ARABIE SAOUDITE
RETOUR DE FLAMME

août 2004

 

 ARABIE SAOUDITE

RETOUR DE FLAMME

 

 

Tout commença au XVIIIème siècle, avec Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab. Animé d’un zèle religieux extrême, ce prêcheur préconisait le "jihad" contre les musulmans dont l’interprétation du Coran divergeait de la sienne. A ce titre, il noua une alliance avec l’émir Muhammad Ibn Saoud, un chef de tribu. On appela leurs partisans les Wahhabites.

Débuta alors une campagne de conquête au nom de la religion et, en 1803, la tribu s’empara de La Mecque, premier lieu saint de l’islam. Mais, en 1818, Ibrahim Pacha, fils du roi d’Égypte, les en chassa. En 1901, jeune émir de la tribu, Abdelaziz Al-Saoud levait à nouveau le sabre. A la tête d’une quarantaine de compagnons, il tua le gouverneur et reprit sa capitale, Riyad, puis il entreprit la reconquête du pays. En 1924, son action était couronnée par la reprise de La Mecque.

La justification religieuse servant déjà d’excuse, des tribus lançaient des raids contre l’Irak. Devenu roi, Abdelaziz savait cependant faire la part du politique. En 1929, il interdit les attaques contre ses voisins. Un incident révèle sa capacité à maîtriser l’excès de religion. Dans La Mecque soumise, une sonnerie de trompette provoqua l’émeute des guerriers Wahhabites opposés, par principe, à toute musique. Futur roi, le jeune prince Fayçal intervint sur l’ordre de son père, prévenant ainsi un massacre et permettant l’acceptation définitive de la musique dans les mœurs saoudiennes.

Comme toute idéologie puritaine, avec le temps, on aurait pu voir le wahhabisme évoluer et quitter le rigorisme de sa genèse. Mais, considéré par certains comme une bénédiction, un malheur allait frapper le royaume: la découverte en 1938 de pétrole à Dhahran. Avec l’or noir, la corruption gagnait le pays. L’élite, les princes, se laissait gagner par le goût des plaisirs interdits.

Résultat, le royaume se mit à fonctionner sur une base schizophrénique. D’un côté, la légitimité du pouvoir reposant sur son interprétation puritaine, la religion se renforça jusqu’à la caricature. De l’autre, à condition d’user de discrétion, surtout à l’étranger, les princes pouvaient se livrer sans limite à la débauche.

Jusqu’à la première guerre contre l’Irak, l’Arabie parvint à maîtriser ses contradictions. Pour calmer les intégristes, elle arrosait de ses prébendes tous les mouvements islamistes du monde musulman, cherchant même à les rassembler sous son aile en les achetant. De manière étrange, on assistait alors à la surenchère islamiste d’un pouvoir qui, ainsi, prononçait sa condamnation.

Puis, tout éclata. En 1990, les Irakiens envahissaient le Koweït. Les Saoudiens se sentirent menacés. De retour d’Afghanistan, où il avait fait le jihad contre les Soviétiques, Oussama Ben Laden, appartenait à cette frange islamiste fascinée par la pureté extrême. Il offrit d’arrêter les forces de Saddam Hussein avec quelques centaines d’Arabes ramenés avec lui. A cette maigre harka, les Saoud préférèrent la puissance de l’Amérique. Ben Laden en fut blessé, sa haine contre l’Amérique et le régime saoudien dopée et son divorce avec ce dernier prononcé. Sur bientôt quinze ans, la révolte du jeune Saoudien devait le mener au 11 septembre 2001, aujourd’hui, par la main de ses imitateurs, au meurtre de Paul Marshall Johnson.

Car si Ben Laden est loin de décider de toutes les actions commises, d’Orient en Occident, il n’en reste pas moins leur inspirateur. Répondant à son appel au jihad, des groupuscules surgissent partout. Paradoxe, en Arabie, leur idéologie s’inspire de celle du royaume qu’ils attaquent.

Faute de réduire la schizophrénie dont ils étaient victimes, les Saoudiens se sont placés dans une impasse. Aujourd’hui, ils n’ont pas d’autres solutions que de réformer leur islam pour le mettre en harmonie avec les nouvelles réalités du monde. Le pourront-ils?

 

 

Abdelaziz Al-aoud
Abdelaziz Al-Saoud

 

 

 

 

en vert, gisements de brut
en vert, gisements de brut

 

 

 

Oussama Ben Laden
 Oussama Ben Laden

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
Lire aussi: Les pays du Golfe sont nos alliés

 

Retour Accueil
Retour Menu