MOUJAHIDINE-E-KHALQ
 
 

 entre 
 
 

 Marx et Mahomet

 Z

juin 2003

 Le 11 mai, en Irak, à la suite de négociations, les "Moujahidine-e-Khalq" ou MEK, ont remis leur artillerie et leurs blindés aux forces américaines. Le 17 juin, les autorités françaises arrêtaient 165 de leurs membres dans le Val d’Oise. Mouvement d’opposition à l’Iran islamiste, le MEK était installé chez Saddam Hussein depuis 1985. Inscrit sur la liste des mouvements terroristes, pour Washington, soutenu pourtant par des proches de George W. Bush, qui est le MEK?

 

 Le MEK et né en 1965 en Iran, selon l’un de ses anciens membres sur la base "d’un mélange éclectique de version chiite de l’islam et de marxisme." Le parti se jette à corps perdu dans l’opposition armée au régime du shah. En 1971, la plupart de ses dirigeants sont arrêtés et exécutés. Seul en réchappe Massoud Rajavi.

Sous son autorité, le mouvement se radicalise. Il se rend coupable de l’assassinat de six ressortissants américains puis, en 1979, s’associe à la Révolution islamique conduite par l’ayatollah Khomeyni. Rapidement des tensions éclatent avec ce dernier et, en 1981, le MEK est décrété hors-la-loi par Téhéran.

 Américains tués par le MEK

Lt Colonel Lewis L. Hawkins (02/06/73)
Colonel Paul Schaeffer (21/05/75)
Lt Colonel Jack Turner (21/05/75)
Donald G. Smith (28/08/76)
Robert R. Krongrad (28/08/76)
William C. Cottrell (28/08/76)

 La même année, il perpétue plusieurs attentats. Le plus spectaculaire, le 28 juin, fait 72 morts au siège du parti islamique. Fuyant la répression, Massoud Rajavi trouve alors asile en France. Mais, en 1987, il fait les frais du rapprochement entre Paris et Téhéran. Si sa femme, Maryam Rajavi, demeure dans l’Hexagone avec quelques hommes, Massoud est expulsé. Il part pour l’Irak, où Saddam Hussein le reçoit à bras ouverts.

En réalité, depuis 1985, le MEK a pris pied dans ce pays, à partir du Kurdistan iranien frontalier. Dans sa guerre contre l’Iran (1980-1988), Bagdad a su l’utiliser. Les hommes du MEK espionnaient leur compatriotes et participaient aux attaques contre le territoire iranien.
Reconnaissant, Saddam Hussein offre une base militaire à Massoud Rajavi, la caserne Achraf, à une cinquantaine de kilomètres de Bagdad. On a beaucoup exagéré les effectifs de ce camp, les portant jusqu’à 10 000 hommes.

En réalité, ils ne dépassent pas 1500 combattants, bien équipés cependant, du moins selon les critères irakiens. Ils jouissent des mêmes soldes et des mêmes équipements que la Garde républicaine irakienne, troupe d’élite profitant d’un régime privilégié. Saddam Hussein leur fait même donner des chars d’assaut et des transports de troupes blindés.

Dans son réduit d’Achraf, chef incontesté après Dieu sinon après le maître de l’Irak, Massoud Rajavi (Radjavi) laisse libre cours à ses penchants tyranniques. En 1990, se référant à la tradition chiite, il se déclare Imam et affirme avoir reçu son pouvoir de Dieu. Ses fidèles sont priés d’interpréter ses rêves comme des signes de son inspiration divine.

Un ancien moudjahid raconte: "En 1990, Massoud a décrété le divorce idéologique. Les hommes et les femmes, disait-il, ne peuvent pas combattre avec pugnacité contre Khomeyni s’ils vivent ensemble..." Les anciens époux durent se déclarer leur haine réciproque au cours de happenings publics. Du même coup, il interdit les relations sexuelles entre membres du MEK. Seul son couple, avec Maryam, échappe à la règle car, selon ses théories, ils sont tous deux des "Humains spéciaux."

En 1991, la première guerre du golfe est l’occasion d’une nouvelle poussée de despotisme. Sous prétexte de les protéger des dangers auxquels les exposent les combats, âgés de 2 mois à 15 ans, 800 enfants des membres du MEK sont envoyés en Europe.

Là, ils deviennent un moyen de pression sur les parents, menacés de ne jamais revoir leur progéniture s’ils "désobéissent" à Massoud Rajavi. En Occident, ces enfants permettent au mouvement de recueillir des aides sociales. Ils participent aussi aux campagnes de collectes de fonds organisées sur la voie publique.

Si en dépit de ces pressions quelqu’un veut pourtant quitter le MEK, il se retrouve dans la prison du camp d’Achraf. Voire exécuté.

 

 Mohammed Hosseyn Sobhani
ancien du MEK

Mohammed Hosseyn Sobhani est un déserteur du MEK. Membre permanent de l’organisation depuis 1978, il était en charge de la sécurité du camp d’Achraf. Au cours de l’année 1992, il exprime devant Massoud Rajavi son désaccord avec la ligne politique du MEK, principalement pour son alliance avec Saddam Hussein.

Au mois d’août, convoqué à une rencontre d’explication "ces gens, dit-il, qui hier m’appelaient frère, se servaient de leurs mains et de leurs poings contre moi. Ils m’insultaient pour me dissuader de raisonner."

Sobhani est emprisonné en cellule d’isolement et torturé à plusieurs reprises. Il parviendra à s’échapper dix ans plus tard, profitant d’un échange de prisonniers avec l’Iran, auquel le MEK l’avait cyniquement livré

 

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Combattante MEK, montant la garde à Achraf
 
 

Mai 2003, Fox News filme les MEK en Irak
 
 
 
Combattantes MEK défilant en Irak

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