Les services allemands, pris au Kosovo dans une affaire à la rwandaise

février 2009

Le 19 novembre 2008, à Pristina, au Kosovo, un attentat éclatait, visant les locaux de l’ « International Civilian Office », le siège du Haut représentant de l’Union européenne dans le pays.

L’explosion ne faisait pas de victime mais soufflait les vitres du bâtiment. Quelques heures après la déflagration, la police du Kosovo arrêtait trois Allemands. Elle les accusait d’appartenir aux services de leur pays et d’avoir exécuté l’attaque. De fait, les trois hommes travaillent pour le BND.

Plus grave, la police du Kosovo affirme posséder une vidéo prouvant leur culpabilité. Après transmission du dossier à la Justice des Nations Unies, les Allemands étaient cependant remis à leur pays le 29 novembre sans que les autorités du Kosovo n’aient pu fournir les preuves promises. On s’en doutait un peu.

Avec les États-Unis, l’Allemagne est le pays qui a le plus travaillé à la création de l’État du Kosovo, depuis le début de l’insurrection, en 1998. Une question se pose donc : pourquoi cette accusation portée contre les alliés allemands du régime en place ? On sait Hashim Thaci, l’actuel Premier ministre et ancien chef de la guérilla, l’UCK, très compromis dans divers trafics.

Or, en 2005, le BND allemand a laissé filtrer dans la presse un rapport dans lequel il disait à propos du Kosovo : « Par l’entremise de décideurs du plus haut niveau, il existe une relation de proximité entre la politique, l’économie et les organisations criminelles travaillant au niveau international. Ces réseaux mafieux s’activent secrètement et favorisent l’instabilité du pays. Ils n’ont pas intérêt à voir émerger un ordre étatique stable car il pourrait gêner le fonctionnement de leurs affaires » (1).

Plus grave, ce rapport considérait Hashim Thaci « commanditaire du tueur à gage Afrimi, auquel on attribue une dizaine de meurtres ». On se trouve dans un scénario à la rwandaise. Pour décourager les autorités allemandes de poursuivre leurs recherches et surtout leurs dénonciations, Hashim Thaci a fabriqué une accusation contre les trois officiers de renseignement. On a affaire à un vulgaire chantage, comme celui que le Président Kagamé du Rwanda inflige à notre pays (2).

Si cela pouvait servir de leçon à nos gouvernements : on n’intronise pas des voyous chefs d’États sans en subir un jour les conséquences. Quand ils sont au pouvoir, il est alors difficile de faire machine arrière.

 

Notes

(1) D’après la publication suisse « Die Weltwoche », dans l’article « Rechtsstaat ? Lieber nicht », de Jürgen Roth.
(2) Voir l’article « Rwanda : l’armée française trahie ». Le juge Bruguière a émis un rapport et des poursuites contre neuf personnes proches de Kagamé, coupables avec lui d’avoir planifié ou exécuté l’assassinat de l’ancien Président du Rwanda. En guise de réponse, Kagamé a fait réalisé un contre rapport pour accuser plusieurs officiers français et hommes politiques de notre pays de complicité dans le génocide perpétré en 1994 ou d’atrocités commises sur le terrain.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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