LE LIBAN SOUS
LA MENACE DU HEZBOLLAH

septembre 2010

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Liban se trouve sur une faille sismique de la planète politique. Aujourd’hui, deux entités principales mettent sa sécurité en péril : d’une part Israël et de l’autre le Hezbollah, pion de l’Iran et instrument de la Syrie. Plusieurs fois encore, au cours de l’été, on a senti vaciller les arcs-boutants sécuritaires du pays. Toujours avec l’intervention du Hezbollah, qui continue de faire monter la pression.


L
e 30 juin, les habitants de plusieurs localités du Sud-Liban s’en prenaient aux unités françaises de la FINUL, force de l’ONU, en manoeuvre pour assurer le calme sur la ligne bleue séparant la région d’Israël. Les véhicules étaient caillassés et des soldats délestés de leurs armes pendant un long moment.

Les villages concernés, de population chiite, avaient bénéficié de l’encadrement d’hommes expérimentés issus des rangs du Hezbollah. Du reste, le jour même, le parti islamiste justifiait les agressions dans ses communiqués, accusant la FINUL de protéger Israël.

Cette déformation de la mission de paix du détachement des Nations Unies par un partenaire qui en connaît parfaitement les règles avait une signification politique. Samir Geagea, chef des Forces libanaises, plus important parti chrétien, déclarait : « Toutes ces attaques contre la France sont motivées par le fait qu’elle était à l’avant-garde du projet de sanctions contre l’Iran aux Nations Unies ».
A cette raison, néanmoins, s’en ajoutait une autre dont Hassan Nasrallah faisait étalage une quinzaine de jours plus tard. Le 16 juillet, au cours d’un discours public, il attaquait la légitimité du TSL, le « Tribunal spécial pour le Liban », chargé de découvrir les coupables de l’assassinat de Rafic Hariri et de ses hommes le 14 février 2005. A première vue, on se demande le rapport. Simple comme bonjour ! Une rumeur lancée par une publication allemande avait assuré le Hezbollah impliqué dans l’assassinat et risquant de se retrouver accuser par le Tribunal.

Affiche: Aoun, Berri et Nasrallah
Michel Aoun, Berri, Hassan NasrallahCommençait alors une campagne médiatique, orchestrée par le Parti de Dieu contre le TSL. Le 24 juillet, repris dans « L’Orient Le Jour », journal local, le général Michel Aoun, complètement inféodé au parti chiite, reprochait au TSL d’avoir écouté des individus qualifiés de « faux témoins ». En fait, si ces derniers sont contestés par la Syrie et le Hezbollah, et leur crédibilité douteuse, comme l’a déclaré le TSL, ce dernier n’était pas moins dans son rôle en les écoutant.

Le 29 juillet, Hussein Hajj Hassan, ministre de l’Agriculture et haut responsable du Hezbollah, menaçait à mots à peine couverts : « Si l’acte d’accusation dans l’affaire Hariri, disait-il, pointe du doigt des membres du Hezbollah ou insinue même qu’ils pourraient être impliqués dans l’attentat du 14 février, le pays sera entraîné sur la voie de troubles et vers une situation difficile ».

Le 6 août, en déplacement au Liban, Ali Akbar Velayati, conseiller aux Affaires internationales pour le guide iranien, Khamenei, osait lancer au cours d’une rencontre avec la presse : « Nous, nous croyons ce qu’a dit notre cher frère sayyed Hassan Nasrallah qui a affirmé que le Hezbollah n’a rien a voir avec cet assassinat (d’Hariri). Le TSL est donc un instrument politique américain et israélien ». Étonnante logique !

Hassan Nasrallah
Hassan Nasrallah, chef du HezbollahEnfin, le 9 août, Nasrallah convoquait une conférence de presse. Du grand spectacle ! Affirmant présenter des preuves sur un écran, il distillait le doute à propos de l’assassinat d’Hariri, pour tenter de diriger les soupçons sur Israël. Pourquoi pas ! L’État juif n’en est pas à un sale coup près.

Problème néanmoins, les arguments invoqués s’avéraient peu convaincants. D’abord le dossier des espions travaillant pour Israël. Quatre ont été arrêtés depuis 2009, dont un général à la retraite, Fayez Karam, en outre proche du général Aoun. L’existence de réseaux des renseignements israéliens sur le territoire libanais ne prouve pas leur implication dans l’assassinat de Hariri.

Pas plus du reste que les vidéos supposées piratées par le Hezbollah sur des drones israéliens. D’abord elles ne sont pas datées, ensuite elles ne portent pas de signe distinctif de l’État hébreu. Et, même si elles sont authentiques, tout le monde sait Israël espionnant constamment du ciel le Liban. Rien de nouveau donc.

Du reste, Nasarallah lui-même admettait que ses prétendues preuves n’étaient pas « formelles » mais qu’elles représentaient des « données » pouvant alimenter l’enquête. Quand le TSL réclamaient le matériel détenu par le Hezbollah, celui-ci se contentait de remettre le film projeté à la conférence, pas le matériel brut.

On peut épiloguer sur le rôle possible d’Israël dans l’assassinat de Hariri. Mais dans le vide, faute d’indice. En revanche, plus le Hezbollah se débat, menace et cherche à désigner des coupables hors de ses rangs, plus les soupçons se portent contre lui. A-t-on déjà vu un innocent se défendre avec autant d’insistance d’un crime dont personne ne l’a accusé ? Le Hezbollah semble bien dans le rôle du criminel se disant prêt à tout pour décourager sa traduction devant le juge.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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