Passages essentiels d'une étude réalisée
par le général Pierre Marie Gallois.
Après avoir perdu plus de 60000 hommes au Vietnam, les Etats-Unis retirèrent hâtivement leurs troupes. Les images télévisées des combats avaient traumatisé la population et incité Washington à s'en tenir désormais dans ses futures guerres, au concept dit " zéro pertes... "
Or, ce sont quatre guerres pour l'énergie que les Etats-Unis mènent, depuis quinze ans et, pour la dernière en date, ils ont renoncé au " zéro pertes... " Les experts estiment qu'au cours des 50 prochaines années la consommation d'énergie primaire (chauffage, transports, production d'électricité) devrait tripler, peut-être même quadrupler. Elle est produite par six sources :
Soit 85,8% d'énergie contribuant à " l'effet de serre " et 14,2% seulement qualifiées d'énergies propres. Les conférences de Rio de Janeiro (1992) et Kyoto (1997) ont imposé la limitation des émissions de gaz responsables de " l'effet de serre " et du réchauffement de la planète, donc un emploi réduit du charbon, du pétrole et du gaz naturel. D'où les prédictions suivantes pour 2050 :
C'est à dire 55% d'énergies " propres " et 45% d'énergies " polluantes. " Cependant, ces derniers pourcentages s'appliquent à une quantité d'énergie trois ou quatre fois plus élevée qu'en 2000. On estime qu'au rythme de consommation prévisible actuellement, le pétrole fournira encore de l'énergie durant une cinquantaine d'années et le gaz naturel pendant 65 ans environ. Pour demeurer aussi longtemps que possible l'unique superpuissance, et mis à part leurs efforts scientifiques, industriels, financiers, commerciaux et militaires, les Etats-Unis entendent s'approvisionner largement en énergies, mais en mesurer la distribution à leurs rivaux futurs. Ils ne peuvent atteindre ce double objectif qu'en visant le pétrole, le gaz naturel et le nucléaire, les autres énergies étant locales. D'où deux campagnes aux effets convergents :
Répartition des réserves d'énergies fossiles par le monde :
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NICOLAS SARKIS, Directeur du Centre arabe d'Etudes pétrolières, au Cercle de Recherche présidé par le général Pierre Marie Gallois. Il a dit notamment : è Des troubles politiques au Venezuela, en Russie et au Moyen-Orient.
è Enfin, du côté de l'offre, nous observons la saturation des capacités de production, de raffinage et de transport.
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(Centre de recherches: On remarque les faibles réserves de pétrole et de gaz naturel pour deux gros consommateurs : l'Europe occidentale et l'Extrême Orient avec la Chine et le Japon)... En 2000 la consommation de pétrole de l'Amérique du nord était de 22 millions de barils/ jour(** Unité de 158,98 litres pour le pétrole.), dont 17 à 18 pour les Etats-Unis. La production de ces derniers étant de 9 millions de barils/jour, leurs importations, de 8 millions de barils/jour, venaient du Golfe arabo-persique (30%), du Canada (14%), du Mexique (15%) et de l'Amérique du sud (19%). Mais, en 2020, la demande
des Etats-Unis serait de 31 millions de barils/ jour,
si bien qu'il leur faudrait importer plus de 20 millions de barils/jour.
Une insupportable dépendance pour la superpuissance. Jusqu'au milieu des années 90, les Etats-Unis spéculaient sur les liens étroits qui les unissaient à l'Arabie Saoudite dont le sous-sol détient les plus importantes réserves de pétrole d'accès facile... (Cependant), force fut de constater que le royaume saoudien n'exportait pas seulement du pétrole, mais aussi des terroristes... (Centre de recherches: Depuis la première guerre du Golfe en 1991,) l'Irak épuisé, survolé, contrôlé, sporadiquement bombardé, était tout désigné pour permettre une exploitation directe de son potentiel énergétique. D'où la seconde guerre du Golfe, militairement bien conduite, mais à l'après-guerre on ne peut plus maladroitement gérée. Outre-atlantique, l'indépendance énergétique a été à l'origine de la formation d'un gouvernement composé de personnalités du monde pétrolier. Dans l'intérêt de leur pays, et aussi du leur, ils envisageaient d'exploiter les ressources de l'Irak après occupation et réhabilitation des installations pétrolières. Washington a eu d'autres visées que le seul pétrole irakien. Si 63% des réserves prouvées se trouvent au Proche-Orient, le bassin de la Caspienne en recèlerait 7 à 8%, en ce qui concerne le pétrole, et 8 à 12% pour ce qui a trait au gaz naturel. Selon le département de l'Energie américain, dès le début des années 2010, le pétrole nécessaire à l'industrie des Etats-Unis devrait aussi provenir du bassin de la Caspienne et des gisements de l'Atlantique (les rivages africains et sud-américains). C'est pourquoi Washington s'est particulièrement intéressé au Caucase et aux pays riverains de la Caspienne... En 1997, Mme Madeleine Albright, alors secrétaire d'Etat, avait déclaré que " c'était une tâche exaltante pour les Etats-Unis que de prendre en charge les destinées du Caucase... " Ce pétrole est aussi à l'origine de l'intérêt que les Etats-Unis ont porté à la Macédoine et à leur allié albanais, cela dès le début de 1992, lors de l'entreprise de dislocation de la Yougoslavie par l'Allemagne. La très ancienne route Rome Byzance, de la côte albanaise aux rives de la mer Noire, a été " rajeunie " par le projet d'un oléoduc amenant le pétrole de la Caspienne au littoral de l'Adriatique.(crt1109 : Un nouveau partenaire remet en question la distribution de l'énergie) En développement accéléré,
la Chine, pour alimenter son formidable potentiel de production,
a besoin d'énergie et, le charbon mis à part, ses
ressources ne sont pas à la mesure de sa capacité
économique et industrielle. Avec 20% de la population
mondiale son sous-sol ne lui offre que 2,3% du pétrole
inventorié, 0,9% du gaz... La Chine disputera aux Etats-Unis le pétrole et le gaz naturel disponible. Entre les deux grands consommateurs, la Russie, aux vastes étendues riches en énergies fossiles, va jouer un rôle déterminant. |
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