Hollande et Fabius en voie de disqualification au nord du Mali

novembre 2012

Le 23 octobre, trois députés européens avaient invité des représentants du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) à tenir une conférence de presse au Parlement de Strasbourg. Le consulat de France à Ouagadougou a refusé de délivrer les visas nécessaires. Bilal Ag Cherif et Mahamadou Djeri Maiga, respectivement secrétaire général et vice-président du MNLA, n’ont pas pu quitter le Burkina Faso où ils sont réfugiés. N’ont pu se rendre à Strasbourg que Hama Ag Mahmoud et Moussa Ag Assarid, le responsable des relations extérieures et celui de la communication du MNLA.

Les députés à l’origine de l’invitation appartiennent au Parti vert européen. Paradoxe, en France, les Verts sont les alliés des socialistes et siègent au gouvernement. Pour le moins, on mesure-là la profondeur des divergences au sein de la majorité.

Les Verts, pourtant, une fois n’est pas coutume, pourraient bien avoir raison. Le MNLA certes est un mouvement régionaliste qui a décrété l’indépendance de sa zone, l’Azawad ou nord du Mali (1). Ni en Afrique, ni en Occident on aime ces tendances au séparatisme génératrices de nouveaux conflits. On préfère le statu quo des frontières héritées de la colonisation.

Dans le cas du nord du Mali, cependant, au soulèvement du MNLA s’est ajouté un autre problème : s’inspirant d’Al-Qaïda, une alliance d’islamistes, qui a bâti sa fortune en faisant le commerce d’otages, s’est emparé de la région par la force des armes. Résultat, le MNLA s’est vu chassé de la plupart des villes.

Or, le différend entre lui et les islamistes est aussi idéologique, car il s’oppose à la confusion des domaines religieux et politiques, défendant l’instauration d’une gouvernance laïque. Le gouvernement d’Hollande a bien fait en soutenant la volonté de la CEDEAO (2) à ramener la sécurité dans le nord du Mali. Néanmoins, à la guerre, il ne peut y avoir que deux camps.

Aujourd’hui, les troupes du MNLA campent dans la brousse. Lançant une opération dans le nord du Mali sans avoir négocié avec le MNLA, les troupes de la CEDEAO, avec le soutien logistique de la France, risquent de se faire un ennemi inutile. Comme le MNLA y aspire, il conviendrait d’intégrer ce mouvement dans l’offensive contre les islamistes afin de nettoyer la région des trafiquants de drogue et des preneurs d’otages.

Pour le reste, il faudrait négocier avec ce parti régionaliste une autonomie raisonnable permettant de préserver l’intégrité du Mali. Le MNLA y est prêt.

Le gouvernement d’Hollande en le boudant prépare une situation intenable : un échec militaire auquel la France sera mêlée, l’accroissement de l’insécurité dans le nord du Mali, par contagion dans toute la région sahélienne, et en prime un conflit ethnique. La situation est complexe mais sa résolution à la portée de la France.

Notes

(1) Le MNLA a lancé sa rébellion le 17 janvier 2012.
(2) La CEDEAO, ou Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest, rassemble la plupart des anciennes colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest auxquelles il faut ajouter quelques pays anglophones et lusophones. La CEDEAO a reçu un appui du Conseil de sécurité des Nations Unies par la résolution 2071 du 16 octobre dernier

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