1° L'hégémonie
et les réactions qu'elle provoque
Après la dislocation de l'Union
soviétique et l'élimination de l'économie
planifiée, les Etats-Unis sont devenus l'unique
superpuissance et ils s'efforcent de le demeurer aussi longtemps
que possible. Ils réalisent ce grand dessein par leurs
efforts endogènes (scientifique, économique, militaire)
et par la volonté d'intervenir à l'extérieur
afin d'y étendre les doctrines politiques, sociales, économiques
dont se réclame Washington: démocratie,
libéralisme, conceptions sociales et culturelles,
ou encore way of life.
Tout naturellement,
la politique extérieure des Etats-Unis tire parti des
atouts qu'ils détiennent : puissance scientifique, économique,
financière, attraits de leur réussite socio-économique,
domination d'un appareil militaire sans égal.
- En Europe, ils font triompher les lois du marché,
bien que le libéralisme intégral qu'ils professent
leur joue le mauvais tour d'ouvrir le marché européen
à la production sino-indienne. Démontrant l'état
de dépendance de la " construction européenne
" et la faiblesse de la Russie d'Eltsine tenue de "
laisser faire ", ils sont intervenus militairement dans
les Balkans, réglant à leur convenance à
la fois la guerre, la paix, et l'après-guerre.
- Au Proche-Orient, les Etats-Unis conduisent cahin-caha les
tristes péripéties du conflit israélo-palestinien.
Ils ont utilisé massivement la force des armes pour s'installer
en Afghanistan et en Irak, encerclant l'Iran, qu'ils ont
situé sur l'axe du mal, en occupant des positions avantageuses
à proximité des principales sources d'énergie
fossile.
- Ces guerres ont
fourni aux Etats-Unis de précieux emplacements
stratégiques puisqu'ils leur permettent à la fois
d'affaiblir la Russie (sur laquelle il leur importe de
disposer de moyens de pression en raison des richesses qu'elle
détient en Sibérie) et d'investir la Chine
superpuissance potentielle, donc rivale redoutée.
- L'OTAN place les Etats-Unis aux frontières
des pays Baltes avec la Russie. Et aussi, au sud, avec la Roumanie
et la Bulgarie demain membres de l'Union et, naturellement, de
l'OTAN.
- L'intervention alliée
en Ukraine (celle de la Pologne et de l'Union) a détaché
Kiev de la Russie, Washington cherchant manifestement à
créer une chaîne d'Etats séparant la Russie
de l'Europe des " riches ". Pour y parvenir il
reste à faire basculer le maillon manquant et que constitue
la Biélorussie, afin que, de la Baltique à la mer
Noire Moscou soit évincé de ses provinces occidentales.
Les deux mers devenant le domaine de l'OTAN alors qu'elles étaient
celui de l'URSS. Lors de sa récente tournée en
Europe, Mme Rice s'est rendue à Moscou mais également
en Lituanie où elle a rencontré des membres
de l'opposition de Biélorussie afin de les encourager
à prendre leurs distances vis-à-vis de Moscou
et de renverser le président Loukashenko qu'elle tient
pour un dictateur soutenu par Moscou.
- Afin de consacrer par des actes
politiques communs le succès de cette stratégie
de démantèlement de la Communauté des
Etats Indépendants (CEI) qui avait succédé
à l'Union soviétique, Washington a mis sur pied
une organisation comportant des peuples qui furent sujets soviétiques
et que les Etats-Unis ont intérêt à émanciper.
Afin d'en faire un sigle lisible, le GUOAM crée en
1997, associe la Géorgie, l'Ukraine, l'Ouzbékistan,
l'Azerbaïdjan et la Moldavie. L'association devrait
être renforcée pas d'autres ex-provinces de l'URSS
et orienter ses échanges bien davantage avec l'Union européenne
et avec les " dragons " d'Asie qu'avec la Russie.
- Les Talibans d'Afghanistan ont permis
aux Etats-Unis de prendre position dans ce pays et d'y installer
un gouvernement prêt à collaborer avec le vainqueur.
Non seulement voici l'Iran encerclé, mais des bases
aériennes ont reçu des formations de l'US Air
Force en Ouzbékistan, au Tadjikistan et au
Kirghizstan et des ONG s'y sont installées qui ont entrepris
une campagne "
pour la démocratie "
afin de mettre en place des régimes favorables aux Etats-Unis.
- D'où un formidable bouleversement
stratégique. Durant la guerre froide le rideau de
fer passait, grosso modo par le méridien de Berlin.
Aujourd'hui, le rideau de l' " avance démocratique
" frôle la frontière occidentale de la Chine.
Le déplacement vers l'est est considérable puisqu'il
compte plus de 4000 kilomètres. Et c'est l'ensemble de
la masse asiatique qui est visée.
- A cette stratégie d'encerclement
s'ajoute une vaste campagne de dénigrement visant l'autoritarisme,
le nationalisme du pouvoir russe et du pouvoir chinois,
l'argument " démocratie " étant brandi.
Ainsi tout se passe comme si à l'implosion de l'URSS devait
succéder, dans un premier temps, la dislocation de la
CEI suivie de la désagrégation de la Russie elle-même
avec la mainmise sur une large fraction des richesses naturelles
qu'elle détient sur son vaste territoire. Si cet objectif
était, un jour, atteint les Etats-Unis seraient alors,
avec l'Europe et l'Afrique à leurs côtés,
en bonne position pour affronter les masses de la zone Asie-Pacifique,
Chine et Inde en tête.
Face à
cette offensive, aux multiples facettes, les gouvernements qui
s'en savent les objectifs, réagissent, d'ailleurs, plus
ou moins efficacement en fonction des circonstances.
- Au GUOAM Pékin et Moscou
opposent l'Organisation de Coopération de Shanghaï
(OCS) que comprend non seulement la Chine et la Russie, mais
l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan,
ces derniers Etats également attirés par l'Occident.
- Un autre organisme a été
mis sur pied, à l'initiative de la diplomatie russe, cette
fois en n'associant que les capitales de grandes puissances effectives,
ou potentielles, puisqu'il s'agit du Brésil, de
la Russie,de l'Inde et de la Chine, cette
coalition étant désignée par le sigle BRIC.
Ces quatre " Grands " rassemblent près
de la moitié de la population mondiale. L'adhésion du Brésil
est d'autant plus significative que le gouvernement de Brasilia
offre à celui de Pékin son importante production
agricole et ses réserves en minerais qui sont considérables,
si en échange, la Chine et la Russie peuvent l'aider à
développer son programme énergétique nucléaire
et Moscou l'exploitation de ses gisements de pétrole et
de gaz naturel. Et voici entamé par les puissances
d'Asie un domaine que les Etats-Unis s'étaient réservé.
L'Inde, à son tour, entend satisfaire une part
de ses importants besoins en concluant des accords économiques
avec l'Union douanière sud-américaine, tandis que
le président du Venezuela se rendait à Pékin
y inaugurer une statue du général Bolivar et y
signer des contrats relatifs à la fourniture de
pétrole.
Ainsi, par
un faisceau d'ententes inattendues, s'organise une résistance
aux ambitieuses démarches de la politique des Etats-Unis
et prend forme un autre monde.
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2° Combats pour
l'appropriation de l'énergie indispensable au développement
Tous les peuples, à des degrés
divers en fonction de leur développement spécifique,
ont soif d'énergie. Or, cette quête générale
d'énergie se heurte à de formelles contradictions
:
- La sauvegarde de
l'environnement exige le recours
à des énergies non polluantes. La plus importante
d'entre elles est l'énergie nucléaire. Non seulement
son utilisation a des limites mais, pour des raisons politiques
et sociales, elle est mise à l'index.
- Source d'énergie
encore majeure dans certains
pays, le charbon est à l'origine d'émissions de
gaz à effets de serre. De surcroît, son acheminement
sur les lieux de consommation est onéreux.
- Le recours au pétrole
et au gaz naturel ne devrait
guère dépasser le prochain demi-siècle.
(Les réserves sont l'objet de controverses, car elles
sont parfois sous-évaluées, parfois sur-évaluées).
Mais il est des faits sur lesquels l'on s'accorde généralement
:
- On découvre de moins en moins
de gisements.
- On investit moins dans la
prospection, les profits étant de moins en moins certains.
- La demande excède la production
(actuellement de l'ordre de 85 millions de barils/jour), le développement
de la Chine, de l'Inde et des autres grands pays émergents
exigeant une consommation de plus de 125 millions de barils/jour
d'ici à une vingtaine d'années. Si les Etats-Unis
consommeront environ 25 millions barils/jour en 2005 il est vraisemblable,
qu'à la même époque, la Chine en consommera
au moins la moitié.
Résultats
de ces impasses énergétiques : une énergie
fossile relativement chère et, surtout, une lutte acharnée
pour s'assurer, jusqu'à l'épuisement des approvisionnements
d'autant plus disputés que les ressources sont très
inégalement réparties : quinze à vingt fois
plus importantes au Moyen-Orient où les populations se
comptent en millions, qu'en Extrême-Orient, où elles
s'évaluent en milliards. Les Etats-Unis dépendront
à 72 % de leurs importations de pétrole, la Chine
dans la même proportion, et l'Europe d'un pourcentage légèrement
inférieur en raison du ralentissement de son développement.
Ce sont les Etats-Unis qui ont été les premiers,
au lendemain de la dislocation de l'URSS et disposant d'une totale
liberté d'action, à vouloir s'assurer, par tous
les moyens, le surcroît de ravitaillement en énergies
fossiles qui, avec une production nationale déclinant,
pourraient satisfaire des besoins croissants. Et aussi de disputer
aux puissances rivales l'énergie nécessaire à
leur développement.
- L'un des objectifs de la 1ère
guerre du Golfe (1990) avait été d'attribuer
à l'allié saoudien le quota de production de l'Irak,
baathiste, progressiste et, à ce titre, mal vu de ses
voisins musulmans d'autant qu'il avait servi les intérêts
occidentaux en guerroyant contre l'Iran.
- Les interventions des Etats-Unis
dans les Balkans, à partir surtout de 1994, leur
avaient permis de s'installer au Kosovo et en Macédoine
sur la future voie d'acheminement du pétrole de la Caspienne
jusqu'au littoral de l'Adriatique (corridor n° 8). Il a aussi
été question d'un gazoduc alimentant le sud de
la péninsule balkanique et qui emprunterait le cour du
Danube (qui passe à Belgrade).
- Les camps d'entraînement des
Talibans en Afghanistan ont légitimé, après
les attentats du 11 septembre 2001, le bombardement de
ce pays (octobre 2001), l'occupation et l'installation d'une
république islamique aux dirigeants mis en place par les
vainqueurs. Mais, dans le même temps, les Etats-Unis étaient
présents sur la route d'un éventuel ravitaillement
du Pakistan en énergies fossiles de la Caspienne. (Projet
Unocal). Au sud de l'Afghanistan, sur le territoire pakistanais
devrait passer le gazoduc ravitaillant en gaz naturel l'Inde
et aussi la Chine, toutes deux avides d'énergie et toutes
les deux prêtes à coopérer avec l'Iran, déjà
allié de la Russie.
- L'ambiguïté du comportement
de l'Arabie saoudite distendant les liens qui l'unissaient
aux Etats-Unis (après les attentats du World Trate
Center en 1993, jusqu'à celui du 11 septembre 2001
en passant par ceux de Dharan, d'Afrique orientale, du Yémen)
a conduit Washington à souhaiter exploiter directement
d'importants gisements pétroliers et l'Irak, affaibli
par dix ans d'embargo et de continuels bombardements, était
tout indiqué pour atteindre cet objectif. D'où
la seconde guerre du Golfe, le libre accès à d'imposantes
sources d'énergie fossile étant un des buts majeurs
de l'opération.
- Mais l'intervention en Afghanistan
avait permis, on l'a vu, l'installation de forces aériennes
des Etats-Unis sur les territoires de deux Etats ayant des frontières
communes avec la Chine, non loin des voies d'acheminement du
pétrole et du gaz vers la côte du Pacifique (ce
qui conduit à contourner par le nord le Kazakhstan
pour atteindre la côte chinoise en passant par la Mongolie.
Grâce à cet itinéraire les projets de ravitaillement
du Japon et de la Chine se réaliseraient en terre russe
par Omsk, Angarsk et Irkoutsk).
Ce n'est pas sans difficultés qu'une décision a
finalement été arrêtée, les entreprises
russes, comme les destinataires, Chine et Japon, souhaitant des
tracés différents. Le Kremlin l'a emporté
en fixant son choix sur un oléoduc partant de la zone
d'extraction de Taïchet, au nord-ouest d'Irkoutsk,
contournant à distance le lac Baïkal et, en
territoire russe, atteignant Khabarovsk et le littoral
du Pacifique face à l'archipel japonais. Pour obtenir
cette déviation Tokyo a financé la prospection
et l'acheminement du pétrole russe jusqu'à concurrence
de 5 milliards de dollars, mais Pékin entend obtenir un
embranchement irriguant la zone de la capitale chinoise et, éventuellement,
desservant aussi la Corée du sud. Ces projets ne doivent
guère convenir à Washington mais les itinéraires
arrêtés échappent à son contrôle
et c'est là un atout entre les mains du Kremlin que de
contribuer à satisfaire les besoins en énergie
de la superpuissance potentielle qu'est la Chine.
L'espace géographique européen est couvert par
des réseaux d'oléoducs et de gazoducs répartissant
pétrole et gaz naturel provenant, pour l'essentiel, de
l'extérieur.
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En ce qui
concerne le pétrole, les principales zones d'extraction
situées en zone européenne se trouvent :
- en
mer du nord, à l'est des
côtes britanniques et, plus au nord, à l'ouest du
littoral norvégien
- sur les territoires de l'ex URSS,
à l'est de Moscou dans le triangle Samara, Orembourg,
Perm
- au sud de Minsk,
en Biélorussie.
- sur le littoral de la mer Caspienne.
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Les
principales réserves de gaz naturel se trouvent en Russie
:
- sur les rivages de le mer de Kara,
à l'extrême nord,(région de Tyumen - Yamalo
- Nenetsk
- au nord de l'Ukraine, entre
Kiev et Kharkov
- (pour mémoire, au Turkménistan
et en Ouzbékistan)
- au Sahara à Hassi
R'mel d'où des gazoducs livrent le gaz sur le littoral
(à Arzew, pour l'exportation).
Les principaux
réseaux de gazoducs et d'oléoducs traversant l'isthme
européen convergent
d'abord vers
la Pologne méridionale, la Slovénie, la Tchéquie,
le nord de l'Ukraine avant
de diverger vers
l'Allemagne, la France et les pays méditerranéens.
Sommaire, cette description des
conditions d'alimentation de l'Europe en pétrole et en
gaz naturel suscite les remarques suivantes :
- Disposant de leurs propres ressources
énergétiques, la Grande-Bretagne et la Norvège
n'entendent pas les mettre à la disposition d'une autorité
supranationale européenne.
- Compréhensible est l'intérêt
des Etats-Unis pour les Etats formant la " jeune
Europe ". Non seulement ils isolent la Russie de
l'Europe industrialisée, mais ils contrôlent
physiquement l'énergie que consomme cette Europe.(Et ils perçoivent
des " droits de passage " dont bénéficient
leurs économies).
- Au cours du prochain demi siècle
le coût de cette énergie va pénaliser
les pays qui sont dépendants de sources étrangères
(France, Allemagne, Italie, Espagne, sans parler des nations
en voie de développement dépourvues de gisements
nationaux). En revanche, le pétrole et le gaz chers
" arrangent " les producteurs, monarchies pétrolières
et Russie. Les guerres conduites par les Etats-Unis ont contribué
à ce renchérissement, avantageant Moscou, ce qui
n'était pas l'objectif visé et imposant à
la Chine une politique d'accords pétroliers que Washington
redoute.
- La quête d'énergie
fossile décide de nouvelles combinaisons politico-commerciales
:
- La Chine conclut des accords
avec le Canada (riche des
sables bitumineux à la coûteuse exploitation). Et
avec l'Iran, pour être ravitaillée en gaz naturel
tandis qu'une entreprise chinoise construit un oléoduc
évacuant vers la mer rouge le pétrole du sud du
Soudan (d'où, sans doute, la condamnation du Soudan par
la Maison-Blanche à propos des exactions commises au Darfour
et les troubles fomentés au Venezuela pour tenter de chasser
Hugo Chavez coupable de négocier avec Pékin.
- L'Inde recherche les matières
premières du Brésil et
s'entend avec l'Iran et la Russie pour être ravitaillée
en pétrole. A l'initiative de la Nouvelle-Dehli les ministres
de l'énergie du Golfe, d'Indonésie, de Chine, d'Iran
et de Russie ont été réunis en vue de créer
une zone asiatique de coopération énergétique,
qui s'opposerait aux producteurs du camp américano-britannique.
- Pékin et Moscou procèdent,
maintenant, à des manuvres militaires communes.
- Enfin, il n'est pas exclu que la
compétition pour l'approvisionnement d'une denrée
de moins en moins abondante, soit à l'origine de nouvelles
tensions internationales qui s'ajouteront, dangereusement, à
celles que provoquent les combats pour l'hégémonie.
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3° Guerre au terrorisme
Lutter contre
le terrorisme, répandre la démocratie sont deux
démarches ralliant, à coup sûr, les opinions
publiques, et même un certain nombre de gouvernements qui
ont à y gagner. Il est davantage question de combattre
les terroristes que de chercher à tarir les causes de
leur comportement. Politiquement le combat est plus rémunérateur
que les mesures nécessaires à en détruire
les racines.
Superposé aux armements traditionnels
déployés grâce à une puissante industrie
lourde, le nucléaire militaire à verrouillé,
vers le haut, les effets de la coercition par la violence. Le
terroriste, l'homme devenant lui-même un projectile
dévastateur, contourne aisément le blocage scientifico-industriel
qui caractérise, désormais, le contemporain. Ainsi,
se trouve neutralisé l'un des privilèges de l'industrialisation,
les populations dites " émergentes " ayant,
à leur tour, le privilège de disposer d'une
arme d'autant plus redoutable qu'elle est invulnérable.
L'unique superpuissance a tardé à prendre en
considération ce contournement des instruments de sa propre
invulnérabilité. On l'a vu précédemment,
les attentats se sont d'abord succédé, depuis celui
du World Trade Center en 1993, sans provoquer de réaction.
Et cela jusqu'à ce que le nombre de victimes et l'ampleur
des destructions lors des explosions provoquées en Afrique
orientale légitiment une première riposte. En revanche, le 11 septembre
2001 a déclenché des hostilités dont nous
ne voyons pas la fin, les stratégies d'hégémonie
et d'appropriation des sources d'énergie entretenant le
phénomène que, de toute manière, l'antagonisme
israélo-palestinien tend à perpétrer.
Seule arme
dont disposent les populations des pays non industrialisés,
le terrorisme - et les périls qu'il implique -
sont aussi utilisés par les Etats scientifiquement et
militairement nantis afin de justifier leur agressivité.
C'est ainsi que non seulement, Saddam Hussein était
un dictateur, mais il possédait des armes de destruction
massive et il entretenait des commandos terroristes en liaison
avec El Qaeda, ces deux dernières accusations s'étant
révélées sans fondement. Mais elles
aidèrent à rallier l'opinion publique au
recours à la force des armes contre l'Irak.
L'on se trouve devant un enchaînement
de faits qui s'auto-entretiennent dans la mesure où la
course à l'hégémonie et la quête d'énergies
fossiles suscitent la réaction terroriste, réaction
contre laquelle, à leur tour sont entretenues et accentuées
les manifestations de ces deux stratégies.
Aussi ce monde se révèle-t-il
durablement et dangereusement belliqueux. Les pays européens
n'ont pas intérêt à placer leurs forces armées
sous l'autorité d'un ministre des affaires étrangères
et de la sécurité qui devrait pratiquer une "
politique compatible avec la politique commune de sécurité
et de défense arrêtée dans ce cadre ".
(celui de l'organisation du traité de l'Atlantique nord)
Article I-41, par 2 du projet de traité constitutionnel.
C'est la faire dépendre des ambitions de Madame Rice
qui veut attribuer à l'OTAN de nouvelles missions.
Et aussi parce que la stratégie d'hégémonie,
tout autant que celle de la captation des matières premières,
se heurtent au gigantesque potentiel de puissance de la Chine
et de l'Inde.
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4° L'heure des
Etats milliardaires en vies humaines
Tandis que l'Europe, celle de l'ouest
essentiellement, était le siège d'une révolution
scientifique (16ème et 17ème siècle), puis
d'une révolution industrielle (18ème et 19ème
siècle) le reste du monde s'en tenait aux millénaires
spéculations de l'esprit dont l'humanité s'était
longtemps satisfaite.
La Seconde Guerre mondiale a secoué
cette grande torpeur et sonné le réveil. L'Occident
a étalé la puissance de ses techniques d'armement
y compris celle de la fission de la matière. Depuis, cette
partie du monde est en marche, ainsi que l'aurait dit Alfred
Sauvy. A grandes enjambées il rejoint, et s'apprête
à dépasser, les pays industrialisés.
Avec un unique avantage, le nombre, les masses, à la technicité
rapidement croissante.
Nous assistons à une inversion
politico-économique
: hier le quête de nouveaux marchés par les pays
européens devenus surproducteurs se transformait en conquête
politique et administrative par la colonisation. Ce fut le cas
des comptoirs de l'Inde aboutissant à l'occupation
et à la vice royauté la reine Victoria étant
proclamée impératrice des Indes (1877). De même,
France et Grande-Bretagne firent campagne en Chine
afin qu'elle s'ouvre à leur commerce jusqu'à ce
que l'éveil national des années 1910 se manifeste
par la révolution et l'établissement d'un régime
communiste. Aujourd'hui et surtout demain, l'inversion sera
patente, les peuples milliardaires en vies humaines, à
leur tour, saisis par la surproduction - et les bas prix - devraient
investir économiquement le reste du monde, Occident compris,
avant de lui imposer leur loi. Comme l'Occident lui imposa la
sienne.
Chronologiquement, la Chine précéderait
l'Inde dans cette forme de suprématie mondiale. Celle-ci
est caractérisée par les traits suivants :
Ces traits spécifiques placent
les pays anciennement industrialisés devant une alternative
: ou bien il s'en tiennent au libre échange intégral,
et ils devront voir s'étioler leur production dans la
mesure où ses coûts seront, comparativement, prohibitifs,
ou bien ils protègent leur production par un retour à
une politique semi protectionniste, ou tout au moins dite des
" quotas ", avec l'effondrement d'une Organisation
mondiale du commerce qui devait favoriser leurs entreprises et
qui, aujourd'hui, les condamne au dépérissement.
En imposant aux partenaires européens leur conception
de l'Organisation mondiale du commerce les Etats-Unis n'avaient
pas imaginé qu'à leur tour ils en seraient les
victimes, les produits " bon marché " se substituant
aux leurs, partout dans le monde, la " liberté des
échanges " le permettant. En revanche, pénalisés
par l'augmentation du coût des matières premières,
les pays du Tiers-monde se rattrapent sur les équipements
et les produits de consommation à bas prix fournis par
la Chine.
Mais que faire : aucun recours contre
la production de masse, à bas prix, de peuples s'adjugeant
le plus pacifiquement du monde la part du lion du marché
mondial. Lorsque les puissances anciennement industrialisées
leur disputent cette prééminence, c'est à
la guerre qu'elles ont recours. uvre de paix contre
manifestations guerrières, il n'est pas difficile de savoir
qui l'emportera.
En se tournant vers les techniques
de la communication les puissances anciennement industrialisées
avaient cru développer une nouvelle activité en
remplacement partiel de leurs industries lourdes respectives
que menaçait la concurrence exercée par des pays
industriellement émergents.
La Chine et l'Inde
ont pris les devants et accaparé le marché correspondant.
La puissante IBM américaine, comme Thomson
français, ont dû s'incliner, Thomson devenant minoritaire
dans une firme chinoise. L'affaire des textiles est significative
des carences de l'OMC et des méfaits de la Commission
de Bruxelles gouvernant l'Union au profit de la concurrence
étrangère. Mais ce ne sont là que les prémisses
de bien d'autres faillites.
Après les techniques de la
communication, l'électronique en général,
la prédominance chinoise s'affirmera aussi dans l'industrie
de la machine-outil, les constructions navales, le matériel
ferroviaire, l'automobile, l'aéronautique, le nucléaire,
l'espace, les anciens maîtres du monde scientifico-industriel
se limitant peu à peu à la distribution et aux
services avant de n'être plus que consommateurs. Renonçant
à produire, les ex puissances industrielles, ne seront
même plus en mesure de distribuer, les deux nouvelles superpuissances
s'en chargeant et ne laissant à l'Occident que
les services locaux, tourisme et restauration,
avec le statut de dépendance correspondant. Comme les
peuples qu'ils colonisèrent.
L'Extrême-Orient, enrichi,
viendra s'y reposer et s'y distraire.Visitant les ruines d'une
civilisation éteinte, bien en peine, faute de ressources
suffisantes, d'acquérir aux peuples producteurs les biens
d'équipement et de consommation courante dont-elle avait,
jadis, le monopole.
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