INTERVIEW D'IBRAHIM KHODABANDEH

" L'ARGENT NOIR DE MARYAM RAJAVI "

 entretien conduit par Alain Chevalérias *

Mai 2005

 

 

Ibrahim Khodabandeh est né à Téhéran le 3 mai 1953. Il a rejoint les " Moujahidine du Peuple " (MEK) en 1980. Il faisait partie du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) des Moujahidine et était chargé d'obtenir le soutien de parlementaires et autres personnalités de premier plan. Il a été arrêté en Syrie en avril 2003, mêlé à une affaire illégale de transfert de fonds. Aujourd'hui, il est détenu en Iran.

 

 Nous avons rencontré Ibrahim au mois de mai dernier, après avoir adressé une demande aux autorités iraniennes qui le détiennent à la prison d'Evin. L'oeil vif et le verbe incisif, il semblait détendu et en bonne santé. Il a affirmé recevoir des permissions pour rendre visite à sa famille. Il convient néanmoins de signaler que cet homme est détenu. Nous n'avons donc retenu de ses propos que les points vérifiés par ailleurs. Nous lui avons fait raconter sa capture.

" En Avril 2003, j'étais à Londres, explique-t-il, quand l'Organisation les (Moujahidine-MEK) m'a appelé à Auvers sur Oise. Là, avec Jamil Bassam, un autre Moujahid, j'ai reçu l'ordre de faire sortir, par la Syrie, des camarades bloqués en Irak à cause de l'imminence de la guerre. En principe, seul les ressortissants syriens présents dans le pays avaient le droit de passer.

Arrivé à la frontière syrienne, pendant dix jours, je suis resté sur place, me rendant régulièrement au bureau de l'immigration pour tenter de faire fléchir les officiers. J'avais une liste de 30 personnes à évacuer. J'ai même fait intervenir la Croix-Rouge et l'UNHCR. En vain.

Le vendredi 18 avril au matin, avec Jamil, nous attendions l'arrivée de l'officier de l'immigration, quand un fonctionnaire des douanes m'a appelé. Entrant dans une pièce à sa suite, il m'a montré une table basse couverte de dollars. Deux millions de dollars selon lui.

Il m'a demandé : " Savez-vous ce que c'est ? " Une femme kurde, ressortissante syrienne, était assise sur une banquette et n'arrêtait pas de pleurer. Elle affirmait, qu'en Irak, une personne de nationalité iranienne lui avait remis sept sacs pour les acheminer à travers la frontière.

Puisque je suis Iranien, les officiers syriens me soupçonnait d'être là pour recevoir l'argent de l'autre côté de la frontière. Cependant, rien ne m'incriminait explicitement.

C'est alors que Jamil a prévenu le bureau des Moujahidine en France de notre aventure par téléphone. L'argent appartient à l'Organisation lui a-t-on dit. Puis on lui a commandé de le récupérer en déclarant qu'un certain Docteur Ziad Abdel Razzak, vivant à Paris, en était le propriétaire.

Les autorités nous ont répondu," Vous ne pouvez pas partir. On ne peut pas porter une telle somme d'argent sur soi en Syrie. "

Incarcérés, Jamil et moi, nous avons été interrogés pendant deux semaines. Les policiers insistaient pour savoir qui étaient nos contacts en Syrie. Puis nous avons été enfermés dans une autre prison. Début juin, nos geôliers nous ont annoncé qu'ils allaient nous transférer à Londres parce que nous avions tous les deux des passeports britanniques. J'ai compris que c'était faux quand, à l'aéroport, ils nous ont recouvert la tête d'une cagoule.

Le 5 juin 2003, confirmant mon appréhension, nous nous retrouvions entre les mains de la police à Téhéran. A ma surprise, nous avons été traités correctement. Je suis en jugement, pour appartenance à une organisation terroriste, et j'attends le verdict.

J'ai une fille en Grande-Bretagne. A mon arrivée en Iran, les Moujahidine lui ont dit que j'étais torturé et allais être exécuté. Cela l'a laissée en état de choc. Il a fallu la visite à la prison de la baronne Emma Nicholson, puis celles de Win Griffiths et de Teddy Taylor, des parlementaires britanniques, pour la rassurer. Win Griffiths, en particulier, soutenait aveuglément les Moujahidine avant de me voir en détention. Il a radicalement changé d'opinion sur eux.

 

Cette histoire est révélatrice des cheminements empruntés par les fonds utilisés par les terroristes. Circulant le plus souvent dans des valises et des sacs de voyage, ils ne transitent que rarement par des circuits bancaires, contrairement à ce que veulent nous faire croire certains États pour renforcer leur contrôle sur les mouvements de fonds dans les banques.

 

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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