aux classes moyennes. Du vrai socialisme.

A l’échelle du pays, ses recettes risquent néanmoins de se révéler insuffisantes. Le Mexique compte 112 millions d’habitants et la pauvreté touche 46% d’entre eux. Dans ce domaine, on ne fait pas de miracles. Il faut développer l’économie ! Or, avec des États-Unis, principaux clients du pays, en état de récession et la Chine qui produit à meilleur compte, le Mexique est piégé, en amont et en aval, aux niveaux de la production et de la distribution.

Confronté aux attentes de la population, Nieto peut-il faire face ? Il faut craindre, qu’acculé, faisant appel à l’ultra nationalisme latent des Mexicains contre les États-Unis, il ne fasse monter la tension avec son voisin nord américain. Rien de plus facile : il lui suffit de jouer sur une conviction bien implantée dans les esprits en accusant Washington de tous les malheurs du Mexique !

Alain Chevalérias

 

 

 

 

 LE DOSSIER FRANCAIS DU MEXIQUE

En 2009, Florence Cassez, une citoyenne française, était arrêtée au Mexique accusée, puis condamnée pour « enlèvement, séquestration et participation à une bande organisée ».
Elle était la maîtresse d’un chef de gang qui se livrait à cette très profitable, mais intolérable, industrie. Certes, les conditions de l’arrestation et la procédure judiciaire semblent avoir pris quelques libertés avec le droit. Néanmoins, quand Melle Cassez s’affirme innocente et dit n’avoir rien su des activités de son compagnon, on a du mal à la croire, les personnes kidnappées étant séquestrées dans la maison où elle vivait.
Une partie de l’opinion française s’étant néanmoins émue du sort de Melle Cassez, alors à l’Élysée, Nicolas Sarkozy s’était saisi de l’affaire. En mai 2011, puis en mars 2012, deux publications ont évoqué le possible échange de la Française contre l’île de Clipperton. Cette dernière appartient à notre domaine maritime. Inhabitée, mais riche sur son pourtour en ressources métallifères, elle est revendiquée par le Mexique dont les côtes se trouvent pourtant à plus de 1200 km.
Il faut craindre, qu’au nom de l’amitié internationale socialiste, le nouvel exécutif français ne reprenne l’idée de Sarkozy.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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