UNION SACRÉE CONTRE LES ASSAD

octobre 2011

Le 25 août, à l’aube, des membres des renseignements syriens kidnappaient le caricaturiste Ali Farzat place des Omeyyades, à Damas. Ils l’embarquaient dans une camionnette et le passaient à tabac en bordure de l’autoroute qui mène à l’aéroport.

Bashar el Assad
Puis, impitoyables, ils lui écrasaient les mains à coups de bottes, le punissant ainsi pour ses dessins peu favorables au régime des Assad et de leurs sbires.

Il peut néanmoins s’estimer heureux : en juillet, Ibrahim Qashoush avait été retrouvé la gorge tranchée et les cordes vocales arrachées. Lui, chanteur de son métier, se servait de sa voix pour appeler au renversement du pouvoir en place.

Depuis le mois de mars, la colère n’a cessé de croître en Syrie. Pour y répondre, les Assad ont fait tirer la troupe et intervenir les chars. En six mois, selon les Nations Unies, 2600 personnes auraient été tuées.

Certes, il semble que quelques groupes armés aient cherché à amplifier la tension. Néanmoins, sur les nombreuses vidéos diffusées par les chaînes de télévision arabes, on voit des soldats et des agents de la sécurité visant les manifestants désarmés avec la tranquillité d’hommes au stand de tir, et non sous le feu d’adversaires en formation de combat.

On a rarement observé pareille détermination d’un peuple, acceptant pacifiquement la mort pour appeler à la destitution d’un régime honni. À cela, on mesure la maturité politique des Syriens des grandes cités du pays, comparée à ce que l’on a pu voir en Égypte, pire en Libye.

Plus significatif encore, prête à payer le prix de la liberté, jusqu’ici l’opposition, à l’intérieur comme à l’extérieur, demandait aux puissances étrangères de ne pas intervenir. Depuis la fin du mois d’août, sa position semble cependant évoluer et des voix syriennes évoquent la nécessité d’une protection internationale pour les civils.

Encore convientil de se demander d’où provient cette initiative. Il faut savoir les Occidentaux peu enclins à intervenir, dans une région de la planète particulièrement explosive avec l’enjeu israélo-palestinien tout proche et la présence de l’Iran soutenant le Hezbollah au Liban. Dans ce cadre, l’intervention de la Turquie, pays voisin et musulman, pourrait passer pour un moindre mal. Le 16 août du reste, CNN Türk, une chaîne de télévision en langue turque, annonçait Ankara prêt à installer une zone tampon sous la protection de ses armes en territoire syrien.

Il se pourrait, néanmoins, que cette initiative ne devienne un nouveau cauchemar pour l’Occident. En effet, la Turquie ne se cache pas de privilégier les Frères musulmans syriens dans leur quête du pouvoir. Aspect d’autant plus préoccupant que, le 25 août, Cheikh Hamad Al-Thani, l’émir du Qatar lui-même proche des Frères, se rendait à Téhéran pour convaincre les ayatollahs de lâcher le régime de Damas.

Mais avait-il besoin de beaucoup argumenter ? Des officiels iraniens et, de leur côté, des responsables du Hezbollah ont rencontré des opposants syriens afin de s’enquérir de leurs dispositions à leur égard.

Dans l’affaire syrienne, semble se mettre en place une alliance islamiste de chiites et de sunnites qui pourrait bien « voler » la révolution, faisant fi de l’opinion de la majorité et des droits des 8% formant la minorité chrétienne.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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