AFGHANISTAN: La Guerre d’Obama

décembre 2009

Nous avons écouté avec attention le discours de Barack Obama, décrivant les grandes lignes de sa politique afghane, le 1er décembre 2009, devant les élèves officiers de West Point.

Avec à propos, quand l’opinion a le plus souvent oublié les raisons de l’intervention militaire en Afghanistan, il a d’abord rappelé la motivation de cette guerre : réduire Al-Qaïda, suite aux attaques du 11 septembre 2001, et l’empêcher d’utiliser ce pays comme sanctuaire, pour organiser des attentats dans le reste du monde.

« Ce n’est pas un danger inexistant ou une menace hypothétique, a-t-il martelé. Au cours des quelques derniers mois seulement, sur notre territoire, nous avons intercepté des extrémistes qui étaient envoyés de la région frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, pour commettre de nouvelles actions terroristes ».

En revanche, nous sommes moins convaincus par la décision prise par Obama, envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Ne disposant pas de tous les moyens d’analyse nécessaires, nous ne pouvons pas rejeter fermement cette option. Au cours de nos séjours en Afghanistan, plutôt que de faire appel à des renforts, il nous a néanmoins semblé plus important de revoir les modes opératoires, pour rendre plus efficaces les effectifs présents sur le terrain.

La multiplication de bases fortifiées, dans lesquelles les soldats vivent coupés de la réalité du pays, nous apparaît stérile. Il vaudrait mieux, croyons-nous, sélectionner parmi les meilleurs combattants, ceux capables de s’immerger en milieu afghan. Associés aux militaires du pays les plus déterminés, ils constitueraient alors une force bien plus redoutable.

Obama parle par ailleurs d’afghaniser la guerre. Belle rhétorique ! Mais, si dans le principe, l’idée est bonne, avec l’appel de renforts, cela nous rappelle un peu trop la tragédie du Vietnam.

Or, ce qui se passe en Irak nous démontre bien le danger. Le 8 décembre, encore, une série de cinq attentats à la voiture piégée faisait 127 morts et 448 blessés à Bagdad. Depuis le début de l’année 2009, on compte plus de 2 400 civils tués dans des attentats. Certes, contrairement à l’Afghanistan, l’attaque contre le pays de Saddam Hussein était illégitime, inutile et entachée de perfidie. Obama l’a laissé entendre. Mais quand il affirme, « nous nous dirigeons en Irak vers une fin de guerre responsable », il oublie que la sécurité régnait à Bagdad et dans les provinces avant l’intervention américaine.

Il serait néanmoins malhonnête de ne pas trouver quelques vertus au discours d’Obama. D’abord, il renonce à formater la société afghane selon les normes occidentales, ce que les Américains appelle « nation-building project ». Ensuite, il donne une date de début de retrait des forces américaines d’Afghanistan : juillet 2011. Si l’annonce d’un terme à la présence militaire occidentale n’est pas sans risque, elle dément les rumeurs d’occupation à longue échéance du pays.

En fin de compte, tout dépend de la gestion des forces déployées, de la stratégie et des tactiques employées. Mais aussi de l’efficacité de l’aide financière. Or sur ces plans, le discours d’Obama ne nous apprend rien. La question reste donc posée : le nouveau pouvoir américain parviendra-t-il à imposer une ligne de conduite pour gagner la guerre en Afghanistan?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

Lire aussi: Faut-il rester en Afghanistan?

 

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