AVEC CUBA |
En ce début du mois de février, cétait la première visite en France dun chef dÉtat cubain depuis 1959, date de la révolution castriste. À lÉlysée, on a mis les petits plats dans les grands, peu regardant sur le profil « pas très démocratie occidentale » de tonton Raul. Il fallait un peu de miel pour faire
passer lâpreté du breuvage. Comme souvent,
largent a apporté ses vertus adoucissantes. Le Club
de Paris, groupe de créanciers publics (1)
de lÉtat cubain, a annulé 7,7 milliards de la dette de ce pays. Dans les faits, les
États membres du Club ny perdent pas beaucoup, puisque
Cuba ne payait plus depuis 25 ans, laissant même
courir les intérêts. Après léchec retentissant du système communiste, La Havane dit vouloir entrer dans léconomie de marché. Très bien, même si les progrès se font à dose homéopathique dans cette direction. Si, en mars 2014, les autorités cubaines ont adopté une loi douverture aux investissements étrangers, les choses navancent guère. Aujourdhui, les micro-entreprises nées dune timide libéralisation ne concernent que 10% de la population active et lÉtat reste le principal employeur. Les Français ne voulaient cependant pas manquer de saisir une part du gâteau. Les entreprises comme Pernod-Ricard et Accor font déjà la cour à la Havane lorgnant sur les possibilités touristiques de lîle, quand, en Afrique du nord, sous la menace terroriste, le marché se tarit. Dautres sociétés espèrent elles aussi se placer, comme Total, Alstom ou Alcatel-Lucent. Ceci dautant plus que lHexagone a un concurrent de taille en Europe, lEspagne qui, outre la langue commune avec Cuba, est déjà implantée dans lhôtellerie.
Nous nallons pas jouer aux parangons de vertu, sachant que nous commerçons avec nombre de pays aux performances peu flatteuses en matière de Droits de lhomme. Il convient néanmoins de rappeler celles de Cuba, pour lesquelles la gauche française se montre singulièrement silencieuse. Depuis 1959, un million 200 000 Cubains, 10% de la population actuelle, ont préféré senfuir sur des coques de noix au risque de leur vie plutôt que de subir la dictature castriste. On estime à au moins 15 000 le nombre dexécutions dopposants, sans parler des preuves de tortures et de maltraitance des prisonniers. Amnesty International a en outre publié des preuves de recours abusifs à la psychiatrie contre les opposants politiques à lhôpital Gustavo Machin de Santiago de Cuba. Suite au réchauffement des relations avec les États-Unis, dès 2009, on aurait pu attendre un plus grand respect des principales libertés par le régime castriste. Or il semble quil nen soit rien. Le 8 janvier 2015, Amnesty International se réjouissait de la libération de 9 opposants, mais ajoutait : « Nous avons reçu des informations très inquiétantes faisant état dune augmentation des mesures de harcèlement et des détentions de courte durée visant des dissidents en 2014 ». Alors oui au pragmatisme politique, mais sans oublier que Cuba a plus besoin de nous économiquement que nous navons besoin delle. Inutile donc de nous humilier.
(1) Ils sont 14 États dont les principaux sont la France, lEspagne, le Japon et lItalie. |
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