UNE SOLUTION POUR L'IRAN

juillet 2008

Au cours des derniers mois, nous avons rencontré plusieurs Iraniens. Certains sont réduits à l'exil. D'autres vivent en Iran. Tous ont en commun de détester le régime en place et de souhaiter le voir changer. Mais comment ?

Quand on interroge les uns et les autres sur la méthode pour y parvenir, tous manifestent leur hostilité à une intervention étrangère, en particulier américaine. Beaucoup se disent même prêts à prendre les armes contre l'envahisseur si un pays quelconque, y compris les États-Unis, avait recours à la force contre l'Iran.

D'un autre côté, de l'intérieur ou de l'extérieur, toutes les tentatives pour impulser une nouvelle ligne politique à Téhéran ont échoué.

 

La mise au pilori du régime des ayatollahs sous prétexte de " danger nucléaire " apparaît de circonstance, donc maladroite. Les honnêtes gens ne peuvent qu'en sourire quand ils voient Israël, puissance nucléaire inavouée, hurler à l'anathème contre son rival, parce qu'il le soupçonne de nourrir les mêmes intentions que lui. En outre, suivant la logique de guerre de l'État hébreu, l'Occident, attaquant l'Iran, se jetterait dans un piège plus redoutable encore que l'Irak.

Si, dans l'intérêt général, nous pouvons souhaiter l'instauration d'un régime plus raisonnable à Téhéran, on oublie un peu trop souvent, aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe, que le choix de leurs institutions doit revenir aux Iraniens.

Nous inscrivant dans la logique d'un ordre mondial juste, et non pas, comme en Irak, dans celle du diktat et de la force, en Iran, nous ne saurions donc agir qu'en soutenant les aspirations légitimes du peuple. Autrement dit, en défendant leur droit à un meilleur confort de vie, à la liberté d'expression et à la faculté, garantie pour tout Iranien, de vivre librement sur la terre de ses ancêtres.

Or, sur ce point, le régime des ayatollahs présente un défaut à la cuirasse. D'un côté, il s'affirme une démocratie, arguant que le Président et les députés sont élus au suffrage universel. Mais, de l'autre, il récuse les candidats qui lui déplaisent. Résultat, n'accède au Parlement qu'une majorité de radicaux, à laquelle s'ajoute une minorité de réformistes, tolérée pour préserver l'alibi démocratique du système.
A ce jeu, confisquant le pouvoir, les radicaux ont commis l'erreur de s'aliéner la plus grande partie de l'opinion, y compris nombre d'anciens partisans de la Révolution passés aujourd'hui à l'opposition.

Certes, entre les différents courants de cette dernière, il existe d'importantes divergences. Néanmoins, tous, avons- nous entendu, réclament des institutions réellement démocratiques.

Que cette aspiration, manifestée collectivement, soit de plus soutenue par l'Occident et nous verrons le régime de Téhéran pris dans ses contradictions. Il n'aura alors qu'une alternative :

- ou céder et accepter l'accès de tous aux candidatures parlementaires,
- ou continuer de s'y opposer et faire tomber la façade démocratique mise en place.

Si, comme nous le craignons, Khamenei et Ahmadinejad choisissent la deuxième voie, au peuple iranien alors de faire front avec le soutien de l'Occident.

Certes, la démarche n'est pas aisée car, passé l'échange des menaces, il ne restera que le recours aux sanctions économiques. On peut se demander quel accueil les Iraniens réserveront à ces dernières. Si les opinions de plusieurs personnes vivant en Iran n'ont pas valeur de statistiques, nous avons souvent entendu formuler le souhait d'un embargo. A condition, faut-il préciser, qu'il soit rapide et efficace. " Que l'on en finisse vite " ont laissé tomber plusieurs de nos interlocuteurs.

Or, en la matière, il n'existe qu'un seul embargo capable d'exercer une pression suffisante sur le régime en place : l'interruption de l'achat de pétrole et de gaz. Les hommes au pouvoir, brusquement privés des revenus indispensables à leur survie, se verraient alors acculés. Craignons-le, au point d'avoir recours à l'arme du faible au fort, le terrorisme.

Voilà pourquoi, pour nous, il est important d'aider à l'enclenchement du processus de démocratisation de l'Iran avant qu'il n'accède à la capacité nucléaire, fût-elle civile. Car, après, le potentiel de chantage du régime des ayatollahs sera tel que celui-ci deviendra intouchable.

L'observateur de la scène internationale ne manquera pas de remarquer la difficulté d'un blocus énergétique quand le prix du baril ne cesse de monter. Voilà pourquoi la participation des pays arabes à ce plan est indispensable. Ils devront, en effet, pendant le temps nécessaire, se substituer à l'Iran pour couvrir les besoins de la planète.

Or, ils ont une bonne raison pour accepter de participer à cette affaire : ils se savent, en Irak, dans le Golfe, au Liban et en Arabie Saoudite, les cibles de l'expansionnisme religieux et politique de l'Iran des ayatollahs.

Si le danger iranien ne se voyait pas réduit dans le respect de la volonté du peuple de ce pays, un jour le seul recours deviendrait la force. Non parce que les Iraniens le veulent mais en raison des excès d'un régime qui, de défis en provocations, les conduit à l'affrontement avec le reste du monde. Or, nous avons les raisons de craindre qu'un tel conflit ne soit le déclencheur d'une guerre généralisée au Moyen-Orient.

 

Alain Chevalérias

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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