mai 2006
L'islam, comme toutes les religions, peut s'interpréter de façons diverses. Les Eglises de certains pays autorisent le mariage homosexuel, tandis que d'autres l'interdisent. De même pour l'islam. En Arabie saoudite, par exemple, les femmes n'ont pas le droit de conduire, encore moins d'avoir des activités politiques ou sociales, alors qu'en Indonésie ou au Bangladesh, elles ont accédé depuis des années aux plus hautes fonctions de l'Etat. En Arabie saoudite, le Parlement n'existe pas. En Syrie, le pouvoir présidentiel est héréditaire. La Malaisie, quant à elle, vit un régime plus démocratique. La question est là: quel islam ? Et quelle interprétation ? Contrairement à ce que les Occidentaux imaginent, l'islam iranien est ouvert et moderne pour ce qui concerne les libertés, les droits des femmes. L'islam auquel se réfère notre peuple n'est pas celui auquel croit notre gouvernement. Aussi, dans mes fonctions de juriste, me suis-je toujours efforcée de débusquer au coeur des textes religieux ce qui, face aux contraintes, pouvait nous donner de l'oxygène. Et je l'ai bien souvent trouvé.
L'essentiel est que l'Occident puisse garder en permanence un oeil sur l'état des droits de l'homme en Iran, car le système islamique s'est déjà montré sensible aux critiques de cet ordre. La République islamique peut bien s'accrocher à son droit à l'énergie nucléaire, même si elle doit pour cela subir les sanctions de la communauté internationale... mais ses responsables les plus rationnels considèrent que le non-respect des droits de l'homme et des prisonniers handicape notre nation sur la scène internationale. Si l'Occident nous envoie ses avions de chasse au lieu de diplomates, cela n'incitera pas nos religieux à protéger les droits des citoyens. A l'intérieur, la situation est aiguë: notre taux de chômage est très important. La pauvreté, un grave problème: une personne sur sept vit chez nous avec moins d'un dollar par jour. Pour un pays qui détient tant de pétrole, c'est alarmant. Restriction des libertés, censure, tout cela crée au sein de l'opinion un fort mécontentement. La pression exercée par la communauté internationale est donc utile, mais à condition d'être ciblée : d'abord et avant tout de nature diplomatique. Car la révolution iranienne a engendré sa propre opposition, sans compter une nation de femmes instruites - plus de 65 % des étudiants sont des femmes, ce que bien des Occidentaux ignorent - qui militent pour leurs droits. Le prix à payer pour la métamorphose pacifique de l'Iran est - je l'ai toujours su mais je le ressens plus vivement ces derniers temps - le sacrifice suprême, celui de la vie. C'est une réalité inéluctable: des gens comme moi ou les dissidents que je représente périront en chemin. |
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