LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE
DE NICOLAS SARKOZY

octobre 2007

Le 27 août, Nicolas Sarkozy disait une allocution à l'occasion de la Conférence des Ambassadeurs. Traditionnellement, cette conférence marque tous les ans la rentrée diplomatique. Celle de cette année revêt une importance particulière car elle ouvre cinq ans de présidence de Sarkozy à la tête de la France. En clair, c'est la politique étrangère que nous promet l'occupant de l'Élysée.

Globalement, le programme de Sarkozy se révèle mondialiste et épousant une ligne de proximité avec Israël et les États-Unis. Comme nous allons le voir, les mots prononcés sont lourds de sens.

L'allocution commence par un coup de chapeau à la mondialisation quand Sarkozy parle des " promesses d'une globalisation qui, depuis 1990, a permis (...) d'augmenter de 50% le niveau de vie moyen ". On se demande pour qui. En France, le nombre de SDF monte en flèche, celui des chômeurs stagne et de plus en plus de parents sont obligés d'aider financièrement leurs enfants adultes.

Au niveau mondial, la situation est encore plus préoccupante. Selon un rapport de la Banque mondiale du 19 mars 2007, sur 6,6 milliards d'habitants, la planète compte 4 milliards de pauvres vivant avec un revenu situé en dessous de 6 euros par jour. Certes, en 1990, 1,25 milliard d'individus vivaient avec moins d'un dollar/jour. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 985 millions, mais le dollar a perdu la moitié de sa valeur. Si la mondialisation a profité à quelques-uns, elle n'a pas élevé le niveau de vie du plus grand nombre. Ni en France, ni ailleurs.

Autre point, l'alliance avec les États-Unis. " Alliés ne veut pas dire alignés et je me sens parfaitement libre d'exprimer nos accords comme nos désaccords, sans complaisance ni tabou ", a-t-on entendu.

À voir, quand Sarkozy s'interroge sur la manière de " prévenir une confrontation entre l'islam et l'Occident, voulue par les groupes extrémistes tels qu'Al Qaïda qui rêvent d'instaurer, de l'Indonésie au Nigéria, un khalifat rejetant toute ouverture, toute modernité, toute idée même de diversité... "

Il ne voit pas le projet de mondialisation, largement porté par les États-Unis, rejetant lui aussi " toute idée de diversité ". Il suffit d'observer l'uniformisation du monde sous leur férule pour s'en convaincre. En outre, si le projet de Ben Laden n'est soutenu que par une infime minorité de musulmans, celui de Washington bénéficie de l'appui d'une partie importante de la population américaine.

En fait, ses sentiments pro-américains aveuglent Sarkozy, le rendant incapable de critiquer Washington. Ainsi tout un pan de la réalité lui échappe. Il ne prend pas conscience que le projet mondialiste des États-Unis est, sous bien des aspects, identique à celui de Ben Laden. On y découvre la même volonté de puissance, une instrumentalisation parallèle des religions à des fins politiques, la prophétisation d'une guerre des civilisations et l'usage de la violence pour s'imposer aux autres.

Dans un pareil jeu, en tant que pays, nous n'avons pas intérêt à nous allier à un côté, fût-il plus proche de nous par l'Histoire. Nous n'avons qu'un seul choix raisonnable : dénoncer ces deux extrêmes et renforcer partout les modérés à la recherche d'une solution concertée. Cela bien sûr, tout en nous gardant des coups, provenant de l'un ou de l'autre camp, qu'ils soient d'ordre économique, politique ou... terroriste.

Sur l'Europe, Sarkozy nous étonne. L'Union serait " sortie du blocage du chantier institutionnel qui durait depuis dix ans ", bien sûr grâce à lui. Et nous qui avions cru le " non " français du 29 mai 2005 la cause de ce blocage ! Passons...

En ce qui concerne la Turquie, Sarkozy nous prépare une surprise. Pendant la campagne électorale, il avait dit son opposition à l'entrée de ce pays dans l'Union, parce qu'il est " en Asie ", pas en Europe. " La France, a-t-il pourtant dit le 27 août, ne s'opposera pas à ce que de nouveaux chapitres de la négociation entre l'Union et la Turquie soit ouverts... "

Dans la même logique atlantiste, il nous annonce le renforcement de nos liens avec l'OTAN, notre soumission donc à cet appareil dont De Gaulle nous avait sortis. Enfin, devant notre corps diplomatique médusé, il plaide en faveur de son effacement en faveur d'un " service diplomatique européen ".

Ce n'est pas tout. Sarkozy a insisté sur son projet d'Union Méditerranéenne. Le 6 juillet, interrogé sur la probabilité de l'intégration de l'État hébreux dans celle-ci, David Martinon, porte-parole de l'Élysée, avait répondu : " Je vous confirme qu'Israël est bien un pays méditerranéen... " En d'autres termes, nous serons associés à l'iniquité d'Israël et, sans doute, obligé de lui fournir un soutien militaire.

Mais gardons le pire pour la fin. Sarkozy a parlé d'une alternative : " la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran ". Sans causer le moindre émoi, il annonçait les propos de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Certes, on peut craindre le pire de Téhéran, mais à aucun moment ce pays n'a dit vouloir se doter de la bombe atomique. Sarkozy nous prépare-t-il un nouveau dérapage à l'irakienne ?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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