Un esclave est un être humain réduit à l’état de bien, comme l’est un animal. Il peut être vendu et acheté.

Dans l’histoire de l’humanité, l’esclavage apparaît massivement avec l’agriculture en raison de la rencontre de nombreux facteurs dont, pour les plus importants, le besoin de bras et la sédentarisation qui facilite le parcage des captifs comme on le fait avec le bétail.

Dans l’antiquité, toutes les sociétés sédentaires organisées recourent à l’esclavage : Sumer en Mésopotamie, l’Égypte pharaonique, les Perses, Rome et les Grecs eux-mêmes etc... Les lois hébraïques elles aussi évoquent la condition des hommes et des femmes réduits à l’esclavage. Chez les Hébreux, on pouvait même se vendre comme esclave pour payer une dette.

Le christianisme va changer au moins partiellement les apparences. La Papauté n’interdit pas expressément l’esclavage mais ses recommandations vont dans le sens de son abandon. Il n’en perdurera pas moins, surtout dans le haut Moyen-Âge et à l’est de l’Europe où les Slaves, capturés par les chevaliers germaniques, vont même constituer l’origine du mot esclave.
Sur notre territoire, pour la période féodale, il convient de rappeler le destin du serf, transformation du mot latin « servus » signifiant esclave, qui endure un sort proche de l’esclavage. En effet, attaché à la terre qu’il cultive, il change de propriétaire avec elle.

La situation est pire dans le reste du monde. L’islam tend lui aussi à décourager l’esclavage, mais il n’est quasiment pas suivi. Les marchands arabes vont même l’élever au rang d’industrie. En particulier en Afrique où, du nord et de l’est, ils lancent des raids contre les populations noires. Encore aujourd’hui, les ethnies islamisées de race blanche, comme les Touaregs et les Mauritaniens, continuent de posséder des esclaves.

Deux épisodes particulièrement sinistres de l’esclavage pratiqué par les mahométans remontent à la période ottomane. L’un concerne les janissaires, corps d’élite de l’armée impériale. Recrutés de force à l’âge de 14 ans dans les villages chrétiens, ils étaient convertis à l’islam et n’avaient ni le droit de revoir leur famille, ni celui de se marier. Ils étaient la propriété du sultan.

L’autre est l’aventure des Barbaresques. Commencée avec les premières conquêtes musulmanes en Méditerranée*, la piraterie contre les territoires et les bateaux chrétiens est institutionnalisée par les Ottomans qui délivrent des permis allant dans ce sens en particulier à Alger. Les voyageurs et les marins capturés sont ensuite revendus aux plus offrants, quand les familles ou l’Église ne parviennent pas à recueillir des sommes suffisantes pour les racheter. Nous l’avons un peu perdu de vue, mais ce commerce cynique a été l’une des causes de la conquête de l’Algérie.

Chez nous Européens, la conquête des Amériques, à partir du XVe siècle, allait nous offrir une triste occasion de nous illustrer. Les Indiens résistant au servage, nous décidons d’importer des esclaves noirs d’Afrique. Le commerce triangulaire naît. Nos bateaux partent d’Europe avec de la bimbeloterie fabriquée dans nos ateliers. Nous donnons ces produits contre des captifs de guerre aux tribus africaines de la côte. Preuve que nos partenaires dans ce business n’avaient pas plus de hauteur morale que nous. Même si eux, au moins, ne professaient pas de prétention à la supériorité en ce domaine.

Embarqués comme du bétail à fond de cale, les captifs se retrouveraient un jour esclave dans les plantations d’Amérique.

Dans cette affaire, nous sommes humainement forcé de tenir compte de cette mémoire quand elle concerne des millions d’êtres humains. En revanche, nous n’avons pas à accepter l’humiliation de ces crimes, parce que nous n’en sommes pas responsables et que nombre de nos ancêtres ont eux aussi souffert de la réduction à l’état d’esclave. En bref, parce que l’esclavage n’a pas de race.

Jean Isnard