Merah : la DCRI a-telle commis une faute ?

juillet 2012

Quelques journalistes ont émis des propos critiques en ce qui concerne la gestion du dossier Merah par la DCRI.

Les enregistrements d’échanges entre le terroriste et un officier du service, il est vrai, peuvent susciter quelques interrogations.
Il faut savoir Al-Qaïda recrutant des éléments musulmans vivant dans nos pays pour effectuer des attaques en Europe. La DCRI ne l’ignore pas mais, pour agir, doit respecter les lois.

C’est dans ce cadre qu’il convient de replacer le cas Merah.
Ses voyages orientaux, plus particulièrement au Pakistan, ayant attiré l’attention, un officier avait été chargé de l’évaluer. Pour ce faire, l’homme de la DCRI n’avait pas d’autres moyens que de jouer l’empathie.

De plus, il pouvait avoir deux autres objectifs l’obligeant à rester sur ce registre : recueillir des renseignements et, plus tard, éventuellement, utiliser Merah pour infiltrer les réseaux djihadistes.
Facile, après coup, de faire porter le chapeau des tragédies de
Montauban et de Toulouse à la DCRI et à l’officier en question.

Pour s’assurer de la non dangerosité du sujet, il aurait fallu procéder à des écoutes téléphoniques et à des filatures. Les premières ne sont accordées par les magistrats qu’au compte gouttes et écoutes, comme filatures, supposent des moyens en personnel qualifié dont manquent les services.

À cela s’ajoute la nécessité de bien connaître la psychologie djihadiste. Il ne suffit pas d’être musulman, comme « Hassan », qui « traitait » Merah.

Idéalement, il faudrait avoir vécu en milieu radical islamiste. La difficulté peut être contournée en permettant à certains officiers de s’imprégner de l’expérience d’anciens djihadistes, retournés ou retenus en détention.

En clair, pour neutraliser des Merah en puissance, il conviendrait de se donner les moyens. En fin de compte, comprend-on, c’est aux dispensateurs de ces moyens, les milieux politiques, lésineurs quand il ne le faut pas, qu’incomberait la responsabilité des meurtres commis par Merah.

Alain Chevalérias

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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