LES INFOS DE NOS CORRESPONDANTS EN AFGHANISTAN

février 2009

Deux réunions de coordination entre les Taliban et le Hezb-I-Islami d’Hekmatyar en Afghanistan

Début janvier, la première rencontre a eu lieu à Qara Bagh, à 50 km au sud-ouest de Ghazni, sur la route entre cette ville et Kandahar.

La seconde rencontre a eu lieu à d’Haft Asyab, dans le district de Sayedabad, à 60 km au sud-ouest de Kaboul, dans la province de Maidan Wardak, où les Taliban ont établi un centre important. Des responsables des deux partis sont venus des provinces du Logar, de Parwan, de Kapisa et de plusieurs districts de Kaboul.

Des négociations ont été entamées pour renforcer la coopération entre les Taliban et les combattants du Hezb-I-Islami. Ces réunions sont motivées par l’inquiétude montante chez les insurgés en raison de l’installation prévue de bases américaines dans les provinces de Maidan Wardak et du Logar.

Pour mémoire, le Hezb-I-Islami d’Hekmatyar, est responsable de l’embuscade au cours de laquelle, en août 2008, dix de nos soldats ont été tués.


Progrès des militaires français dans la province de Kapisa en Afghanistan

Après quelques mois de présence dans la province de Kapisa, les militaires français ont marqué des points auprès de la population.

Cette dernière dit que grâce à leurs opérations nos soldats se sont « vengés » de la mort de leurs camarades, cet été à Uzbin, et ont réussi à éliminer plusieurs chefs des Taliban. Développant en outre des relations avec les habitants des villages, ils seraient parvenus à organiser un réseau de soutien parmi les non-Pachtouns. Les résultats obtenus sont considérés comme bien meilleurs que ceux des Américains par la population.



Les Taliban implantés dans les provinces du nord

Les Taliban ont désormais installé des bases de combat dans les provinces du Baghlan, de Kunduz et du Takhar. Ces deux dernières provinces sont frontalières du Tadjikistan. C’est une avancée importante.


Des combattants afghans pour Gaza !

Burhanuddine Rabbani, chef du Jamiat-Islami et leader de l’opposi-tion politique au Président Karzaï, organise le recrutement d’Afghans souhaitant se rendre à Gaza pour combattre les Israéliens.

700 personnes ont enregistré leurs noms. Explication : Rabbani, était le chef politique du commandant Ahmad Shah Massoud du Panchir. Il a occupé les fonctions de Président de la République après la chute du régime communiste et a combattu les Taliban jusqu’en 2001. Il attendait une position dominante dans le gouvernement mis alors en place par les Américains. Marginalisé, il s’est retourné contre les puissances occu-pantes en radicalisant son discours. Dans le même temps, il a renforcé ses relations avec l’Iran dont il sert aujourd’hui la politique en Afghanistan. Dans ce cadre, il appelle au recrutement d’Afghans pour combattre Israël, s’associant à la politique de déstabilisation de la région et des pays arabes, voulue par le régime islamiste de Téhéran. L’envoi de recrues à Gaza a cependant de grandes chances de rester du domaine du fantasme tant il paraît difficile d’assurer l’acheminement de combattants à l’intérieur d’un territoire aussi hermétiquement bouclé.


Les Taliban afghans se servent des camps sous protection des Nations Unies pour séjourner au Pakistan.

Les bureaux des Nations Unies délivrent des cartes de réfugiés aux Afghans qui en font la demande. Les Taliban, prétextant de la sous-administration de leur pays, se présentent sans carte d’identité et se déclarent sous de faux noms.

Détenteurs d’une carte de réfugié, ils ont accès aux camps construits pour recevoir les Afghans pendantl’invasion soviétique. Ces camps n’ont jamais été démantelés, les conditions de retour et d’accueil se révélant détestables en Afghanistan, en dépit des promesses américaines faites à ce sujet, à la chute du régime des Taliban en 2001. Les cartes de réfugiés permettent aux Afghans de circuler librement dans tout le Pakistan. Beaucoup d’entre eux se rendent à Karachi, Lahore et Multan où ils vivent dans des madrasas. Là ils sont logés et nourris gratuitement (1). Leur présence pèse néanmoins de plus en plus sur le pays. D’abord parce qu’ils entrent en conflit avec certains groupes ethniques pakistanais (2). Ensuite, parce qu’ils sont hostiles à l’égard d’un État pakistanais par lequel ils s’estiment trahis, ce dernier ayant livré plusieurs de leurs chefs aux Américains. Cette situation n’empêche pas les services pakistanais de puiser, au besoin, dans ce réservoir de jeunes à l’esprit aventureux prêts à se compromettre pour quelques centaines de roupies. Tout ceci donne une idée de la complexité de la situation quand, en Occident, on imagine les Taliban afghans alliés inconditionnels du gouvernement pakistanais.

Notes

(1) À Islamabad, en 2007, lors d’une visite à la Mosquée Rouge, pendant les affrontements entre les étudiants en religion du pays et la police, Alain Chevalérias avait remarqué parmi ces derniers la présence d’un grand nombre d’Afghans de l’ethnie pachtoune.
(2) À Karachi, des affrontements ont éclaté ce mois-ci. Les Taliban afghans présents dans la ville voulaient récupérer pour eux la viande des moutons tués pour la fête du Sacrifice (Eid Al-Adha). Traditionnellement, cette viande est donnée aux pauvres.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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