Scandale de corruption au Kosovo autour de la mission Eulex

décembre 2014

Fin octobre 2014, le scandale éclatait par le biais du journal du Kosovo « Koha Ditore ». Il accusait les procureurs d’Eulex d’arrangements avec les hommes politiques locaux et de libérer des suspects contre des pots-de-vin.

Il faut savoir Eulex une mission extérieure de l’Union européenne toute dédiée à la mise sur pied d’un système judiciaire et d’une police au Kosovo. Le but est de permettre à ce pays de se rapprocher des standards européens de l’État de droit. Son budget annuel atteint les 110 millions d’euros et 1600 employés travaillent dans la structure.

Le pot aux roses a été découvert par un procureur britannique d’Eulex, Maria Bamieh. Elle a pris conscience du problème au cours d’écoutes téléphoniques réalisées au pou des enquêtes concernant d’autres affaires. Le procureur de nationalité canadienne Jonathan Ratel aurait cherché à bloquer ses investigations. Elle a enfin été suspendue, officiellement pour avoir divulgué des informations concernant Eulex.

Bruxelles s’est alors enfin inquiété. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogerini, a envoyé sur place un juriste, Jean-Paul Jacqué, afin d’enquêter et de rendre ses conclusions dans quatre mois.

On peut difficilement l’imaginer dédouanant Eulex. Au moins faudra-t-il trouver quelques boucs émissaires. Les accusations de Maria Bamieh sont en effet précises. Elle met en cause nommément trois hauts magistrats dont :

- Le juge italien Francesco Florit qui, selon elle, aurait empoché 300 000 € pour relâcher un suspect retenu pour meurtre.
- Jaroslava Novotna, procureure générale de la mission elle aurait accepté de l’argent pour étouffer des affaires criminelles. La plus significative concernerait l’ancien ministre et ancien chef de la rébellion kosovare Fatmir Limaj, acquitté dans le cadre d’accusations de crimes de guerre.

Andrea Capussela, ancien fonctionnaire international en poste à Pristina, estime pour sa part que huit affaires importantes de corruption, crimes de guerre ou de crime organisé, n’ont conduit à aucune poursuite. Cela quand « les dossiers contenaient des preuves solides et bien documentées ». Il estime les résultats du système judiciaire d’Eulex « largement insuffisants vu l’importance de la corruption et du crime organisé au Kosovo ».

En clair, la corruption qu’Eulex était venue combattre au Kosovo semble bien avoir contaminé les membres de la mission.

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