CINQ BÂTONS DE DYNAMITE AU PRINTEMPS
CE QU'IL FAUT EN PENSER A CHAUD...

16 décembre 2008

Nous savons qu'aujourd'hui 16 décembre 2008, cinq bâtons de dynamite ont été découverts dans des toilettes du magasin Printemps-Haussmann à Paris. Ils étaient vieux et ne portaient pas de dispositif de mise à feu. Les opérateurs n'avaient donc pas l'intention de tuer. Un appel téléphonique et une lettre de revendication, cette dernière adressée à l'AFP, ont permis de découvrir la dynamite. Un pseudo " Front révolutionnaire afghan " revendiquait l'opération. Le texte était rédigé en bon français et révélait une connaissance normale de nos us et coutumes.

On peut dresser un profil des auteurs de cette farce de mauvais goût.

1/ Ils sont Français ou vivent en France depuis longtemps.

2/ Ils disposent d'un accès à des explosifs du type de ceux utilisés dans les carrières.

3/ Ils sont opposés à la présence militaire française en Afghanistan.

4/ N'ayant pas utilisé une phraséologie de coloration musulmane, pour rédiger le communiqué, et se donnant un nom de circonstance, " Front révolutionnaire afghan ", ils montrent leur volonté de marquer leur désaccord avec la présence française en Afghanistan sans chercher à se faire passer pour des Afghans. Ils confirment ainsi leur ancrage en France.

En voyant large et dans le souci d'envisager toutes les possibilités, nous en concluons que le ou les auteurs de ce canular pourraient appartenir à trois catégories de la société française :

1/ Des militaires en désaccord avec la politique pratiquée par notre gouvernement en Afghanistan. Cependant, l'usage de dynamite ne correspond ni aux habitudes des militaires, ni au type d'explosif qu'ils peuvent se procurer auprès de leurs réseaux relationnels, ni à leurs comportements actuels.

2/ Des militants radicaux d'extrême droite. Là encore, si on ne peut évacuer a priori l'hypothèse, la manière dont ils sont pénétrés par la police et absents de l'actualité terroriste depuis des années donnent à penser qu'il ne s'agit pas d'eux.

3/ Des militants radicaux d'extrême gauche. Le choix de l'explosif oriente de leur côté, en raison des quantités importantes de dynamite dérobées par le FLB (Front de libération de la Bretagne) ou l'ETA et des liens de cette mouvance avec ces organisations terroristes régionales. Enfin, la mise en scène consistant à évoquer la violence terroriste mais sans provoquer de morts, correspond à l'approche actuelle de l'extrême gauche. Pratiquant ainsi, ils veulent gagner l'opinion publique à leur idéologie tout en montrant leur force. Plus subtilement, en mettant les rieurs de leur côté.

En conclusion si, par principe, on ne peut évacuer l'hypothèse d'une action entreprise par des militaires ou des radicaux d'extrême droite, nos soupçons se portent plus sur des radicaux d'extrême gauche. En tout cas, nous croyons improbable que des réseaux islamistes, dits djihadistes, soient mêlés à cette affaire.

Dernier point, compte tenu de l'importance des débats déclenchés par cette affaire dans les médias, on voit que les auteurs de l'opération ont réussi : on parle de la présence française en Afghanistan.


Alain Chevalérias

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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