NOTRE DÉFENSE

octobre 2013

L’ASAF (Association de soutien à l’Armée française) est dirigée par une brochette d’anciens officiers généraux. « Son but , lit-on dans sa profession de foi, est de défendre l’honneur de l’armée et de ses soldats s’ils sont injustement mis en cause pour des actions ordonnées par les autorités politiques françaises, et d’affirmer son soutien envers eux ». Les dirigeants précisent : « L’ASAF regroupe tous les citoyens qui estiment que l’armée doit demeurer au « coeur de la Nation », c’est-à-dire une priorité pour l’État et une préoccupation pour les Français ». Dans cette page, nous reprenons les constats de l’ASAF sur la politique de Défense de la France. (ASAF, 18 rue Vézelay 75008 Paris).

L’ASAF s’inquiète : dans l’armée « 80 000 suppressions d’hommes en moins de dix ans... Déjà, une réduction de 44 000 hommes a été réalisée au cours des quatre dernières années. Le Livre blanc de 2013 prévoit la poursuite des suppressions programmées antérieurement, soit un reliquat de 10 000 hommes et en annonce 24 000 de plus ! (Ce sera) le quart des effectifs de l’armée professionnelle qui aura disparu en moins de dix ans ».

« Ainsi, observe l’ASAF, inexorablement l’armée se démilitarise et s’affaiblit sous le double effet de la réduction massive et continue de ses effectifs et du transfert de nombre de ses tâches « de soutien » à des non militaires. Les unités opérationnelles sont progressivement noyées dans un environnement fonctionnarisé et souvent syndiqué où les notions de disponibilité immédiate et d’engagement opérationnel n’ont pas le même sens ».

Nous avons nous-mêmes dressé un tableau inquiétant des « services externalisés » c’est-à-dire autrefois à la charge de l’armée, mais aujourd’hui sous-traités par des entreprises civiles, voire étrangères. C’est le cas pour le parc automobile, y compris les véhicules de commandement destinés au combat (1). Nous nous sommes même aperçu qu’à Dakar, une société sénégalaise de sécurité assure la garde à l’entrée du cantonnement français de l’EFS (Elément français au Sénégal), qui sert de base logistique à notre intervention au Mali.

L’ASAF s’inquiète, car elle constate les opérations ordonnées par le pouvoir politique de plus en plus lourdes. « S’il fallait, dit-elle, 300 hommes en 1960 pour régler une crise dans un pays du champ (NDLR : comprendre africain allié à la France), il en fallait 3000 au Tchad, dix ans plus tard, et près de 5000, aujourd’hui, au Mali, sans compter nos alliés tchadiens (NDLR : ajoutons nigériens), européens et américains, face à un adversaire qui, pour une part, a refusé le combat et s’est évanoui dans les pays limitrophes ! Or, comme on le voit en Libye, il n’y a pas de solution politique possible à une crise sans engagement au sol pour contrôler les milieux géographiques et humains ».

Sans insister, l’auteur du papier fait là allusion au recours aux forces spéciales françaises et britanniques pour ouvrir la voie à la rébellion libyenne à Tripoli, ceci au mépris de la résolution des Nations Unies, les attaques aériennes ayant été insuffisante pour renverser le rapport de forces.

L’ASAF remarque aussi les interventions de plus en plus longues, autre raison de ne pas réduire nos effectifs. « Qui ne voit, constate-t-elle, que tous les conflits dans lesquels la France est actuellement engagée s’inscrivent dans la durée : 35 ans au Liban, plus de 20 ans dans les Balkans et 10 années en Afghanistan ? Combien de temps resterons-nous au Mali ? Nous savons qu’il ne peut y avoir de stabilité dans ce pays sans la présence de forces françaises, d’autant que la rivalité nord-sud dans la bande sahélienne n’est pas prête de disparaître ». Dans la bande sahélienne, il s’agit bien sûr principalement du différent entre les Touaregs et les populations du sud.

Compte tenu des nécessités et des ambitions légitimes de notre pays en matière opérationnelle, la réduction en effectifs de nos forces armées apparaît donc bien comme une erreur tragique. Ceci d’autant plus que, pour répondre aux demandes des politiques et améliorer son efficacité, l’armée française devrait prépositionner des troupes en attente de crise.

L’Asaf écrit : « Dans le cadre d’une stratégie de prévention des crises en Afrique subsaharienne et compte tenu des distances importantes qui nous en séparent, ne faut-il pas accroître le nombre de nos implantations militaires dans cette région ? Il y aurait à cela au moins trois avantages : dissuader les tentatives de prise de pouvoir par la force de quelques rebelles ou miliciens, réduire les délais d’intervention et les besoins en capacité de projection et, enfin, permettre aux forces françaises d’avoir une connaissance approfondie du terrain et des forces locales avec lesquelles elles s’entraîneraient plus fréquemment ». En bref améliorer nos possibilités en termes de dissuasion, de réactivité et de renseignement.

Oui, mais, à l’opposée de la politique actuelle, « La mise en place d’un tel dispositif nécessiterait de nouveaux effectifs déployés sur le terrain ».

Il faut savoir ce que nous voulons : une armée capable d’intervenir ou ne plus avoir la capacité de protéger nos approvisionnements en matières premières et en carburants : L’uranium au Niger, le pétrole au Congo et au Gabon etc...

Note

(1) Lire: La Défense française en péril.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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